"J'ai vu des parents forcés d'assister à la décapitation de chacun de leurs enfants par ordre de taille" : les révélations d'un ancien djihadiste de l'Etat islamique <!-- --> | Atlantico.fr
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Saddam al-Jamal, ancien leader de la FSA, rejoint l'Etat islamique.
Saddam al-Jamal, ancien leader de la FSA, rejoint l'Etat islamique.
©Capture d'écran vidéo Youtube

Glaçant

Abu Abdullah, ancien garde du corps d'un commandant de l'Etat islamique à l'est de la Syrie raconte une scène horrible et indique que tout ce qui intéresse les dirigeants du groupe est "de devenir puissant".

La scène se passe il y a quelques mois. Saddam Jamal pointe une arme sur un couple et les force à regarder le massacre de leurs enfants par ses camarades djihadistes. Le commandant de l'Etat Islamique n'a ressenti aucun remord après avoir tué cette famille syrienne, a raconté son ancien garde du corps, qui se fait appeler Abu Abdullah, dans une interview donnée au Telegraph. Il ne croyait pas non plus accomplir l'œuvre de Dieu en commettant ces atrocités : pour lui, faire partie du groupe extrémiste était une affaire d'argent, pas de religion. "Commençant avec un garçon de 13 ans, ils ont aligné les fils en fonction de leur taille et les ont décapité dans cet ordre", relate Abu Abdullah au Telegraph, qui a déserté l'EI, ne pouvant plus supporter tant de violence. "Après quoi, ils ont accroché les têtes des garçons sur la porte de l'école où la famille s'était cachée". Cette interview montre bien que l'EI est bien moins religieusement "pur" que sa propagande veut le faire croire.

Le weekend dernier, les Etats-Unis ont effectué de nombreuses frappes aériennes en Irak, touchant probablement le leader de l'EI dans le pays, Abu Bakr al-Baghadi. Toutefois, lundi 10 novembre, le Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom) n’était pas en mesure de confirmer si le chef terroriste était bien présent sur le site des  frappes, qui ont “détruit un convoi de véhicules formés de 10 camions armés de l’EI”. Selon les analystes, la mort du "Calife" porterait un coup dur au moral des troupes. Malgré tout, l'EI survivrait, dirigé par les "ministres" à qui  Abu Bakr al-Baghadi a délégué une partie de son autorité.

Les soldats qui combattent pour l'EI viennent tous de milieux différents, certains d'entre eux viennent même de l'armée démantelée de Saddam Hussein, raconte Abu Abdullah. A l'origine, Saddam Jamal était un trafiquant de drogue. Puis quand la guerre civile a débuté en Syrie, il a rejoint l'armée libre, soutenue par les Occidentaux avant de rejoindre l'EI et de suivre l'exemple des autres "émirs" qui dirigent en faisant régner la terreur. "Ils kidnappent des gens et les tuent. Ils détruisent des immeubles entiers pour tuer une seule personne, se fichant de savoir si ces immeubles sont habités par des femmes et des enfants", explique Abu Abdullah. Par ailleurs, "Beaucoup de leurs soldats étrangers fument mais si jamais ils attrapent un civil en train de faire de même, ils l'enferment, le fouettent et le forcent à faire du service communautaire .C'est toujours, deux poids, deux mesures."

Si Saddam Jamal est aujourd'hui le sous-commandant militaire de l'EI dans l'est de la Syrie, l'année dernière il était encore dirigeait encore le conseil militaire suprême de la FSA (Free Syrian Army), un corps coordonnant les groupes rebelles recevant de l'argent et des groupes d'aillés occidentaux avec le soutien de la CIA. Mais cette entité, Liwa Allah Akbhar, était une branche d'Ahfad al-Rasoul, dont l'EI s'est violement séparé l'année dernière avant de déménager ses bases à Abu Kamal, à l'est de la Syrie. "L'EI a fait exploser la maison de Jamal, tuant l'un de ses frères. Il a kidnappé un autre de ses frères et l'a tué également. Après quoi, Jamal a disparu", raconte Abu Abdullah.

Puis, en novembre 2013, Jamal a réapparu dans une vidéo où il prêtait allégeance à l'EI et qualifiait les rebelles de la FSA d'apostats. Les mois suivants, il a développé son pouvoir dans la région d'Abu Kamal, tuant des centaines de membres de la tribu locale des Shaitat qui avait essayé de se soulever contre l'EI. C'est notamment là qu'a eu lieu le massacre des garçons raconté précédemment. "Cela prendrait des jours pour vous raconter la violence à laquelle j'ai assisté", déclare Abu Abdullah. Mais ce qui l'a le plus horrifié n'est pas le massacre de ces enfants mais quand il a vu l'émir d'une ville voisine, Abu Abdullah al-Qahtani forcer son fils de huit ans à trancher la gorge d'un prisonnier accusé d'avoir organisé des attaques sur l'EI. 

Alors, Abu Abdullah a réalisé qu'il ne pouvait plus supporter toute cette violence. Il a donc décidé de partir avec deux autres groupes de gardes du corps. Quatre de ces hommes ont été tués après avoir révélé leurs intentions. Selon le garde du corps, de nombreux soldats étrangers, à l'origine "attirés par les promesse du djihad sacré" ont également voulu partir après avoir assisté aux violences pérpétrées par le groupe. Ils n'ont pas pu non plus. "Bien sûr, il y en a aussi qui croient vraiment que tuer et fouetter est la manière correcte de répendre l'islam", explique Abu Abdullah. "Mais cela n'intéresse pas Jamal de savoir si sa mission répand l'islam. Tout ce qui l'intéresse c'est de devenir puissant. Maintenant, si une organisation plus puissante émerge, il la rejoindra. Et beaucoup d'hommes sont exactement comme lui".

lu sur The Telegraph

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