Alliot-Marie : scandale ou acharnement ?

Soutenue par Nicolas Sarkozy et François Fillon, Michèle Alliot-Marie reste en difficulté dans le dossier tunisien. Accusée d'avoir passé les fêtes de fin d'année en Tunisie, et d'avoir profité à cette occasion d'un avion privé appartenant à un proche du régime de Ben Ali, la ministre des Affaires étrangères peine à se justifier. Le Monde.fr dresse par exemple la liste de ses explications approximatives. 

"Faute ou faux procès ?", demande sur son blog l'éditorialiste des Echos, Guillaume Tabard, qui s'étonne de ce soudain lynchage dont est victime la ministre, après plus de huit années passées sans accroc au gouvernement:

"MAM, c’était la bonne élève, avec ce que cela a parfois d’un peu agaçant. Et bien, dans une classe, quand il arrive une tuile au bon élève, les autres sont impitoyables avec lui. Et le regarde s’empêtrer tout seul."

D'autant que, même si elle a manqué de discernement en se rendant en Tunisie, Guillaume Tabard relativise l'importance du petit voyage en jet privé:

"Combien d’élus, de ministres, de présidents de la République, toutes sensibilités politiques confondues, ont bénéficié de largesses autrement importantes." 

Et si, au contraire, la polémique autour de Michèle Alliot-Marie était révélatrice d'une exaspération de l'opinion publique face à un sentiment d'impunité des ministres pris en flagrant délit de mauvaise conduite ? C'est l'avis développé par l'hebdomadaire Marianne :

"Pourquoi démissionnerait-elle alors que tant de ministres avant elle, pris la main dans le pot de confiture, ne l’ont pas fait ? [...] Quelle que soit la gravité de l’atteinte à la morale républicaine, sous Nicolas Sarkozy, un ministre, ça ne démissionne jamais ! Ça laisse passer l’orage, comme si de rien n’était. En toute impunité…"