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Grèce : "on a transformé un petit problème en un énorme problème" affirme Romano Prodi
©Reuters

Mauvais chemin

L'ancien président de la commission européenne pointe du doigt les erreurs d'hier et d'aujourd'hui sur la construction de l'Europe.

Plus les jours passent, plus il est difficile de trouver un grand défenseur de l'accord trouvé entre la Grèce et les pays européens. Et ce n'est pas l'ex-chef du gouvernement italien et président de la la Commission européenne entre 1999 et 2004 Romano Prodi qui le fera. Interrogé par Le Monde, il donne sa vision de l'accord dont les conditions "ont été imposées de la pire manière qui soit" selon lui. "On a transformé un petit problème en un énorme problème. Si on avait fait preuve de bonne volonté dans un contexte de solidarité qui prévalait autrefois, tout aurait été plus facile. (...) Nous avons évité le pire, mais nous avons créé le mal."

Dans son viseur, les pays du nord et notamment l'Allemagne. "Elle a su profiter de l’euro. Je m’attendais de sa part à une plus grande attention à l’intérêt commun, vu que ses intérêts nationaux ont été satisfaits. Mais l’opinion publique allemande a beaucoup changé. Quand les Américains ont pris le leadership sur le monde à la fin de la seconde guerre mondiale, ils ont lancé, eux, le plan Marshall. Non pas par charité chrétienne, mais comme une conséquence naturelle de leur puissance", souligne-t-il.

Mais l'Allemagne n'est pas seule responsable. "Il faudrait aussi évoquer la frilosité des gouvernements français, toujours rétifs à aller de l’avant" note-t-il. "Quand nous avons décidé de lancer l’euro, nous étions tous d’accord pour dire que cette construction reposait sur deux piliers : le pilier monétaire et le pilier économique et fiscal. Malheureusement, seul le premier pilier a été érigé. L’Europe est un pain à moitié cuit. Le pain mal cuit est difficile à mastiquer, à avaler."

Pour Romano Prodi, l'avenir de l'Europe ne passe pas par l'axe franco-allemand. "Ce moteur est complètement déséquilibré. L’Allemagne dispose de plus de puissance, de plus de cylindrée ; en comparaison, la France paraît bien plus faible" explique-t-il. "Il y a un an, j’ai proposé une plus grande collaboration entre l’Italie, la France et l’Espagne, dont les intérêts sont identiques. Mais cette idée n’est pas encore politiquement mûre."

Désormais, il faut surtout réformer les règles de la zone euro comme le pacte de stabilité jugé "stupide" par l'ancien patron de la commission. "Parce qu’il y a des années où il faut avoir des budgets excédentaires et d’autres où il faut faire du déficit." Reste que Roman Prodi se veut optimiste sur l'avenir de l'Europe. "Oui, j’y crois parce que, à chaque fois que nous sommes arrivés au bord du précipice, la sagesse des peuples, même si elle était dictée par la peur, nous a de nouveau réunis."

Lu sur Le Monde

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