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Grèce : la presse allemande dérape
©Reuters

Douteux

Le quotidien conservateur Die Welt a publié une tribune remettant en cause la légitimité de la Grèce notamment en raison des origines éthniques de sa population.

Connu pour son conservatisme, le quotidien allemand Die Welt a fait très fort. Dans une tribune acide, repérée en France par La Tribune, l'auteur Berthold Seewald, un habitué du quotidien, assure que c'est la guerre d'indépendance grecque de 1822 à 1830 qui a entrainé le délitement progressif de l'Europe.

A grands coups d'interprétations alambiquées, il souligne que cette insurrection victorieuse contre les occupants turcs (avec l'aide de la France, du Royaume-Uni et de la Russie) a mis à mal "l'ambition d'une paix éternelle" que le chancelier autrichien Metternich tentait de mettre en place après la chute de Napoléon à grands coups de répressions contre toutes les idées révolutionnaires en Europe. En clair, en "autorisant" la révolte grecque, les grandes puissances ultra-conservatrices de l'époque, ont entrainé, malgré elles en 1930, la Révolution de juillet en France, l'insurrection de novembre en Pologne  ou l'indépendance de la Belgique. D'où les tensions entre les pays aujourd'hui…

Problème, c'est que nombre de ces insurrections (Pologne, Italie…) n'ont pas abouti et que "l'ordre" de Metternich s'est maintenu jusqu'en 1848. "Un ordre qui ne se maintient que par la violence" souligne Romaric Godin de la Tribune. "Les Grecs ont donc plutôt rendu service à l'Europe en rejetant cet ordre." Surtout, la source de déstabilisation qu'aurait été la Grèce a rapidement été étouffée par les grandes puissances.

Mais pour Die Welt, c'est la solidarité des Européens envers les Grecs (ou philhellénisme) qui a entraîné la crise actuelle. "La victoire du philhellénisme a renforcé encore des idéaux humanistes trompeurs. La représentation selon laquelle les Grecs modernes sont les descendants de Périclès ou Socrate et pas un mélange de Slaves, de Byzantins et d'Albanais, a été pour l'Europe érigée en credo. (...) C'est pour cela qu'on a accepté les Grecs fauchés dans le bateau européen en 1980. On peut en admirer chaque jour les conséquences. "

Ainsi, sans cette "croyance" les origines ethniques des Grecs n'auraient apparemment pas suffi à les intégrer dans le modèle européen. "Etrange vision de l'Europe que celle qui lie un problème financier à une pureté raciale" tranche Romaric Godin qui rappelle que tous les peuples, y compris les Allemands sont un mélange d'ethnies variées depuis des siècles.

L'auteur de Die Welt est un habitué de ces attaques anti-grecques. En 2012, il affirmait que les Grecs profitaient d'un traitement spécial de par leur passé antique. "Mais on oublie les 2.500 années suivantes : le fait qu'après les invasions celtes, germaniques, slaves, avares, bulgares et turques il ne reste plus grand chose des Grecs" assurait-il. Le texte a provoqué un véritable tollé en Grèce et les réseaux sociaux.

Lu sur La Tribune

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