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Le vote de la loi immigration apparaît comme une victoire à la Pyrrhus pour Emmanuel Macron.
Le vote de la loi immigration apparaît comme une victoire à la Pyrrhus pour Emmanuel Macron.
© GONZALO FUENTES / POOL / AFP

Crispations

Le vote de la loi immigration apparaît comme une victoire à la Pyrrhus pour Emmanuel Macron.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Mardi soir 19 décembre, Emmanuel Macron pouvait avoir le sourire. En dépit des psychodrames qui ont jalonné cette folle journée, la loi « immigration » a été votée à une large majorité par l’Assemblée nationale. Il n’a pas cédé aux injonctions multiples de ses interlocuteurs qui se sont succédé dans son bureau, qui lui réclamaient de retirer le texte, ou encore de dissoudre l’Assemblée.

 Mais ce sourire était forcément crispé car cette victoire a un prix très lourd. La majorité relative, certes, s’est fracturée, montrant les limites du « en même temps » macroniste : vingt députés Renaissance (macronistes), cinq députés Modem ,et deux élus Horizons ont voté contre ; dix-sept Renaissance, 15 Modem se sont abstenus. Et un ministre, Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, a présenté sa démission (ils étaient cinq membres du gouvernement à menacer de quitter le gouvernement au départ).

Le texte qui venait d ’être adopté en CMP (commission mixte paritaire Assemblée-Sénat), n’avait plus que très peu de choses à voir avec celui qui avait été présenté à l’origine en Conseil des Ministres. Il avait été considérablement remanié et durci au Sénat, puis «détricoté » en Commission des Lois à l’Assemblée), pour enfin retrouver, à quelques modifications près, la configuration sénatoriale en CMP, la droite y étant majoritaire.  

Vantée par le ministre de l’Intérieur, parce qu’elle permettra d’expulser plus rapidement les étrangers délinquants et de régulariser les immigrés qui travaillent dans les métiers en tension, la loi comporte également des dispositions restreignant les droits sociaux des immigrés, notamment les aides au logement. Le gouvernement s’est par ailleurs engagé par lettre écrite au président du Sénat, Gérard Larcher, à modifier le régime de l’AME (Aide médicale d’Etat) par une loi spécifique qui serait présentée en janvier prochain. C’était une des exigences de LR. Le président du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix,  a pu se féliciter qu’avec cette loi, « la France se donne les moyens de contrôler sa politique migratoire ». Son groupe ne s’est pas fracturé pour le vote … C’est pourquoi ce vote traduit un basculement du centre de gravité de l’Assemblée à droite…Le ministre de l’Intérieur a cru bon préciser que le vote favorable a été obtenu sans les voix du Rassemblement national, ce qui s’est avéré inexact, après décompte).Et Marine Le Pen dont le groupe a voté comme un seul homme pour le texte, s’est félicitée de «  la victoire idéologique du Rassemblement national ».

Manifestement déstabilisé par le renfort du Rassemblement national qu’il se fait fort de combattre, Gérald Darmanin a reconnu que plusieurs dispositions risquent d’être censurées par le Conseil constitutionnel, ce qui montre le flou politique qui entoure ce vote, dont Emmanuel Macron devra tirer les conséquences politiques et institutionnelles . Lui qui n’aime pas agir sous la pression et prendre son temps, est aujourd’hui contraint de prendre des initiatives … Gilles Legendre, l’ancien président du groupe macroniste En Marche à l’Assemblée, qui a voté contre le texte parle d’exigence de « réponse de très grande envergure », de « redonner un vrai cap politique  aux Français », car aujourd’hui le gouvernement ressemble à un bateau ivre.

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