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Le retour de Nicolas Sarkozy en librairies avec la sortie de son nouveau livre, "Passions"
©Thomas SAMSON / AFP

"Entre la France et moi, ce ne sera jamais fini"

La rédaction du Point s'est entretenue avec l'ancien président de la République à l’occasion de la sortie de son nouveau livre, "Passions". Nicolas Sarkozy s’est confié dans un entretien fleuve de 14 pages.

La rédaction du Point publie cette semaine des extraits exclusifs du nouveau livre de Nicolas Sarkozy, "Passions" publié aux éditions de L’Observatoire, qui sort ce jeudi 27 juin. Nicolas Sarkozy dévoile un livre intime sur lequel il travaille en secret depuis la fin de l'été 2018. Selon Jérôme Béglé, directeur adjoint de la rédaction du Point, "Passions" est une "autobiographie de ses jeunes années politiques". Le livre couvre en effet une majeure partie de la carrière politique de Nicolas Sarkozy de 1975 à 2007. De sa décision de s'engager en politique, "absolument instinctive, sans doute irrationnelle" et encouragée par son grand-père maternel gaulliste jusqu'aux portraits de ses mentors en politique, Nicolas Sarkozy semble ne rien oublier des personnalités rencontrées ces dernières années.

Le nouveau livre de Nicolas Sarkozy peut être considéré comme un testament politique ou un éventuel tremplin pour un éventuel retour. "Passions" est imprimé à 200.000 exemplaires dont 175.000 ont déjà été précommandés par les libraires. 

A l’occasion de la publication en exclusivité des bonnes feuilles de l’ouvrage, la rédaction du Point publie également un entretien de 14 pages avec l’ancien président de la République. Cette interview de la rédaction du Point a été réalisée le jeudi 20 juin, dans ses bureaux de la rue de Miromesnil.

Nicolas Sarkozy s’est confié sur l’écriture du livre auprès de la rédaction du Point :  

"Quand j'ai commencé, je ne savais pas ce que je voulais dire : je n'avais même pas de plan. […] Ce ne sont pas mes Mémoires. Ce livre n'est ni historique, ni thématique, ni chronologique. "Passions" n'est pas fondé sur des documents, mais sur des sentiments. Je ne me suis pas replongé dans des archives pour ne faire confiance qu'à ma mémoire, à mes souvenirs, à la réflexion et au cœur. Cela m'a également permis de garder de la distance. Faire un livre, c'est d'abord une histoire. Mon histoire humaine a parfois côtoyé la grande Histoire".

Lors de cet entretien, il évoque son engagement en politique et l'influence de Jacques Chirac : 

"Je ne suis pas quelqu'un que l'on humilie puisque j'ai tant d'énergie que je fais de tout un combat. […] Ma décision de m'engager si jeune en politique était absolument instinctive et sans doute irrationnelle. Elle est l'inverse de ce qui m'était promis. Personne n'a jamais fait de politique dans ma famille et nous n'avions aucun lien avec ce milieu. Connaître moins de monde que je n'en connaissais à l'époque était absolument impossible. Il s'agit donc d'une succession de hasards et de sentiments. Mon grand-père maternel a beaucoup compté pour moi. […] Jacques Chirac a beaucoup compté pour moi, sa famille également. La première rencontre avec lui à Matignon, après Nice, c'était en présence de Laurence. Quarante-cinq ans plus tard, Bernadette m'appelle un après-midi pour m'annoncer la mort de sa fille. Je la rejoins et nous sommes là, l'un à côté de l'autre, à veiller Laurence, qui n'est plus. Ce lien avec la famille Chirac fait partie de ma vie depuis bien longtemps. [Jacques Chirac] a beaucoup compté pour moi, dans nos amitiés comme dans nos affrontements. Je ne suis pas sûr que j'aurais fait de la politique sans lui. Jusqu'en 1993, je suis à ses côtés. Ensuite, les ambitions, la vie, les désaccords, les amitiés nous ont séparés, parfois durement […] Je suis une éponge, j'ai donc appris de tous ceux avec qui j'ai travaillé"".

Nicolas Sarkozy revient sur ses motivations en politique et sur son sens de l’urgence :

"Je suis trop passionné par la vie et j'ai tant de chances que je ne renonce jamais. […] En politique comme dans la vie, j'ai toujours eu en moi ce sentiment d'urgence. La brièveté de nos existences et la vitesse hallucinante du temps qui passe m'ont toujours poussé à agir sans tarder".

Selon des informations de la rédaction du Point, "la politique ne lui manque pas. […] Les Français, en revanche…" :  

"Mon but a toujours été la rencontre, l'échange, le partage des émotions. J'aime les Français plus que l'idée de la France. Pour moi, la France, ce sont les Français. Ce n'est pas un concept intellectuel, ce n'est pas une idée romantique. Rencontrer les Français et être aimé d'eux a été mon moteur".

Nicolas Sarkozy a évoqué ses choix forts au sujet de ses collaborateurs lors de sa carrière politique : 

"Je suis attiré par des personnalités différentes et originales. La France est multiple. Or tout politique cherche à avoir un entourage cohérent et homogène. C'est une erreur parce que cela agit comme une prison. […] Quand je choisis Henri Guaino en 2005, Balladur me conseille de ne pas le prendre, mais je voulais travailler avec un partisan du non qui ne partageait pas toutes mes convictions. C'est le même raisonnement pour Patrick Buisson, qui venait du journal Minute. Je le savais mais, à mes yeux, c'était mieux que des gens issus de l'extrême droite nous rejoignent que l'inverse. Je voulais vraiment parler à cette France du non qui avait fait 55 % au référendum de 2005. C'est plus difficile à gérer mais, si je réussissais à faire la synthèse entre toutes ces différences, je pouvais alors parler à la France dans son ensemble. Après, une fois encore, j'ai été trahi par un comportement personnel inacceptable. Prenez-moi pour un naïf, mais jamais je n'aurais pu imaginer que Buisson allait faire ce qu'il a fait".

