Ratko Mladic : retour sur une arrestation tardive<!-- --> | Atlantico.fr
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Ratko Mladic, chef de guerre en 1995, prisonnier en 2011.
Ratko Mladic, chef de guerre en 1995, prisonnier en 2011.
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Wanted

Après avoir vécu au vu et au su de tous, le général serbe a finalement été lâché par ses plus fidèles soutiens.

Né  12 mars1942 dans la municipalité de Kalinovik (Bosnie-Herzégovine), le général serbe Ratko Mladic, 69 ans, chef militaire des Serbes de Bosnie a été arrêté, jeudi en Bosnie, sans doute lâché après de longues années de protection. Il était "après Oussama Ben Laden, le fugitif le plus recherché au monde. Quinze ans après les accords de paix qui ont mis fin à la guerre en Bosnie, l’ex-général serbe bosniaque Ratko Mladic, l’homme qui a assiégé Sarajevo pendant trois ans et demi et fait massacrer des milliers d’hommes à Srebrenica" comme l'écrivait Libération en juillet 2010.

Mladic a été arrêté dans le village de Lazare à Zenjanin, dans la maison de son cousin Brandon Mladic raconte le quotidien serbe Politika en montrant une photo du général en 1995, et une autre prise au moment de l'arrestation jeudi 26 mai 2011.

Recherché mais pas très activement, si l'on en croit cette vidéo diffusée dans l'émission 60 Minuta de la télévision bosniaque où on le voit danser dans une fête de famille, ou avec sa petite-fille sur ses genoux.  

Recherché mais pas très activement comme l'expliquait un article de l'Express en novembre 2009 : "Lui qui aurait, au moins jusqu'en 2002, bénéficié de la protection de 50 hommes. Qui a longtemps vécu tranquille à Belgrade, allant aux matchs de foot, percevant sa retraite de l'armée...  En octobre 2002, alors que Carla Del Ponte, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, parle de lui à Belgrade, il dîne à 500 mètres de là. "Quand, au début de 2006, elle parvient à reconstituer ses allées et venues en Serbie, elle découvre avec stupeur qu'elle a été bernée par tout le monde", Serbes et Occidentaux, a témoigné son ex-porte-parole, Florence Hartmann. En mars 2006, le Premier ministre serbe, Kostunica, confesse à Del Ponte que Mladic est en Serbie... "

Une fiche du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) décrit sa carrière militaire avec précision "En juin 1991, Ratko Mladić a été affecté à Knin en tant que commandant du 9ème corps de l’Armée populaire yougoslave (JNA). Promu général de brigade le 4 octobre 1991, il a été élevé au rang de général de division le 24 avril 1992. Nommé chef d’état major/commandant adjoint du quartier général du deuxième district militaire de la JNA à Sarajevo le 9 mai 1992, il a pris son commandement le 10 mai 1992. Nommé chef de l’état major principal de la VRS le 12 mai 1992, fonction qu’il a occupée jusqu’au 22 décembre 1996 au moins, il a été promu général de corps d’armée le 24 juin 1994."

Selon l'acte d'accusation du Tribunal Pénal International basé à la Haye, "Ratko Mladić aurait participé à une entreprise criminelle commune en Bosnie-Herzégovine dont l’objectif était d’éliminer ou de contraindre les Musulmans de Bosnie, les Croates de Bosnie ou les autres non-Serbes à quitter définitivement de vastes portions du territoire de la Bosnie-Herzégovine."

Entre autres, Mladic est accusé de "génocide et de complicité de génocide" : "Agissant seul ou de concert avec d’autres participants à une entreprise criminelle commune, Ratko Mladić a planifié, incité à commettre, ordonné, commis ou de toute autre manière aidé et encouragé à planifier, préparer ou exécuter la destruction partielle et délibérée du groupe national, ethnique, racial ou religieux des Musulmans de Bosnie, comme tel, dans les municipalités de Ključ, Kotor Varoš, Prijedor,Sanski Most et Srebrenica." ajoute la fiche du TPI.

"Le général Ratko Mladic fut le chef de l’armée serbe durant toute la guerre en Bosnie-Herzégovine (avril 1992 – décembre 1995). Il prenait ses ordres à Belgrade, auprès du président Slobodan Milosevic. Il opérait en tandem avec le chef politique bosno-serbe Radovan Karadzic. Les carnets de guerre de Ratko Mladic ont été retrouvés par la police serbe au cours de deux perquisitions, en décembre 2008 et en février 2010, au domicile de son épouse, Bosiljka Mladic. Ils étaient cachés dans un grenier du 117, rue Blagoje-Parovic, à Belgrade, derrière une garde-robe." rappelle Marc Leprêtre, un chercheur basé en Espagne.

En octobre 2010, le Monde parlait de ce journal de bord  " 4 000 pages de notes qui constituent un document exceptionnel sur la guerre de Bosnie.   C'est le carnet de notes d'un chef militaire, et un document unique sur la guerre en ex-Yougoslavie : le général serbe y détaille ses réunions d'état-major, ses rendez-vous politiques et diplomatiques, ses achats d'armes. L'homme du siège de Sarajevo et de la tuerie de Srebrenica, s'il livre peu ses impressions personnelles, retranscrit ce que ses interlocuteurs lui racontent. C'est le conflit vu du côté serbe."

Mais Lepretre constate "Les carnets du général Mladic ne lèvent pas le voile sur la pire tuerie de la guerre de Bosnie. A cette étape des carnets, un nombre inconnu de pages ont été déchirées. Les seules pages qui subsistent indiquent que des diplomates étrangers s’enquièrent auprès du général de “rumeurs sur des atrocités, de massacres et de viols”. Selon Ratko Mladic, la tuerie de Srebrenica provoque la colère de Slobodan Milosevic."

Reste à savoir si Mladic est en état d'être jugé et de participer à son procès. L'agence Reuters cite son filsIl nous a reconnus, il comprend qu'il est en détention», a cependant ajouté Darko Mladic, précisant que c'était la première fois depuis plusieurs années qu'il voyait son père. Selon des responsables serbes, l'ancien dirigeant bosno-serbe souffre d'hypertension, de problèmes cardiaques et d'un calcul rénal. Il aurait été victime de deux attaques cérébrales."

Même si la communauté internationale se réjouit de cette (tardive) arrestation, Reuters signale que cette arrestation ne fait pas l'unanimité en Serbie : «Cette arrestation honteuse d'un général serbe est un coup porté à nos intérêts nationaux et à l'Etat. C'est un régime de menteurs sales, corrompus et infidèles, un régime opéré par la police secrète», a dénoncé Boris Aleksic, porte-parole du Parti radical serbe."

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