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Ecoutes de Nicolas Sarkozy : de nouvelles révélations sortent dans la presse
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Justice

France Inter, France 3 et Libération ont eu accès au compte rendu de la garde à vue de Nicolas Sarkozy, le 1er juillet dernier, dans le cadre de cette affaire.

"Est-ce que vous croyez que si j'avais quelque chose à me reprocher, je viendrais m'exposer dans un retour à la politique comme aujourd'hui ? Est-ce que vous me prêtez deux neurones d'intelligence". La formule choc est de Nicolas Sarkozy ce dimanche soir sur le plateau de France 2 pour sa première intervention télévisée depuis l'annonce de son retour en politique. Un retour en grande pompe qui pourrait rapidement être terni. En effet, lundi soir, France Inter, France 3 et Libération ont sorti de nouvelles informations concernant l'affaire dite des écoutes. 

Concrètement ces trois médias font ressurgir le personnage de Paul Bismuth, prête-nom de Nicolas Sarkozy dans cette histoire, en révélant le contenu d'un rapport de police et de procès-verbaux d'audition, dont celui de la garde à vue de l'ex-chef de l'Etat le 1er juillet dernier dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la police judiciaire, à Nanterre.

Une affaire dans laquelle rappelons-le Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour trafic d'influence, corruption passive et recel de violation du secret professionnel. Il lui est reproché, ainsi qu'à son avocat Thierry Herzog, d'avoir tenté d'obtenir des informations confidentielles auprès  de Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation, dans le cadre d'une autre affaire, celle dite Bettencourt. En contrepartie de son aide, le magistrat se voit promettre un coup de pouce pour l'attribution du poste de magistrat qu'il convoite à Monaco.  

Pourtant, "les conversations enregistrées entre Thierry Herzog, Nicolas Sarkozy et Gilbert Azibert sont claires sur leurs intentions, et leurs propos ne suscitent pas d'interrogation quant à leur volonté et leurs attentes : Gilbert Azibert est sollicité pour obtenir des informations et démarcher des conseillers à la Cour de cassation. En contrepartie, Nicolas Sarkozy accepte de l'aider à obtenir un poste à Monaco. Ces faits sont constitutifs du trafic d'influence, qui rappelons-le, prévoit l'influence réelle ou supposée", établit clairement Christine Dufau, chef de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), dans ses conclusions datées du 2 juillet et citées ce lundi par Libération.

Selon le quotidien, "c’est, à ce moment, la première fois que les faits reprochés à Nicolas Sarkozy sont aussi clairement établis". Pour en arriver à de telles conclusions, Libération souligne que les enquêteurs s'appuient notamment sur les écoutes du téléphone de la "ligne Bismuth". Pour rappel, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog  se servent dans cette histoire des téléphones secrets. Concrètement, le 11 janvier, l'avocat de l'ex-chef de l'Etat achète deux téléphones à Nice, espérant ainsi déjouer la surveillance des policiers. Pendant plusieurs mois, les deux hommes vont converser sur cette ligne secrète. 

Toujours selon Libération, la première conversation qui intrigue les enquêteurs date du 28 janvier 2014. "On a reçu hier le mémoire du rapporteur", se félicite Thierry Herzog. Il s’agit du rapport rédigé par Didier Guérin, conseiller rapporteur à la Cour de cassation. Jusqu’ici rien d’illégal, puisque ce document neutre, qui se contente de rappeler les faits de procédure, est versé aux différentes parties. Mais le lendemain, comme l'avait déjà révélé Le Monde, l'avocat précise au téléphone que "Gilbert" a "bien bossé". C’est la première mention de "Gilbert" dans les écoutes, selon les éléments rapportés par Libération.

Le lendemain, Thierry Herzog précise à Nicolas Sarkozy que Gilbert Azibert "a eu accès à l'avis du rapporteur (…) qui ne sera jamais publié". Cet avis, censé être secret donc, conclut comme le révèle le quotidien au retrait de toutes les mentions relatives aux agendas présidentiels. Un rapport auquel l'avocat de l'ancien chef de l'Etat n'aurait jamais dû avoir accès. "Tu sais que là, c'est du boulot", tient  d'ailleurs à préciser celui-ci au téléphone. Et le conseil de préciser : "Ce sera du boulot pour ces bâtards de Bordeaux".

Ensuite tout se précipite. Le 5 février, Nicolas Sarkozy demande pour la première fois à son avocat comment "remercier" Gilbert Azibert. "Il m'a parlé d'un truc sur Monaco, parce qu'il voudrait être nommé au tour extérieur", lui répond Thierry Herzog. "Appelle-le aujourd'hui en disant que je m'en occuperai, parce que moi je vais à Monaco et je verrai le prince", assure l'ancien président. Et Nicolas Sarkozy confirme ses intentions à Thierry Herzog quelques semaines plus tard, le 24 février : "Tu peux lui dire que je fais la démarche. Que je vais faire la démarche auprès du ministre d'Etat demain ou après-demain."

C'est à partir de cette date, selon Libération, que Nicolas Sarkozy fait volte-face. Plus question de coup de pouce pour remercier Azibert de son aide précieuse. Ainsi au final, l'ex-président de la République n'a entrepris aucune démarche en sa faveur et Gilbert Azibert n'a pas été nommé sur le Rocher. 

Pourtant, lors de son audition le 1er juillet, selon France Inter, voici ce que déclare Nicolas Sarkozy aux enquêteurs : "Je n’ai sollicité de personne la violation du secret professionnel, je n’ai vendu mon influence, vraie ou supposée, à personne. Je n’ai trafiqué avec personne. Je n’ai jamais trahi la confiance que les Français m’ont témoignée. Avec mon avocat, j’ai essayé de me défendre. (…)  Vous m’avez entendu pendant neuf heures. Je n’ai consulté aucune note. Je n’ai récité aucun bréviaire. Je n’ai préparé avec personne cette audition. Je vous donne ma parole d’honneur que je me suis comporté en honnête homme."

Autre conversation qui interpelle les enquêteurs, celle entre Gilbert Azibert et sa femme le 4 mars 2014. Selon les informations de France Inter, cette dernière s'énerve contre son mari, au moment où leur domicile vient d’être perquisitionné : "T’aurais mieux fait de ne pas aller discuter avec ce Sarko, toi ! Franchement, hein…" Ou encore : "T’es au trentième dessous ? Mais enfin… aussi. Qu’est-ce que tu veux, t’es allé te magouiller avec Sarkozy et tout !" Intrigant.

lu sur Libération.fr

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