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Quand Jean-Christophe Cambadélis charge ses anciens camarades dans un livre
©Reuters

Les points sur les "i"

Dans un essai "Chronique d'une débâcle", l'ex-premier secrétaire du Parti socialiste rhabille François Hollande, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Emmanuel Macron.

Après le désastre aux législatives, Jean-Christophe Cambadélis a décidé de régler ses comptes avec les ténors du Parti socialiste - Benoît Hamon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et surtout François Hollande - dans un essai intitulé "Chronique d'une débâcle", publié aux éditions L'Archipel. Challenges a repéré quelques passages croustillants de cet ouvrage qui paraîtra mercredi dans les librairies.

François Hollande "impuissant", "balloté par les événements" et "incapable de dire non"

L'ancien premier secrétaire du PS n'hésite pas à dézinguer l'ex-chef de l'Etat qu'il décrit comme président "impuissant", "balloté par les événements" et "incapable de dire non". "Le soir de sa victoire, place de la Bastille, déjà, il est sommé par sa compagne Valérie Trierweiler de l’embrasser en public", se souvient Jean-Christophe Cambadélis, estimant que cette scène "révèle à la France entière la manière dont il la présidera : on pourra tout lui demander, même le plus grotesque, il y répondra". "Il ne sera pas l’homme qui dit non. Il fera au mieux".

Quant au quinquennat qu'il juge "terriblement illisible", Jean-Christophe Cambadélis note qu'il y a eu plus d'échecs que de "réussites", jusqu’à la décision finale de François Hollande de ne pas se représenter. "Je ne sais pas pourquoi, sur l’instant, j’ai pensé à Joseph Ratzinger, Benoît XVI", glisse l’ancien patron du PS. Il se remémore également la première prise de parole de François Hollande après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York et se souvient de l'impréparation du président du Conseil départemental de Corrèze : "devant tant de regards qui sont autant de demandes, il hésite, recule sur son siège et, d’une intervention courte – alors qu’il a pour habitude de faire long –, pointe uniquement le nécessaire respect du calendrier". "Une sortie désincarnée, sans compassion aucune, au ton neutre pour ne pas dire froid. On le sent : il n’est pas prêt. Lui qui se voyait volontiers Premier ministre de DSK, le voici en première ligne. (…) Il se dérobe à la fonction à laquelle il est désormais censé aspirer. Il ne se résignera à enfiler le costume qu’en le retaillant à sa mesure, ou à ce qu’il était capable à ce moment- là d’assumer: "l’homme normal'", écrit Jean-Christophe Cambadélis.

Arnaud Montebourg, "il ne pense pas, il plaide"

L'ancien locataire de Solférino dresse aussi le portrait d'Arnaud Montebourg : Il "est un homme de cause. Son style, c’est la plaidoirie. Il ne pense pas, il plaide. Il ne discute pas, il plaide. Il ne débat pas, il plaide... sans cesse. Il lui arrive d’ailleurs assez souvent de plaider en dépit du bon sens et de faire de mauvais procès".

Puis il s'attaque à Manuel Valls qui le 19 avril 2017 a appelé à voter Emmanuel Macron, en poignardant ainsi le candidat socialiste Benoît Hamon. Même si Jean-Christophe Cambadélis déclare que "sans être grand clerc, on pouvait penser que Benoît Hamon ne gagnerait pas la présidentielle", il estime que l'attitude de Manuel Valls "équivaut pour le coup à un hara-kiri". "Qu’il soit en désaccord avec l’orientation de Benoît Hamon, que cette gauche lui semble incapable d’être à la hauteur du temps présent, on l’avait compris. Mais, il suffisait d’attendre", écrit-il, avant de fustiger son ex-collègue. "Non seulement Manuel Valls n’attendit pas, provoquant l’éparpillement de ses propres amis, mais il s’engagea avec Emmanuel Macron dans une stratégie digne du 'génie des Carpettes' (…) dans le seul but de ne pas avoir de candidat EM face à lui à Évry... (…) Il s’acharna à vouloir entrer par effraction dans le macronisme, acceptant l’humiliation de l’apparentement".

Le jour où François Hollande a appris la candidature de Macron à la présidentielle

Jean-Christophe Cambadélis ne se montre pas plus enthousiaste face à l'élection d'Emmanuel Macron, " l'homme qui vient de la gauche et qui convient à la droite ". Il explique avoir averti à plusieurs reprises François Hollande au sujet de son ministre de l'Economie. Hélas, le chef de l'Etat se montrait à chaque fois confiant : "Je l’aime beaucoup. Il a un esprit juvénile, inventif, et il est tout à fait loyal". Cambadélis n'était pas du même avis, il disait au président de la République : "Il est quand même bizarre, ton gars. Je ne suis pas certain qu’il ait en tête notre maintien au pouvoir. Il se voit jouer un rôle plus autonome". In fine, les deux hommes ont découvert ensemble les intentions de celui qui allait devenir le nouveau président.

"Nous dînons dans les appartements privés du président, dont la salle à manger n’est pas équipée d’une télévision permettant de voir Emmanuel Macron poser les jalons de sa future candidature. Les agents de l’Élysée s’activent pour dresser un immense écran qui ne fonctionne pas bien. Il s’éteint puis redémarre, avec un Macron couleur pastel puis virant au rouge... pendant que Didier Guilaume, président du groupe socialiste au Sénat, mime l’orateur, reproduisant ses propos, étant donné que nous n’avons plus de son", se souvient l'ex-patron du PS, avant de décrire ce que François Hollande avait ressenti.  "Le président rit jaune. Il s’énerve même, fait rarissime. Les huissiers se dépêchent, changent la télévision de place. Emmanuel Macron vire au vert pâle et sa voix tourne au ralenti. La tablée est prise d’un fou rire. Stéphane Le Foll rappelle qu’il l’avait bien dit. Le président est au paroxysme de l’agacement en éteignant le téléviseur. Tout le monde comprend qu’Emmanuel Macron ne reviendra pas, ne se retirera pas, ne se rabattra pas".

Emmanuel Macron : "J’attaquerai tout cela au pic à glace"

Jean-Christophe Cambadélis explique alors qu'il avait tenté de désamorcer la candidature de l’ancien banquier en lui proposant de prendre la tête… du parti Radical. "Je lui suggérai de prendre le plus vieux parti de France et de le transformer... radicalement". Une proposition qui n'a pas séduit Emmanuel Macron… En effet, comme le raconte Jean-Christophe Cambadélis, le jeune homme avait  d’autres ambitions. "Stéphane Le Foll me conta cette anecdote qui éclaire le personnage. La veille de la nomination du gouvernement Valls I, le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement attend dans l’antichambre. Emmanuel Macron sort du bureau de Manuel Valls, embrasse Le Foll et lui glisse, amer : 'Je m’en vais, mais je reviendrai. J’attaquerai tout cela au pic à glace'". "Il était fâché de n’avoir pu être nommé ministre", conclut Cambadélis.

Lu sur Challenges

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