Alors qu’Emmanuel Macron vient de traverser la crise des Gilets jaunes et que la droite est en crise après la défaite des Républicains aux Européennes, Nicolas Sarkozy s’est confié dans les colonnes du Point sur son éventuel retour en cas d'échec d'Emmanuel Macron ou de difficultés au sein de la droite : 

"On ne décide pas d'être un recours. On ne s'y prépare pas. On ne l'anticipe pas".

Son renvoi pour "corruption" devant le tribunal correctionnel dans l'affaire des écoutes a été abordé lors de cet entretien : 

"Je suis serein car je suis bien placé pour savoir que, quand on est innocent, ce n'est pas une raison suffisante pour ne pas avoir d'ennuis, mais c'est plus confortable que d'avoir quelque chose à se reprocher. Il existe une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme qui rappelle qu'à aucun moment, d'aucune façon, sous aucun prétexte, on ne peut opposer la conversation d'un client avec son avocat. Or Me Thierry Herzog est mon avocat depuis toujours. Récemment, la Cour de cassation a dit que la question se posait. Mais elle a estimé que c'était un débat de fond et que c'était au tribunal d'en décider. Il en décidera donc. […] L'issue ne fait pas de doute. De la même façon que l'affaire Bettencourt, pour laquelle j'ai bénéficié d'un non-lieu. De la même façon que l'affaire dite du prétendu financement libyen, qui est en train de s'effondrer. […] Parler de corruption pour un poste que M. Azibert n'a pas eu, c'est vraiment exagéré et totalement infondé".

Nicolas Sarkozy s’est exprimé sur Emmanuel Macron dans le cadre de cette interview :

"C'est une énigme, je ne sais pas qui il est. Je cherche l'authenticité, lui cherche à être aimé". 

Nicolas Sarkozy a donné son point de vue auprès de la rédaction du Point sur les résultats des Européennes et sur la crise des Républicains

"Je suis triste pour l'Europe, qui a besoin d'être refondée de fond en comble. Il faut la réinventer. Il y a plusieurs Europe. Il faut en tirer les conséquences en termes d'organisation. Quant à ceux qui font de la politique aujourd'hui, je me garderai bien de les juger ou de les critiquer. Je connais trop bien la difficulté de la tâche. […] J'ai une fidélité qui ne disparaîtra jamais envers tous ceux qui m'ont fait confiance et qui sont membres d'une famille politique à laquelle j'appartiens toujours. Leur amitié et leur fidélité me touchent profondément, plus intimement même que vous ne pouvez l'imaginer. Pour autant, je ne peux plus et ne veux plus m'inscrire dans un débat partisan. Cela créerait de la confusion et de la division. Et il n'y en a vraiment pas besoin. Ce serait déplacé. Ce que je vous dis est définitif".

Interrogé sur ce livre qui viendrait clôturer un chapitre de sa vie, Nicolas Sarkozy précise "peut être une vie politique partisane, et il ouvre sur autre chose. J'avais envie de faire partager des sentiments à propos d'événements qui ont été commentés par tous sauf par moi. Le temps était venu de parler. […] Ce livre ne m'a pas appris sur moi, mais il m'a apaisé. On a tellement écrit à mon propos que j'ai eu envie de dire simplement : voilà ce qui s'est passé. […] Maintenant, si vous me demandez si je peux encore apporter quelque chose à notre pays, je l'espère. Quand le président Macron me demande de représenter le France, j'estime que c'est mon devoir de le faire. Quand il souhaite que nous parlions, je suis heureux de le faire. Et si François Hollande me l'avait demandé, je l'aurais fait tout autant. Je doute cependant qu'il y ait même pensé. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec Emmanuel Macron sur tout, bien sûr, même si j'apprécie cette ouverture d'esprit. Au fond, entre la France et moi, ce ne sera jamais fini. Jusqu'à mon dernier souffle".

Nicolas Sarkozy précise que ce livre ne signe pas son retour dans la vie politique. La vie politique actuelle ne lui manque pas. 

"Aujourd'hui, ce n'est plus de la politique, en tout cas telle que je l'ai aimée. Sous l'impulsion des réseaux sociaux, il y a désormais une horizontalité des rapports et des débats politiques qui correspond très peu à la conception verticale qui a été la mienne du leadership, de la vision et de la capacité d'entraînement. […] Le rétrécissement actuel autour d'une pensée unique ne me fait pas regretter la vie politique. Je ne suis pas adapté à ce monde-là. J'ai une conception trop épique de la politique. Je crois à la grandeur du peuple français, à qui on doit proposer des choses exceptionnelles. Je constate aujourd'hui qu'on ne peut plus rien dire sans susciter des réactions d'une violence inouïe. La démocratie souffre beaucoup de cette intolérance. […] Mon livre n'est pas un livre politique, il n'annonce pas de retour. C'est simplement un cheminement de vie que j'ai voulu faire partager".

"Passions", le nouveau livre de Nicolas Sarkozy s'annonce d'ores et déjà comme un succès en librairies et sur les plages cet été. Les chiffres de ventes devraient être rapidement comparés avec l'ouvrage d'un autre ancien président de la République, François Hollande, "Les leçons du pouvoir". 

Le Point

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