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Wallerand de Saint-Just : "Entre Jean-Marie et Marine Le Pen, je suis persuadé que tout finira par rentrer dans l’ordre"
©Reuters

Rabibocher

Pour l'avocat du Front national, proche de Jean-Marie Le Pen, les tensions qui animent le parti ne témoignent en rien d'une fracture idéologique.

Wallerand de Saint-Just

Wallerand de Saint-Just

Wallerand de Saint-Just est l'avocat du Front national. Il est aussi conseiller régional de Picardie.

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Atlantico : Depuis, mardi 10 juin, le journal de bord de Jean-Marie Le Pen n'est plus hébergé sur le site du Front national.  Vous avez invoqué des raisons juridiques à cela. Pourquoi, dans ce cas, ne pas avoir simplement retiré la vidéo à la source de la polémique ?

Wallerand de Saint-Just : Juridiquement, il n'est pas suffisant de retirer une vidéo pour être déchargé d'éventuelles attaques en justice. Il suffit qu'elle soit publiée même quelques secondes, pour que l'infraction soit faite. Au bout de quelques heures, certaines personnes l'avaient déjà réenregistrée dans le cas où elle serait supprimée. Il est arrivé qu'on doive se pencher sur les publications de M. Le Pen avant publication.
Mais il s'agit du site officiel du Front national, et il a été pris la décision de ne laisser la parole qu'aux dirigeants du parti. L'expression libre de M. Le Pen, matérialisée par ses vidéos hebdomadaires, présente des dangers pour le discours du parti. Nous n'avons pas les moyens, comme c'est le cas dans d'autres partis, de tout vérifier, et c'est pourquoi il était beaucoup plus facile de ne plus laisser la possibilité à M Le Pen de s'y exprimer.Il pourra bien entendu le faire ailleurs.
Il s'agit d'un détachement technique et non idéologique. Le directeur de la publication du site pourrait être tenu pour responsable, et condamné pénalement pour une vidéo librement mise en ligne par des personnes qui s'exprime à travers ce site et dont il n'est pas responsable, ce qui bien entendu n'est pas acceptable.La décision a été prise par la présidence du Front national, c’est-à-dire Marine Le Pen.

Peut-on imaginer que son titre de président d'honneur du FN lui soit enlevé pour éviter de nouveaux dérapages au nom du Front national ?

Je ne le pense pas, cela impliquerait que les statuts soient modifiés et ce serait très compliqué. Ce qu'il y a de difficile et de douloureux dans cette affaire, c'est que la présidence du parti a été obligée de prendre cette décision, alors que la phrase incriminée est tout à fait anodine. Mais nous sommes obligés de prendre en considération le poids des censeurs de la liberté d'expression qui évoluent dans notre société. Cela ne veut pas dire pour autant que l'on se plie devant eux, mais nous respectons simplement le besoin de prudence. Selon moi, M. Le Pen continuera à réagir sur son blog personnel, qui sera bien sûr très lié à celui du Front national, mais techniquement cela posera moins de soucis au directeur de la publication du site officiel. Si les propos de M. Le Pen ont de l'importance, ils y trouveront de l'écho, et s'ils n'en ont pas, ils ne seront pas relayés sur le site officiel.
Nous sommes bien obligés de traiter la parfois trop grande liberté d'expression de M. Le Pen, mais je pense que nous aurions bien mieux à faire comme de parler du fond des sujets. Je suis sidéré de voir qu'on ait pu faire de cette phrase un tel scandale.

Le retrait du blog de Jean Marie le Pen est une réaction qui peut sembler radicale. Est-ce le signe d'un décrochage entre le Front national de Marine Le Pen et son père ?

Il ne s'agit pas d'un décrochage idéologique mais plutôt sur la façon d'exprimer ses idées et ses réactions sur tel ou tel fait d'actualité, comme cela a été le cas avec M Bruel. Les expressions de M. Le Pen sont tellement libres qu'elles ne peuvent pas être exprimées sur le site du parti. C'est aussi simple que ça !

Jean-Marie Le Pen a déclaré que sa fille l'aurait "poignardé dans le dos". Jusqu'où l'affrontement entre Marine Le Pen et sa fille peut-il aller ?

Dans toute sociétés humaines, dans tous les partis politiques, et au FN, nous avons l'expérience du "fritage". Le temps passant, nous avons connu tellement d'évènements tristes, mais aussi tellement de joie, que je reste persuadé tout ça finira par rentrer dans l'ordre, et qu'ils continueront à se porter l'estime et l'amour qu'ils ont mutuellement l'un pour l'autre, et que M. Le Pen finira par comprendre que cette mesure technique est proportionnée à la difficulté que nous rencontrons.
M. Le Pen vient d'une génération où la liberté d'expression était beaucoup plus grande. Et ce qui est extraordinaire, en plus d'être paradoxal, c'est que cette réalité aujourd'hui sacralisée n'existe absolument pas. Elle est dans notre pays complètement brimée. M. Le Pen ne souhaite pas se plier à cette idée, de l'accepter, et on peut le comprendre. 

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