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L'institut Montaigne : "Non, il n’y a pas 28 % des musulmans qui sont radicalisés en France"
©Reuters

Mauvaise lecture

Dans une tribune au Monde, son conseiller scientifique a tenu à rappeler les précisions statistiques que l'étude implique.

Le chiffre avait marqué les esprits et avait été repris dans tous les médias, avant de servir aux politiques. "Un quart des plus jeunes musulmans sont tentés par une forme de radicalité" affirmait ainsi Nicolas Sarkozy le 26 septembre dernier.

Dans une tribune, l'Institut Montaigne a tenté de relativiser le fameux chiffre de 28%, d'abord en le référant, non pas une forme de "radicalisation" qui "est devenu un mot fourre-tout pour désigner vaguement ce qui est perçu comme une menace non maîtrisée" mais plutôt au rigorisme. Il s'agit ainsi de pointer "les items d’attitudes autoritaires ou conservatrices en montrant leur déconnexion vis-à-vis des pratiques religieuses répandues, telle que la consommation de nourriture halal" précise Antoine Jardin, conseiller scientifique pour l'étude.

En d'autres termes, l'étude divise la population sondée en plusieurs groupes, en fonction de leur rigorisme religieux. Cela ne traduit pas forcément une radicalisation mais plutôt une hiérarchisation de la population, qui n'est pas inéhrente à l'islam. "Les données de l’European Social Survey montrent que les attitudes autoritaires sont représentées parmi l’ensemble des groupes religieux qui composent la société française. En 2014, 11 % des catholiques et 13 % des athées considèrent que « certains groupes ethniques sont par nature moins intelligents que d’autres »" précise ainsi le chercheur.

Selon lui, les chiffres sont davantage interprétés de la façon dont chacun veut bien les percevoir. "Face à la polarisation politique provoquée par les questions ayant trait à l’islam, l’enquête réalisée par l’IFOP pour l’Institut Montaigne fait office de test de Rorschach collectif – ces taches que les psychiatres et les psychanalystes livrent à l’interprétation de leurs patients. Nombre de nos commentateurs cherchent à confirmer leurs certitudes préalables en sélectionnant les chiffres qui soutiennent leur interprétation préexistante" explique-t-il.

Et de poursuivre : "ce travail montre, au contraire, que la population musulmane française est traversée par de nombreuses lignes de fractures, que les groupes qui la composent suivent des trajectoires divergentes et que, derrière le mythe du conflit entre les civilisations ou entre les traditions religieuses, apparaît davantage la scission interne à la société française, traversée par des dynamiques autoritaires rivales et simultanées."

Lu sur Le Monde

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