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Ecoutes de Sarkozy : l'ancien président aurait fait pression sur le patron du contre-espionnage
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Révélations en pagaille

Le journal Le Monde publie ce jeudi le contenu de trois conversations entre Nicolas Sarkozy et son directeur de cabinet Michel Gaudin qui prouvent ces influences.

Dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, Le Monde en rajoute une couche ce jeudi. En mars, le journal révélait que l'ex-président de la République était sur écoutes téléphoniques. Cette surveillance avait été décidée par les juges dans le cadre d'une enquête sur le financement de sa campagne présidentielle de 2007, en raison de soupçons de corruption et de trafic d'influence. Début avril, le quotidien assurait que les juges d'instruction Serge Tournaire et René Grouman avaient interrogé en qualité de témoin le patron du contre-espionnage français, Patrick Calvar. Les magistrats voulaient savoir si Nicolas Sarkozy l'avait contacté par téléphone. Si oui, pourquoi ? Selon les informations du quotidien, celui qui a été nommé en mai 2012 à la tête de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à la place de Bernard Squarcini a confirmé avoir reçu deux appels de la part de l'ex-chef de l'Etat.

A l'époque Le Monde assurait que les coups de fils avaient eu lieu en juin 2013 et janvier 2014. Dans quel but ? Patrick Calvar aurait indiqué aux juges que Nicolas Sarkozy, mais aussi Michel Gaudin (qui est le directeur du cabinet de l'ex-chef de l'Etat depuis sa défaite, en 2012, ndlr) cherchaient à se renseigner sur l'enquête liée à l'éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle, en 2007. Troublant. Ce jeudi, ça l'est encore plus car Le Monde publie le contenu de trois conversations entre Nicolas Sarkozy et son directeur de cabinet Michel Gaudin qui prouvent les pressions sur Patric Calvar. Selon le quotidien, les écoutes "mettent au jour un système, une méthode. Elles montrent un ex-président de la République qui fait pression sur des hauts fonctionnaires, à la limite du trafic d'influence, les poussant à violer le secret auquel ils sont astreints. Elles donnent l'impression d'un homme aux abois". Flashback.

Au mois de juin 2013 selon Le Monde, Nicolas Sarkozy, qui ignore être mis sur écoutes, est inquiet par une éventuelle audition, par le contre-espionnage, de Moftah Missouri, qui fut longtemps l'interprète personnel du « Guide » de la révolution libyenne". En effet, le témoignage de cet homme est susceptible d'embarrasser l'ancien chef de l'Etat car celui-ci a soutenu que le régime libyen avait versé "une vingtaine de millions de dollars" à Nicolas Sarkozy, à l'occasion de sa campagne de 2007. La Sarkozie s'affole...

Ainsi, selon les informations du Monde, Michel Gaudin "appelle donc le vendredi 21 juin 2013, en début d'après-midi, un homme sûr : son ancien collaborateur Jean-Louis Fiamenghi, ex-patron du RAID parti dans le privé". Celui-ci déclare : "Je veux pas parler au téléphone." Avant d'ajouter : "J'ai un ami qui a des trucs intéressants à dire pour la personne qui est à côté de vous" (Nicolas Sarkozy, dont le bureau jouxte celui de M. Gaudin, au 77 de la rue de Miromesnil). "Y a des trucs un peu pointus, je voudrais qu'il passe vous voir", insiste M. Fiamenghi, qui dévoile l'identité de son informateur : il s'agit de Philippe Bohn, vice-président chez EADS, "que M. Sarkozy connaît bien". Dès lors, selon Le Monde, Michel Gaudin propose alors un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy.

Mais ce même jour, le directeur de cabinet de Sarkzoy prend contact avec Patrick Calvar afin d'en savoir plus sur Moftah Missouri. "Je vous ai rappelé dans l'après-midi, commence M. Gaudin, à l'initiative du président qui voulait d'ailleurs vous appeler parce qu'il était assez embêté, il a appris que vos services auraient reçu le garçon, là, qui hier a déclaré que Kadhafi lui avait dit avoir donné de l'argent à M. Sarkozy."

Ce à quoi Patrick Calvar répond : "On n'a reçu personne, nous. On l'aurait reçu quand ?". La conversation se poursuit et au cours de celle-ci le patron de la DCRI, à plusieurs reprises, s'engage à se renseigner : "Je vais vérifier M. le préfet (…). Ça va être très simple, dans l'heure qui suit, je fais faire toutes les vérifications". Pourtant, comme l'écrit Le Monde; "Patrick Calvar le sait bien : s'il communique la moindre information confidentielle, il commet un délit.  Il va donc chercher à en savoir plus sur M. Missouri tout en se gardant bien de rappeler Michel Gaudin".

Trois jours plus tard, lundi 24 juin 2013, ce dernier contacte Nicolas Sarkozy et évoque l'absence de nouvelles du patron de la DCRI. Finalement, selon Le Monde, l'ex-chef de l'Etat en personne se décide à appeler directement le patron de la DCRI. Une conversation qui n'a pas été enregistrée  car Nicolas Sarkozy n'était pas encore sur écoute à cette date. Mais un quart d'heure plus tard, il rappelle son directeur de cabinet pour l'informer de la discussion qu'il vient d'avoir avec Patrick Calvar, qu'il juge "très respectueux mais assez embêté". "Je lui ai dit que j'avais des éléments très précis, que je ne me contenterai pas d'un simulacre d'enquête et que je serai obligé de donner à la presse tout ce que j'aurais" affirme Nicolas Sarkozy.

Pas de doute, comme l'écrit Le Monde, "il exerce une pression maximale sur le chef de la DCRI".  De quoi faire trembler encore un peu plus l'ancien président de la République.

Lu sur Le Monde

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