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Y-a-t-il une opération “briser Bayrou” en cours chez LREM ?
©JOEL SAGET / AFP

Sauver Willy

La lune de miel entre Emmanuel Macron et François Bayrou commence à avoir du plomb dans l'aile six jours seulement après la fin de l'élection présidentielle. La liste des investis par LREM pour les élections législatives n'a pas convaincue François Bayrou qui a déclaré qu'elle n'avait pas reçu "l'assentiment" du MoDem.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : François Bayrou a fait savoir le 11 mai que "la liste présentée par La République en marche" n'a pas l'assentiment du MoDem et a déclaré réunir son bureau politique sur cette question. Si ce "choc" date du 11/05, en quoi est il possible de voir, notamment au travers de certaines déclarations de Corinne Lepage  datant du 09/05 sur le site de l'Opinion, mettant en cause François Bayrou dans une affaire d'emploi payé par le Parlement européen, une forme de volonté d'affaiblissement, ou de contrôle, de François Bayrou, de la part des équipes d'Emmanuel Macron, avant même la question des investitures ? A quelle fin ? 

Alexis Massart : Je ne pense pas que la déclaration de Corinne Lepage avait un objectif particulier. Les informations dont elle a fait part, datent d'un ouvrage de plus de trois ans et elle ne faisait que répondre à la question d'un journaliste sur des écrits qui remonte à 2014.  Ce qui est en jeu aujourd'hui relève davantage de la question du positionnement politique de la future majorité présidentielle. Du côté de François Bayrou, on doit avoir la conviction d'avoir été faiseur de roi et qu'il est normal d'avoir un retour d'ascenseur. La réalité est beaucoup plus complexe. Personne ne peut dire si le nouveau président de la république aurait été élu sans l'appui de François Bayrou, mais personne aujourd'hui ne peut affirmer que le président Macron n'aurait pas ete élu sans le soutien du MoDem. Par contre, ce qui est certain, c'est que François Bayrou n'aurait pas été élu, même en l'absence d'Emmanuel Macron.

Nous sommes donc plutôt face à une période classique de négociation pendant laquelle chacun fait monter la pression en espérant obtenir gain de cause.

La nouveauté pour François Bayrou, contrairement à il y a 20 ans lorsqu'il menait, en tant que secrétaire général de l'UDF,  les négociations avec le RPR, c'est qu'il est face à un mouvement qui entend respecter son engagement profond du personnel et des comportements politiques.

En quoi les justifications avancées par les cadres d'En marche sur la faiblesse des candidats Modem, ou l'absence d'accord "politicien" peut il également avoir pour objectif de contrôler "au plus près" François Bayrou ? 

La volonté de contrôle de François Bayrou n'est pas strictement personnelle vis à vis du patron du MoDem. Son apport n'est pas remis en cause. Le nombre de candidats actuels du MoDem devrait tout de même lui permettre d'avoir un groupe parlementaire alors qu'ils n'ont pas de députés actuellement. L'essentiel est davantage de contrôler les contours de la future majorité présidentielle qui est attendue par En Marche. Limiter cette majorité à En Marche comme pivot et le MoDem comme appoint exclurait d'autres partenaires potentiels, de droite comme de gauche. Dès lors la promesse initiale ne serait pas respectée. C'est davantage au travers de ce prisme qu'il faut regarder l'ensemble de la stratégie d'investiture d'En Marche.

Que peut révéler cette volonté de contrôle du mouvement en Marche ? François Bayrou, ou d'autres, ont ils pu sous estimé la volonté d'autorité du nouveau Président ? 

Ce qui apparaît très clairement c'est que le nouveau président entend bien marquer dès le départ son autorité. Il y a-t-il eu une sous-estimation ? Possible. Ceci étant les engagements de refonte du système politique portés par Emmanuel Macron impliquaient une preuve par l'exemple des les élections législatives.

En Marche peut s'appuyer là dessus sur les déclarations de François Bayrou lui même qui avait bien déclaré qu'il n'y avait eu aucun accord préalable pour les législatives. Que des échanges aient ensuite pu avoir lieu c'est probable mais un accord officiel n'a jamais été communiqué. Dès lors, c'est bien un épisode assez classique lors duquel un parti essaye de faire monter les enchères, comportement assez classique du côté du MoDem. Reste à savoir si la réponse d'En Marche le sera également.

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