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Nicolas Sarkozy sur écoute : ce que Christiane Taubira a prétendu, ce qu'elle savait vraiment et les réactions des politiques
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Mise au point

La droite et le centre appellent à la démission de la Garde des Sceaux pendant que la gauche tente désespérément de rappeler que le "scandale" ne concernait, à l'origine, que Nicolas Sarkozy.

L'affaire de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy et de son avocat Me Thierry Herzog par la justice revient comme un boomerang sur l'exécutif socialiste, empêtré dans les explications sur ce que savaient vraiment les autorités sur ce dossier gênant. La ministre de la Justice Christiane Taubira est en ligne de mire. Après avoir assuré qu’elle n’était au courant de rien sur le plateau de TF1 ce lundi soir. Elle a ensuite réitéré sur sur France Info le lendemain, avant d’être contredite par Jean-Marc Ayrault ce mardi. Ce dernier a expliqué que la Chancellerie était informée de ces écoutes depuis le 26 février, lors de l’ouverture judiciaire visant l’ex-président.

Ce mercredi, lors de la conférence de presse post-conseil des ministres, la garde des Sceaux a dénoncé un "malentendu", et a assuré que "Non, je n'ai pas d'informations concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires". Pour preuve de sa bonne foi, elle a brandi deux feuilles de papier devant les caméras.  Selon Le Monde, l'une des deux feuilles vient d’Eliane Houlette et est adressée au procureur général de Paris. L’autre document émane d’un représentant du procureur général de Paris et est adressé à Christiane Taubira. D’après la retranscription de ces documents publiée par le quotidien ce mercredi soir, la ministre de la Justice était tenue "régulièrement" au courant des évolutions de l'enquête liée au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 : "Le juge d'instruction saisi du dossier dit 'des financements libyens' de la campagne présidentielle de 2007 (dont il vous est régulièrement rendu compte sous la référence AS/13/2352/FIN) a en effet par ordonnance du 17 janvier 2014 transmis au procureur de la République financier des procès-verbaux transcrivant des écoutes téléphoniques [...]."

Ainsi, Christiane Taubira est-elle accusée de mensonges et la gauche de se retrouver dans une tourmente qui ne bousculait au départ que le seul Nicolas Sarkozy. Dans son éditorial de ce jeudi, Le Monde a salué la "performance" de "'l'équipe Sarkozy', qui a réussi à inverser la charge des soupçons et à faire oublier, pour l'heure, ceux qui pesaient pour elle". En effet, la droite et le centre crient au scandale et font pression sur le gouvernement.

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Interrogée ce matin sur RTL, Jean-François Copé a demandé la démission de Christiane Taubira : "Elle a menti une seconde fois et je dis trop c'est trop. Elle ne peut plus exercer ses fonctions correctement. Je pose la question au président : jusqu'à quand cela peut continuer ? À partir de combien de mensonges doit-on considérer qu'elle ne peut plus continuer à assurer sereinement ses fonctions?", s’est insurgé le patron de l’UMP. Quant à Alain Juppé, il a estimé ce mercredi soir à Toulouse que si Christiane Taubira a menti "cela pose problème". Il également considéré que les écoutes de Nicolas Sarkozy révélaient une machine gouvernementale "complètement détraquée". Mais il n'a pas appelé ouvertement à la démission de la garde de Sceaux. "Quand vous voyez que le ministre de la Justice est démenti par le Premier ministre du jour au lendemain et que donc apparemment il n'a pas dit la vérité cela crée un climat tout à fait détestable", a estimé Alain Juppé. Au centre, François Sauvadet, vice-président du groupe UDI à l'Assemblée a parlé d'un "scandale d'État qui affaiblit l'ensemble de notre système démocratique". Il a lui aussi réclamé la démission "immédiate" de Madame Taubira et des "explications claires du président de la République".

La gauche, elle, essaye de défendre sa ministre de la Justice tant bien que mal et détourner l'attention sur la droite. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a, par exemple, dénoncé "une opération d'enfumage de professionnels de la désinformation qui, parce qu'ils ont des choses à se reprocher, pensent que ce sont les autres qui en sont coupables." Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, a quant à lui, défendu le gouvernement  et Christiane Taubira sur RMC ce jeudi matin. "Il n'y a pas de mensonges des ministres. Il y a eu des maladresses mais rien ne doit faire oublier le fond de l'affaire, c'est à dire des faits commis par Nicolas Sarkozy. La gauche doit laisser la justice travailler en toute indépendance, comme elle le fait. Christiane Taubira n'a rien demandé sur le fond de l'affaire. Elle a considéré que dire qu'elle avait eu cette note, aurait été appréciée comme une demande sa part. Je me mets à la place des Français mais je me mets aussi à la place de Christiane Taubira. Ce n'est pas simple. Elle n'a pas fait de faute."

Dans le cadre de cette affaire, François Hollande doit recevoir Christiane Taubira ce jeudi après-midi. A 15 jours d'un scrutin où l'abstention pourrait être forte, cette affaire jette un nouveau discrédit sur la classe politique dans un pays angoissé par la crise. 

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