Manif pour tous : les familles prouvent leur capacité à rassembler, les politiques toujours aussi divisés<!-- --> | Atlantico.fr
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L'abrogation de la loi Taubira divise les personnalités politiques
L'abrogation de la loi Taubira divise les personnalités politiques
©Reuters

Qui veut quoi

Environ 70 000 personnes selon la police, 500 000 d'après les organisateurs ont défilé dimanche dans les rues de Paris. De nombreuses personnalités politiques ont réagi ce lundi.

Le temps n’a pas altéré leur conviction. Huit mois après son dernier défilé, le collectif de la Manif pour tous est une nouvelle fois descendu dans la rue ce dimanche afin de montrer son opposition à "la PMA, la GPA et au genre". "Non aux mères porteuses", "nos ventres ne sont pas des caddies": après avoir combattu vainement le mariage homosexuel, les manifestants ont changé de slogans, mais leur motivation était intacte. Ainsi, les défenseurs de la famille "traditionnelle" étaient environ 70 000 personnes selon la police, 500 000 d'après les organisateurs à Paris et entre 7 500 pour la police et 30 000 selon le collectif à Bordeaux.

"Votre courage à manifester pacifiquement tant de fois depuis deux ans a fait comprendre à monsieur Valls" le danger de la GPA (gestation pour autrui, ndlr), s'est réjouie à l'issue de la manifestation, Ludovine de la Rochère, présidente du mouvement. En effet, c'est essentiellement la question d'un recours aux mères porteuses qui a poussé les manifestants dans la rue et ce malgré les garanties récemment apportées par le Premier ministre, Manuel Valls, qui a assuré qu'elle "est et sera interdite" en France.

Politiquement parlant, cette question continue à diviser à droite. Mais plusieurs élus UMP ont grossi les rangs du cortège parisien ce dimanche. Il y avait notamment Patrick Ollier, Michèle Alliot-Marie, Philippe Goujon, Claude Goasguen, mais aussi Xavier Bertrand, Jérôme Chartier, Laurent Wauquiez, Guillaume Peltier ou encore Henri Guaino et Hervé Mariton. Et leurs attentes ne sont pas les mêmes à ce sujet.

Par exemple, Xavier Bertrand sur France 5 a estimé que "la loi Taubira… Pardon, l'engrenage Taubira nous amènera forcément à la PMA et la GPA. Vous pouvez retourner ça dans tous les sens, à partir du moment où il y a égalité parfaite entre les sexes (…) vous arriverez à la GPA et à la PMA". Le candidat à la primaire UMP s'est aussi dit favorable à une consultation des militants UMP au sujet de l'éventuelle abrogation de la loi Taubira sur le mariage homosexuel. "Je veux que le futur président de l'UMP s'engage" à ce sujet a-t-il fait savoir.

Jérôme Chartier pour sa part veut réécrire la loi sur le mariage gay, pas l'abroger. "Si vous posez la question aujourd'hui des mères porteuses à l'UMP, vous avez l'unanimité ! Tout le monde est d'accord. Là, il y a donc un point de convergence. Après, certains, je le respecte, veulent l'abrogation de la loi (Taubira sur le mariage gay, ndlr), moi je veux la réécriture", a-t-il déclaré au micro de BFM TV.

Guillaume Peltier va plus loin. Pour le co-fondateur de la Droite forte estime qu'"il faut une nouvelle loi pour interdire la PMA et la GPA". "Le mariage doit être réservé aux unions hommes-femmes car il implique la filiation" a-t-il assuré sur BFM en ajoutant, déterminé : "Je considère que l'enfant n'est pas une marchandise." Le député UMP Eric Ciotti a affirmé pour sa part sur son compte Twitter que "le Gouvernement doit arrêter de faire peser le poids de ses échecs sur les familles". "Je suis contre (la GPA, ndlr)", a déclaré ce lundi sur RTL Nathalie Kosciusko-Morizet, député UMP de l'Essonne. "Je suis pour qu'on l'écrive clairement et en faire une position commune au niveau européen".

Une délégation du Front national avec le vice-président du parti, Louis Aliot, et la députée Marion Maréchal-Le Pen, faisait aussi partie du cortège parisien. Rappelant que Manuel Valls s'était prononcé "en faveur de la GPA" en 2011, la députée FN du Vaucluse a déclaré qu'elle ne faisait pas "confiance" au Premier ministre. Par ailleurs, il n'y aura selon elle "pas de nouveau mariage homosexuel" si le FN accède au pouvoir

Marine Le Pen pour sa part est restée silencieuse toute la journée. Mais dans l'émission «Tous Politiques» de France 24/ Le Parisien-Aujourd'hui en France /France Inter, la présidente du parti d'extrême-doite a fait connaître ses positions : "Je trouve que le gouvernement n'est pas clair depuis des mois même si je me félicite de l'intervention de Manuel Valls (sur la GPA, ndlr). (...) Très honnêtement, il suffit de dire que cette GPA ne sera pas votée c'est aussi simple que cela. Il y a une certaine ambiguïté qui justifie l'inquiétude de centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue". Et de poursuivre, "une famille c'est un papa et une maman. En tout cas à l'égard des enfants. Ils ont droit à un père et à une mère. Encore plus si l'enfant est orphelin. Je ne crois pas qu'une famille puisse être composée de deux papas ou deux mamans. Je crois que ne c'est pas l'intérêt de l'enfant".

Face à toutes ces déclarations hostiles, la gauche ne s'est pas beaucoup fait entendre. Toutefois, la secrétaire d'Etat à la Famille, Laurence Rossignol, a reprécisé sur France Inter la position du gouvernement contre la GPA : "le gouvernement est déterminé, a une position claire, qui a été exprimé plusieurs fois", "le marché des mères porteuses s'installe entre les pays riches et les pays pauvres le plus souvent, ce qui se développe au plan international est absolument contraire à nos valeurs humanistes". Elle est également revenue sur la circulaire Taubira, "sur laquelle nous ne reviendrons pas", qui "permet à ces enfants d'avoir un certififcat de nationalité". Selon elle, "Il faut infomer les parents, les mettre en garde, aujourd'hui tout candidat à la GPA est candidat à transgresser la loi française, en même temps les enfants ne sont pas responsables du mode de procréation qu'ont choisi leurs parents".

Jean-Vincent Placé (EELV) s'est montré beaucoup plus virulent. Sur Radio J, le sénateur écologiste a estimé que cette Manif pour tous a des "connotations de la Seconde guerre mondiale", tout en appelant ensuite à ne pas faire de "parallèles avec Hitler ou Staline". Selon lui, la famille "n'appartient pas à ces énergumènes, à ces gens qui détournent cette belle idée". "L'homophobie, ça suffit ! Il s'agit d'une cause très importante de suicide chez les jeunes, c'est très grave!" fait valoir sur BFM TV Alexis Corbière, le secrétaire national du Parti de Gauche. Toujours sur la chaîne d'information en continue, le socialiste Erwann Binet qui avait été rapporteur de la loi sur le mariage gay, a dénoncé le "procès d'intention" fait au gouvernement. Pour lui, ces "inquiétudes ne sont pas légitimes". Décidément, le sujet n'a pas fini de faire parler. Et de nouvelles manifestations sont d'ores et déjà programmées. 

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