Yves Saint Laurent déteste les bourgeoises dans la pub Citroën... Mais que penserait-il de les voir débourser 50 000 euros pour les blousons en polyester de sa griffe ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La dernière publicité de Citroën utilise des images d'archive d'Yves Saint Laurent.
La dernière publicité de Citroën utilise des images d'archive d'Yves Saint Laurent.
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Hypocrite

Dans sa nouvelle publicité, Citroën met en scène le couturier Yves Saint Laurent dans une diatribe anti-bourgeoises : "Je déteste les bourgeoises. Elles ne s’habillent pas, elles sont très ennuyeuses" N'est ce pas quelque peu hypocrite, de la part de la marque qui vient de mettre en vente des blousons en polyester à 50 000 euros ?

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Il paraît qu’Yves Saint Laurent détestait les bourgeoises, c’est la nouvelle pub Citroën qui vous le dit, qui le lui fait dire et qui essaie de perpétuer l’esprit rebelle des années 70, comme si flatter le cœur de cible pour une voiture à vingt mille euros pouvait encore consister à convaincre l’acheteur qu’il n’est pas dans le système.

Déjà on se demande comment Saint Laurent lui-même a pu se convaincre si longtemps qu’il n’en faisait pas partie. Pour ma part, quand je passais devant sa boutique en 1976  face au casino de Monte-Carlo, (mon meilleur ami de jeunesse étant monégasque) quand j’apercevais ses parents derrière le comptoir, quand je voyais leur tenue de nababs je n’ai jamais eu l’impression de surprendre une paire de résistants communistes en territoire ennemi. Et la Catherine Deneuve des grandes années, l’égérie de notre couturier rebelle correspond trait pour trait au portrait qu’il donne de la bourgeoise tête à claques dans la publicité Citroën : bien peignée, bien coiffée, très ennuyeuse.

On ne sait pas ce que les créatifs ont dans la tête en ce moment mais cette campagne Citroën à propos de la Bourgeoisie fait donc penser à ces porte-containers qui sont obligés de poursuivre leur route avec leurs milliers de tonnes d’inertie et qui éperonnent le bâtiment de la capitainerie faute d’avoir pu corriger à temps les effets du courant.

Tout indique que le courant de l’opinion a changé depuis la période bénie où il suffisait, pour vendre, d’insulter celui qui a les moyens d’acheter. L’évolution des ventes papier et de la publicité de Libération, par exemple, aurait dû renseigner l’agence sur la ductilité de la clientèle quand on veut lui caser un produit de luxe en la traitant de sale bourge : en résumé, ça ne marche plus. Non seulement la correspondance entre Gauche rebelle et train de vie scandaleux est en train d’irriter le retraité à mille euros, mais les riches eux-mêmes ne veulent plus qu’on les traite comme des bobos, ils n’ont pas honte de s’acheter une voiture chère, à condition qu’on n’essaie pas de leur vendre en même temps la haine de soi à la française. Tout indique qu’ils préfèrent l’estime de soi à l’allemande, les chiffres de Volkswagen en témoignent.

Les spécialistes ont déjà analysé depuis longtemps le phénomène en politique lorsqu’ils parlent de droite décomplexée. Visiblement les publicitaires, englués dans leurs références, leurs automatismes mentaux et leur passé Canal Plus, n’ont pas compris que la France de Saint Laurent a vécu et qu’elle est moribonde.

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