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Le froid intense s’installe sur la France.
Le froid intense s’installe sur la France.
©Reuters

Stupeur et tremblements

La France atteint des pics à la fois pour le gaz et l'électricité. Pour l'instant, le pays tient le choc, notamment grâce aux importations.

Le froid intense s’installe sur la France. Il est rendu plus aigu par un vent venu du nord-est de l’Europe, et 39 départements sont placés en vigilance orange ce vendredi. Selon Météo France, l’épisode de froid glacial devrait durer jusqu’à au moins samedi 21 heures. Aucun dégel n'est prévu dans la journée de vendredi, car "les températures maximales ne remontant pas au-dessus de - 3 à - 7 degrés en plaine et de - 8 à - 12 degrés sur les hauteurs".Sur tout l'Est, les températures sont restées très basses dans la nuit de jeudi à vendredi. La moitié ouest du pays est également concernée par la vague de froid, mais avec des températures moins sibériennes. Dans le sud, des chutes de neige étaient toujours prévues vendredi sur les Pyrénées. Cette période de grand froid reste toutefois moins intense que celle de 1985. La température "ressentie" mesure la sensation de froid éprouvée par les personnes en prenant en compte l'incidence du vent : plus celui-ci est fort, plus il est difficile de se réchauffer.

Aucun black-out à craindre

Le froid incite les Français à régler pousser à fond leurs radiateurs, et la consommation énergétique explose. La consommation d'électricité nationale a atteint 96 377 mégawatts jeudi à l'heure de pointe, flirtant avec le pic du 15 décembre 2010 (96 710 MW), selon les données de RTE, filiale d'EDF. Le sommet historique de la fin 2010 pourrait être dépassé dès lundi prochain. Pour faire face à cette vague de froid, EDF est entièrement mobilisé. Aujourd'hui, 55 réacteurs nucléaires sont en fonctionnement, pour une capacité installée de 60.000 MW. Trois réacteurs de 900 MW seulement sont à l'arrêt, pour des opérations de maintenance prévues de longue date. La disponibilité des installations est ainsi sensiblement supérieure à celle de l'hiver dernier. En décembre 2010, seuls 51 réacteurs étaient couplés au réseau.

"Aucun black-out majeur n'est à craindre" rassure Hervé Mignon, directeur de l'économie, de la prospective et de la transparence chez RTE. "Au niveau national, il n'y a pas de risque aujourd'hui, dans le sens où les moyens de production nationaux disponibles et les importations d'électricité des pays voisins permettent de répondre à la consommation d'électricité telle qu'elle est prévue". Pour passer l'hiver en sécurité, la France importe en effet de l'électricité. Elle achète à l'Allemagne et à la Grande Bretagne. La Belgique, le Danemark et l'Espagne pourraient eux aussi apporter de l'énergie.

"Mais si l'Allemagne fait face", malgré sa décision de sortir du nucléaire civil, "c'est uniquement parce qu'elle produit massivement de l'électricité grâce au gaz et au charbon. Autrement dit, elle alourdit considérablement son bilan d'émissions de CO2, explique l'expert Lionel Taccoen. Malgré d'énormes investissements, le solaire ne représente encore que 3,1% du bouquet énergétique allemand." Une solution coûteuse pour l'environnement. Dans les régions les plus exposées au risque de coupures, la Bretagne et la Côte d'Azur, les habitants ont été appelés à modérer leur consommation entre 18 heures et 20 heures.

Pour le gaz, un record absolu a été atteint mercredi: GRTgaz, le gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel, a enregistré une consommation de 3158 gigawattsheure (GWh). Le précédent record remontait au 8 janvier 2010 (3037 GWh). Signe de cette accélération: 150 millions de m³ ont été puisés jeudi dans les sites de stockage souterrains, réservés justement à ce genre de situations (contre 141 la veille). Il s'agit là aussi d'un nouveau record journalier.

Les animaux touchés

Le froid inquiète aussi les agriculteurs. Depuis quelques jours, les températures négatives menacent les cultures et la santé des animaux, comme en témoigne ce reportage de BFMTV.

