Yannick Moreau, député de la Vendée littorale : "Le discours de François Hollande à La Rochelle montre qu'il ne s'est jamais intéressé à une politique économique de la mer"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Yannick Moreau, député de la Vendée littorale : "Le discours de François Hollande à La Rochelle montre qu'il ne s'est jamais intéressé à une politique économique de la mer"
©

Entretien

Yannick Moreau réagit pour Atlantico au discours de François Hollande prononcé à La Rochelle ce 8 novembre à l'occasion des 12ème Assises de l'économie de la mer.

Yannick  Moreau

Yannick Moreau

Yannick Moreau est député de la Vendée littorale, président de la communauté de communes des Sables d'Olonne, et à ce titre il a participé à donner le coup d’envoi au Vendée Globe, et comme Secrétaire national à la Mer des Républicains il réagit au discours de François Hollande à La Rochelle hier.    

Voir la bio »

Atlantico : Yannick Moreau, vous avez contacté Atlantico pour réagir au discours de Francois Hollande, en déplacement le 8 novembre à La Rochelle. Qu'en avez-vous pensé ?

Yannick Moreau : Ce discours était surréaliste, presque affligeant. Tout ce qui compte du monde maritime était réuni à La Rochelle aux 12ème Assises de l’économie de la mer. Il ne s’est jamais intéressé à une politique économique de la mer, pas davantage de transition marine durable puisque sous son quinquennat, on n’aura pas vu encore une seule éolienne en mer installée à titre productif. C’est dire notre retard sur les pays européens du Nord qui font moins de discours à la COP21 mais agissent plus. Et là, à 6 mois de la fin de son calamiteux quinquennat, il vient se promener à La Rochelle pour afficher que "l’Etat a une ambition maritime". ? Pouvait-il avouer qu’il n’a rien fait ? C’est pourtant la vérité quand on assiste à 6 mois de la fin à l’adoption  laborieuse d’une "stratégie nationale pour la mer et le littoral" (SNML). "Stratégie" pour laquelle les acteurs de l’économie et des élus maritimes ont dû batailler jusqu’au 3 novembre pour qu’elle ait un minimum de contenu. Mais un "capitaine de pédalo" peut-il faire autre chose que du "sur place"?

Qu’est-ce que le plan "SNML", pour éclairer nos lecteurs ?

C’est un instrument de planification de la politique maritime né du Grenelle de la Mer porté par Nicolas Sarkozy, consacré par le "livre bleu 2009" qu’il a impulsé, inscrit dans la loi de 2010, ce document pluriannuel engageant fait besoin pour tracer un cap et asservir à l’Etat des moyens. Un gouvernement digne de ce nom devrait prendre au sérieux des engagements de politique industrielle maritime forts, budgétés et pris sur une durée qui correspondent à l’investissement dans un navire, 15 ans. Exactement ce que font nos concurrents comme la Chine, l’Australie, le Canada..., qui avancent avec leurs plans stratégiques à coups de milliards de dollars... A six mois de son départ, il ne servira plus à grand chose à l’Etat de le publier, et d’ailleurs ce plan in extremis n’est pas assumé par sa ministre du développement durable qui n’a aucune vision économique, encore moins industrielle, de la mer, et n’a de politique que son "plan de com". Notre pays a perdu 5 ans, dans ce domaine aussi.

C’est donc un cri d’alarme que vous poussez comme Secrétaire national à la Mer des Républicains ?

​Exactement et si je pousse ce cri d’alarme, c’est parce mes responsabilités, tant de député d’une Vendée au coeur de l’économie bleue que de président de la communauté de communes d’où s’est élancée "Vendée Globe", ont forgé ma conviction que notre pays est en train de passer à côté d’un gisement considérable d'opportunités et d’emplois. La réalité, c'est que la France n'a pas encore fait le pari de la "croissance bleue". Je suis fier de cette France qui croit à la mer; fier du Vendée Globe; fier de nos entreprises vendéennes de construction navale, de pêche et d’aquaculture qui font le dynamisme de la France littorale. Mais qui les soutient ? Qui comprend leurs efforts, qui encourage leur investissement dans l’économie bleue ? ​La vérité est qu’il aura fallu sous ce quinquennat  que ce soit un député frondeur qui ferraille contre Mme Royal et M. Vidalies pour arriver à faire voter l’unique proposition de loi "pour l’économie bleue". Publiée le 20 juin dernier, cette loi n’a pas encore un seul décret. C’est du "vent de la mer". François Hollande a fait encore à La Rochelle une promesse qui ne peut être tenue : que "80 % des décrets de ce texte paraissent avant le 30 décembre" ! Je prends date.

Que préconisez-vous d’autre ?

Trois choses. ​Dès l’élection présidentielle de 2017, donnons-nous les six premiers mois du nouveau quinquennat pour conduire un nouveau débat public aboutissant à une autre "stratégie nationale pour la mer et le littoral", avec comme cap une durée d’engagements de l’Etat correspondant à celle d’investissement dans un navire : quinze ans, et sécurisons par une loi de programmation sur la croissance bleue les acteurs de l’industrie maritime, notamment validons législativement un assouplissement de la procédure en matière d’implantation d’éoliennes en mer pour que cesse l’enlisement des contentieux.

Aussitôt aux affaires, osons aborder la défaillance de la gouvernance de la politique de la mer. La Mer est un enjeu trop stratégique pour demeurer sous l’emprise de l’Environnement ; trop interministérielle pour demeurer l’affaire d’un "secrétaire d’Etat". ​Faisons de la Mer une ambition d’Etat : un conseiller Mer à l’Elysée, un secrétaire général de la Mer à Matignon de niveau politique, une politique de l’outre-mer prenant conscience des océans sous juridiction tricolore et un ministre "de l’Economie maritime" assumant l’ambition bleue.

Enfin, proclamons d’emblée aux "entrepreneurs de la mer" que l’ambition doit être de porter l’économie maritime de 70 milliards d’€ et 310.000 emplois directs actuels à 150 milliards et un million d’emplois en 15 ans. C’est à la portée d’une nation comme la France. Cessons de s’autoflatter de nos 5000 km de littoral métropolitain et de notre 2ème Zone économique exclusive (ZEE) mondiale pour s'engager durablement en faveur des sciences de la mer, des énergies marines renouvelables, des richesses sous-marines, de la pêche et élevages marins, de la flotte de commerce, de plaisance, des industries marines, et in fine, d’emplois maritimes.

Il faut peindre en bleu tous les programmes des présidentielles de 2017. C’est à cet objectif que je me consacre, avec mes collègues parlementaires du groupe de travail  "bleu océan", pour convaincre que la mer est l’avenir de la terre ! Vendéen, je n’oublie pas qu’un autre Vendéen, le cardinal Richelieu, a eu la vision que "la France doit avoir une flotte qui puisse défendre partout l’honneur du pavillon national". La France ne peut pas rater son grand-rendez-vous avec la mer que sera l'élection présidentielle.   

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !