The Wire
Extraits des écoutes de Nicolas Sarkozy : leur contenu, les réactions de la classe politique
La gauche a insisté sur "le caractère extrêmement grave des soupçons qui pèsent sur l'ancien président". La droite, elle, a voulu temporiser.
L'affaire reste au cœur de l'actualité. Au lendemain de la publication par Mediapartdes retranscriptions d’extraits des écoutes de Nicolas Sarkozy, soupçonné de trafic d’influence dans plusieurs affaires, les réactions affluent.
Ce mercredi matin, Christophe Régnard, le secrétaire national de l'Union syndicale des magistrats (USM), est monté au créneau, sur Europe1, face notamment à l’utilisation du terme "bâtard" par Thierry Herzog, l’avocat de l’ancien président, pour qualifier les juges bordelais qui ont instruit l’affaire Bettencourt. D’autres magistrats lui ont ensuite emboité le pas.
D’après les documents révélés par Mediapart, Thierry Herzog se félicite supposément de l’aide d’un haut magistrat. Sophie Combes, la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, évoque une "attaque directe de l’indépendance de la justice" concernant laquelle les juges d’instruction doivent déterminer “si les faits sont avérés ou pas”, rapporte Les Echos.
Sur Twitter, où l'humour est roi, plusieurs magistrats ont réagit au qualificatif employé par Me Herzog, comme le détaille un article d'Europe1.fr
Tu veux savoir où en est ta procédure? Envoie BATARD au 8 12 12. BATARD au 8 12 12.
— MaîtreZenqam (@MaitreZenqam) March 18, 2014
Au gouvernement, la porte-parole Najat Vallaud-Belkacem a souligné "l’extrême gravité des accusations et des soupçons" qui pèsent sur Nicolas Sarkozy : "Personne ne peut se réjouir de déclarations aussi délétères et aussi mortifères pour la démocratie". Celle qui est également ministre des Droits des femmes y voit cependant "un motif de satisfaction et d’espoir" dans le fait qu'"aujourd’hui, la vérité et la transparence sont possibles et même inéluctables".
A l’UMP, le président du parti est monté de suite au front… pour temporiser. Invité des Indés Radios-Metronews-LCI mercredi matin, il a appelé à de la "retenue" : "ce n'est pas l'idée que je me fais de la manière dont un grand pays doit exercer le cours de la justice [...] A la justice de faire son travail et à elle seule", a-t-il expliqué, avant d’ajouter : "Le principe même de la justice, c'est la sérénité [...] Là c'est la passion [...]". Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux, a également exprimé son soutien à Nicolas Sarkozy sur iTélé, jugeant que "ce tribunal populaire médiatique est insupportable". "Les journalistes ne sont pas les juges d'instruction. Il faut les laisser faire leur travail !", a-t-elle réclamé.
Au PS, le premier secrétaire du parti a jugé la lecture les retranscriptions publiées par Mediapart "ahurissante, hallucinante et surtout attristante. On comprend mieux l’acharnement des amis de Nicolas Sarkozy et de l’UMP à créer des diversions, à allumer des contre-feux, à disposer des écrans de fumée depuis une dizaine de jours. Il fallait absolument masquer la gravité des faits tels qu’ils apparaissent dans les documents de Mediapart."
Dès mardi soir, David Assouline, le porte-parole du PS, estimait "ahurissant et blessant pour la démocratie, si les faits sont avérés", avant de pointer que, s'ils étaient avérés, "on comprendrait mieux pourquoi l'UMP a déployé autant de rideaux de fumée et une telle violence contre l'institution judiciaire et des juges indépendants".
On comprend mieux pourquoi l'UMP a jeté autant d'écrans de fumée et a déchainé une telle violence contre la justice...
— David Assouline (@dassouline) March 18, 2014
Ce qu'il faut retenir des extraits des écoutes de Nicolas Sarkozy
Mardi 18 mars, le site d'information Mediapart a mis en ligne des extraits d’écoutes téléphoniques de l'ancien président Nicolas Sarkozy, onze jours après les révélations du Monde à ce sujet. Des extraits embarrassants pour Nicolas Sarkozy qui renforcent les soupçons de trafic d’influence.
D'une part, on y apprend que Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog étaient bien en lien avec Gilbert Azibert, haut magistrat à la Cour de cassation auprès de qui tous deux se tenaient informés du déroulé de la procédure à propos des agendas de l’ex-chef d’Etat. En outre, d'après les extraits, le magistrat à la cour de cassation, Gilbert Azibert, serait intervenu auprès de membres de la Cour de Cassation chargés d'examiner la validité des actes d'instruction dans l'affaire Bettencourt. Selon l’écoute, rapporté par le site, "Gilbert" a déjeuné avec l’avocat général. Me Herzog se félicite du dévouement de son informateur : il a "bossé", dit-il à Nicolas Sarkozy. Et la Cour de cassation devrait suivre les réquisitions, "sauf si le droit finit par l’emporter", commente-t-il.
D'autre part, selon Médiapart, sur le volet libyen, Nicolas Sarkozy, averti d’une possible perquisition dans ses bureaux a demandé aussi à son avocat d’appeler "son correspondant", manifestement un haut fonctionnaire bien placé dans la chaîne judiciaire
Enfin, toujours d'après le site, l'avocat de l'ex-président Thierry Herzog surnommait les juges chargés d'instruire l'affaire Bettencourt de "bâtards de Bordeaux".
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