Les matchs compromis

Le froid menace aussi le week-end sportif. La Ligue 2 de football est pour l'instant touchée avec le report des rencontres Laval-Metz et Tours-Le Havre prévues samedi. Côté rugby, les entraînements "des capitaines" qui devaient avoir lieu vendredi au Stade de France à la veille du match d'ouverture du Tournoi des Six nations, France-Italie, ont été annulés. Et en Pro D2, deux matches programmés ce week-end ont été déplacés aux week-ends des 24 et 25 mars. D'autres reports sont à prévoir dans la journée de vendredi.

Des perturbations dans les transports

Les transports sont aussi menacés. Deux incidents majeurs, en partie liés au froid, ont fortement perturbé la circulation des trains en région notamment sur la ligne Tours-Orléans. Vers 7 heures, un train parti d'Orléans en direction de Blois a été confronté à une rupture de caténaire. Les voyageurs sont restés bloqués dans les voitures plus de deux heures. Du fait de cet incident, de nombreux trains se sont trouvés privés d’alimentation électrique. Les trafics Orléans-Paris, Orléans-Vierzon, Orléans-Tours ont été sérieusement perturbés en matinée. Selon la SNCF, plus de 50% des trains ont été supprimés sur l’axe Orléans-Tours. La direction espérait un retour progressif à la normal dans la journée de vendredi. Durant la nuit de mercredi à jeudi, deux trains de fret sont entrés en collision à faible allure, à Maillé (Indre-et-Loire). Pas de blessé mais de grosses perturbations sur l’axe Tours-Châtellerault. Retour à la normale prévu vendredi en fin de journée.

Les voitures, l’huile ne gèle pas lorsque la température chute sous 0 °C, mais elle devient beaucoup plus épaisse. Par conséquent, lorsque vous essayez de démarrer un moteur froid, c’est comme si les pièces se déplaçaient dans de la mélasse. Cela signifie que le moteur doit travailler plus fort et donc consommer plus de carburant, et éventuellement occasionner des pannes. En plus de réchauffer l’huile et le liquide de refroidissement du moteur, l’utilisation d’un chauffe-moteur facilite le démarrage de votre voiture et peut améliorer son économie de carburant en hiver dans une proportion allant jusqu’à 10%.

Protéger les plus fragiles

Pour les humains, les risques les plus courants du froid sont: hypothermie, crises d’asthme, angines de poitrines, infections broncho-pulmonaires, etc. Il faut bien surveiller, et éventuellement couvrir, ses extrémités, comme les mains, les pieds, la tête, le nez et les oreilles, très exposés et donc sujettes aux engelures.

Sans surprise, les personnes les plus fragiles doivent être protégées en priorité. Chez les bébés, la surface occupée par la tête est proportionnellement très importante par rapport au reste du corps. Et mieux vaut privilégier, comme pour les adultes, plusieurs couches de vêtements, qui retiennent mieux la chaleur, qu’une seule épaisse. Le froid sollicite d’avantage le cœur. Celui-ci s’accélère pour éviter que le corps ne se refroidisse, et cela représente donc un danger pour les personnes âgées et les malades chroniques. Ces derniers devront éviter les efforts, comme pelleter la neige, par exemple. Les sportifs amateurs, eux aussi, devront ralentir la cadence. L’effort intense créé de la chaleur, et le froid déshydrate… Un cocktail détonnant !

De même, les travailleurs en extérieur doivent redoubler de vigilance. Ils sont exposés à une fatigue accrue, à la perte de dextérité… Le froid peut avoir des répercussions sur la qualité du travail et provoquer directement ou indirectement des accidents (glissades, perte de dextérité). L’effet d’ordre général le plus sérieux est l’hypothermie. Il survient lorsque l’individu ne parvient plus à réguler sa température interne. Ses conséquences peuvent s’avérer dramatiques : troubles de la conscience, coma, décès. Le travail au froid augmente également les risques de troubles musculosquelettiques.

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