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Zahia, nouvelle Ève ?
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Péché

L'ancienne escort girl, Zahia, vient de poser pour les photographes français Pierre et Gilles, en Ève décomplexée et revisitée. Devenue célèbre pour avoir couché avec des footballeurs français, alors qu'elle était mineure, elle a aujourd'hui abandonné sa vie d'antan pour se consacrer à son image. Symbole d'une société de spectacle en mal d'icônes, elle en arriverait même à faire oublier qu'il fut un temps, elle couchait pour de l'argent.

Ne dites surtout pas que Zahia était une pute : elle n’a été qu’une femme qui couchait pour de l’argent. Une escort girl. Aucun rapport avec la prostitution. Maintenant, comme toute héroïne qui se respecte, elle a créé son site internet, son compte twitter, sa chaine Youtube. Mais surtout, après le film Bionic où elle apparaissait en cyborg devant la fesse rebondie de qui se pourléchaient les babines de ses inventeurs, elle vient d’être consacrée comme modèle par les éminents Pierre et Gilles, photographes sans génie mais non sans relations ni comptes bancaires. Il paraît que dans leur image, que même la confiture Andros repousserait pour attentat au cercle chromatique, elle est Eve.

Heureusement pour eux, plus personne ne sait qui est Eve, ni vraiment ce que raconte d’elle ce vieux livre poussiéreux qui s’appelle la Bible. Il suffit de prendre une greluche blonde, de mettre autour une pomme et un serpent, et en avant Guingamp. Même le réalisateur de Desperate Housewives y avait pensé avant eux. C’est dire.

Peu importe. Le drame véritable, c’est Zahia. Cette petite fille sans père, sans instruction et sans amour-propre dont la République du Spectacle a fait sa putain.

A cette Marie-Madeleine - mais plus personne ne sait qui est Marie-Madeleine, ni ce que le Nouveau Testament, cette deuxième partie du livre poussiéreux qui s’appelle la Bible en raconte -, il eût fallu qu’un Christ dît : « Va et ne pèche plus ».

Et bien évidemment, il s’est trouvé mille ordures ensarkoziées autour d’elle pour lui répéter au contraire : « Va, et pèche plus pour gagner plus ».

Cette petite fille dont la République du Spectacle a fait sa putain

Avant la pauvre fille réservait pour une poignée de milliers d’euros ses appas à des huiles de type footballeurs. Aujourd’hui, pour quelques dollars de plus, c’est la France entière qui en profite. A distance, je sais, mais de cette distance de l’image qui en fait ne préserve rien. Qui au contraire énerve les pulsions et démultiplie les fantasmes. Et l’humain d’aujourd’hui a enfin réalisé la pauvreté de sa chair en regard du fantasme. En voie de japonisation avancée, il préfère de plus en plus la perfection de la machine médiatique à sa propre faiblesse éventuelle. Au moins, avec Bionic ou Pierre et Gilles, on est sûr qu’il ne se passera rien : on verra des seins et un cul et tout ira bien. Grâce à l’esclave Zahia, la saloperie spectaculaire peut continuer de tourner.

Oh, il y a bien sûr les exploiteurs de l’Eve future, les souteneurs d’internet, les macs de la photo, les maffieux de la fausse blonde qui devront payer un jour pour cela. Ici ou au-delà, qu’importe, ce n’est pas mon affaire.

Mon affaire, ce serait plutôt Zahia : dans ce vide intersidéral qu’enveloppe la poupée plastique, quelqu’un allumera-t-il un jour la lumière ? Y aura-t-il quelqu’un pour lui rappeler qu’elle existe, qu’elle est un être fait pour la conscience, la liberté et la vérité, et même un être capax dei comme disaient les théologiens médiévaux ?

C’est mon affaire d’y penser, mon affaire de ne surtout pas participer à l’immolation de la putain sacrée en direct, à ce sacrifice d’oblation au Baal spectaculaire : ce n’est pas mon affaire pourtant de la sauver.

Mais quelqu’un viendra.

Pour moi, je suis confiant : j’attends Savonarole et le  Saint-Esprit.

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