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Geoffroy Roux de Bézieux : "Edouard Philippe doit donner le cap de la politique économique et donner une vision de ce que peut être un capitalisme français et européen"
©ERIC PIERMONT / AFP

Vision du Medef sur la politique gouvernementale

Le président du Medef a accordé un entretien au Figaro. Il a tenu à mettre en garde le Premier ministre Edouard Philippe avant son discours de politique générale. Geoffroy Roux de Bézieux a également indiqué que la France était dans une impasse budgétaire et a donné son avis sur les futures réformes du quinquennat d'Emmanuel Macron (les retraites et l'assurance chômage).

Geoffroy Roux de Bézieux a tenu à avertir Edouard Philippe avant son discours de politique générale qui doit marquer officiellement le début de l'acte II du quinquennat d'Emmanuel Macron. Le programme des futures réformes devrait notamment être dévoilé par le Premier ministre lors de son allocution à l'Assemblée nationale. 

Le président du Medef s'est exprimé dans les colonnes du Figaro dans le cadre d'un long entretien.  

Geoffroy Roux de Bézieux a donc souhaité alerter le Premier ministre avant son discours de politique générale : 

"Nous attendons que le premier ministre prenne en compte un contexte mondial en plein bouleversement. […] Édouard Philippe doit donner le cap de la politique économique et donner une vision de ce que peut être un capitalisme français et européen. Et il faut que les réformes et les priorités budgétaires dont il va parler s’intègrent dans ce contexte."

Geoffroy Roux de Bézieux a évoqué notamment la perte de confiance du président de la République et du Premier ministre chez les entrepreneurs. 

"Emmanuel Macron, lui, a créé à son arrivée un choc de confiance, avec un discours proentreprises et non punitif. La prime Macron, non obligatoire et défiscalisée, a été un énorme succès parce qu’elle revenait à faire confiance aux entreprises. La confiance des entrepreneurs, c’est la base de la croissance! Mais aujourd’hui, c’est vrai, les entrepreneurs doutent. […] On est aujourd’hui dans une impasse budgétaire et plus un chef d’entreprise ne croit à la trajectoire du gouvernement. Or, un entrepreneur investit et embauche s’il anticipe que les conditions d’exercice de son activité ne vont pas changer, ce qui n’est plus le cas. La poursuite de la baisse de l’impôt sur les sociétés a déjà été reportée d’un an et, là, il se dit que c’est l’entreprise qui va payer l’addition à la fin".

Le président du Medef a tenu à rappeler le contexte économique actuel : 

"Le multilatéralisme est en crise. La mondialisation heureuse des trente dernières années n’a plus cours. Quand la Chine est entrée dans l’OMC, en 2001, nous pensions qu’on irait vers un modèle de capitalisme économique uniforme alliant libertés économique et politique".

Geoffroy Roux de Bézieux a aussi évoqué le contexte économique en France : 

"Depuis trente ans, la France mène une politique de la demande, libérant du pouvoir d’achat en augmentant les dépenses publiques et en s’endettant. Il y a quatre ans, pour la première fois, le pacte de responsabilité a inversé cette logique et créé un choc d’offre, avec plus de 30 milliards d’euros réinjectés dans l’économie. Le résultat : 800.000 emplois créés depuis par les entreprises".

Le président du Medef a plaidé pour la mise en place d'un "choc de l'offre" : 

"Nous venons d’avoir un choc de la demande de 17 milliards d’euros ; si nous ne l’accompagnons pas d’un choc de l’offre couplé avec une baisse de dépenses publiques, nous retomberons dans nos vieux travers consistant à soutenir temporairement le pouvoir d’achat, sans redonner davantage de compétitivité à l’appareil productif".

Geoffroy Roux de Bézieux lors de cet entretien au Figaro a abordé la délicate question de la réforme des retraites, l'un des chantiers majeurs des mois à venir : 

"La mère de toutes les réformes, c’est celle des retraites. C’est une nécessité structurelle qui ne doit pas se faire sans effort financier. Mais attention, cette réforme ne peut pas se traduire par une confiscation des réserves constituées par les régimes bien gérés du secteur privé […] En termes d’efficacité, l’âge l’égal est le vrai marqueur du changement des comportements des employeurs et des employés. Un passage à 64 ans, au rythme d’un trimestre par an dès 2020, permettrait d’économiser 17 milliards d’euros en année pleine en 2028".

Le patron du Medef a critiqué la réforme de l'assurance chômage par le gouvernement et le système de bonus-malus : 

"C’est une décision du président de la République que je regrette. Le bonus-malus est un système complexe qui n’aura aucun impact sur les contrats de moins d’un mois. Tel qu’il est conçu, il n’est pas une surtaxation des contrats courts mais une taxation sur le turnover qui revient à pénaliser les entreprises qui ont beaucoup de rotation de salariés, sous-entendant qu’elles ne sont pas vertueuses. C’est une forme d’infantilisation, à deux doigts de l’économie punitive, qui envoie un signal de défiance aux entrepreneurs […] Cette réforme ne pourra pas se traduire par un bonus-malus sur les entreprises et aucune disposition d’incitation au retour à l’emploi. L’exécutif a su reprocher aux partenaires sociaux de ne pas prendre leurs responsabilités quand ils devaient le faire, j’attends qu’il prenne aujourd’hui les siennes".

Reste à savoir si Edouard Philippe va suivre les conseils du président du Medef à l'occasion de son discours de politique générale. Le Premier ministre va s'exprimer mercredi à l'Assemblée nationale. 

Le Figaro

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