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Vive l’Europe, celle qui n’a jamais existé
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Les Anglais ont, nous dit-on, quitté l'Europe. Non, ils ont dit adieu à l'Union européenne. Ce qui n'est pas du tout la même chose.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les mots tombent comme une pluie diluvienne. Catastrophe, panique, apocalypse. Les bourses s'effondrent. Les gouvernements s'affolent. Le continent tremble. Les banquiers ont peur. L'Europe se meurt. L'Europe est morte …

Aucune vérité dans ces mots, inspirés par une crainte millénariste et hystérique. Non, l'Europe ne va pas mourir. Non, l'Europe n'est pas morte. L'Union européenne, peut-être que oui. Bof… Comment a-t-on pu pendant si longtemps essayer de nous convaincre que l'Union européenne, c'était l'Europe. Commençons par dire ce que n'est pas l'Europe. L'Europe, ce ne sont pas les quotas laitiers, ni les quotas de pêche. L'Europe, ce n'est pas une énième directive fixant la possibilité ou non d'utiliser le lait cru pour faire des fromages. L'Europe, ce n'est pas une réglementation tatillonne définissant l'obligation pour les voitures d'utiliser des pots d'échappement catalytiques. 

L'Europe, ce n'est pas un Parlement européen que tous les citoyens de l'UE sont appelés à élire, avec la conscience – désastreuse et dévastatrice – que leur vote ne sert à rien, puisque cette assemblée est dépourvue de tous pouvoirs. L'Europe ce n'est ni Bouygues, ni Vinci, ni Orange, ni la Société Générale qui ont fait publier dans la presse d'Outre-Manche un appel à s'opposer au Brexit. Pourquoi les Anglais auraient-ils eut envie de voter pour une banque, un opérateur téléphonique ou un gestionnaire de parking ?

L'Europe, c'est tout autre chose. Une identité de culture, de civilisation et de valeurs communes. L'Europe, c'est Athènes avec son rayonnement philosophique et artistique. L'Europe c'est Rome, sa puissance, ses légions, son Empire, avec ses "limes", des frontières au-delà desquelles étaient confinés les barbares. L'Europe c'est le Nouveau Testament, la chrétienté donc, que Jacques Chirac méprisa obstinément en refusant d'inscrire les mots "racines chrétiennes" dans la constitution de l'Union européenne. 

L'Europe, c'est l'Ancien Testament des juifs, qui a irrigué à jamais la conscience du continent, l'Ancien Testament sans qui il n'y aurait jamais eu de Nouveau Testament. Tout cela a été bafoué, nié, piétiné. En même temps, on s'évertuait avec une passion frénétique à effacer les identités nationales. Pourquoi n'a-t-on pas essayé de les remplacer, ou plutôt de les sublimer, par une identité européenne ? Ah non, ce n'était pas possible ! Il fallait que l'Europe reste ouverte à tous vents, à tous les arrivants, et – là est l'essentiel – à toutes les religions. 

Et pour cela, il fallait que l'Union européenne ne soit rien. Juste une longue et pénible litanie de chiffres, de pourcentages, d'aides et de subventions. Il fallait que l'Union Européenne soit nue : c'est pourquoi maintenant elle peut aller se rhabiller… Ce n'est pas grave. Car de ce séisme peut surgir le meilleur. Quand la Grande-Bretagne entra en guerre en 1939, Winston Churchill, un vrai homme d'état, promis à ses compatriotes de "la sueur du sang et des larmes". 

Au lendemain du Brexit, qui aura certainement des conséquences économiques douloureuses, les Anglais auront la sueur et les larmes. Mais ce seront les leurs. À eux. Rien qu'à eux. Puisqu'ils en ont souverainement décidé ainsi.

A ce propos, les gouvernements européens, une fois calmés, feraient bien de s'intéresser au sujet qui a dominé la campagne électorale anglaise : l'immigration ! Un thème symbolisé par le débat qui a opposé Boris Johnson, ancien maire de Londres et partisan de la sortie de l'UE au nouveau maire de la capitale, Sadiq Khan, musulman d'origine pakistanaise et fervent propagandiste pour le maintien de la Grande Bretagne dans l'UE 

Boris Johnson s'est illustré en posant fusil à la main au côté des combattants kurdes engagés dans une lutte sans merci contre Daech. Il n'est pas sûr qu'on aurait pu voir une telle image avec Sadiq Khan. Il y a des moments où l'on a furieusement envie de voter avec Boris Johnson. C'est pourquoi, Messieurs les Anglais vous êtes pour toujours nos amis, nos alliés, nos cousins et nos frères. Donc, vive l'Europe avec vous ! 

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