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Vague de violence terroriste outre-Rhin : l'Allemagne politique va-t-elle sérieusement tanguer ?
©Reuters

Achtung !

Les attentats qui viennent de frapper l'Allemagne, notamment l'attentat suicide du réfugié syrien qui avait prêté allégeance à Daech, pourrait mettre à mal la politique menée par Angela Merkel. Mais même en cas de discrédit, toute la question est de savoir vers qui les Allemands pourraient se tourner.

Henri de Bresson

Henri de Bresson

Henri de Bresson a été chef-adjoint du service France-Europe du Monde. Il est aujourd'hui rédacteur en chef du magazine Paris-Berlin.

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Atlantico : Le demandeur d'asile syrien qui s'est fait exploser en Bavière, causant un mort et douze blessés, avait prêté allégeance à l'Etat Islamique. Contrairement à la France, la droite est déjà au pouvoir en Allemagne. L'AfD (Alternative für Deutschland), parti d'extrême-droite hostile à l'immigration, aurait-elle un coup à jouer ? 

Henri de Bresson : La série de trois attentats que l’Allemagne vient de connaître en deux semaines en Bavière ont bien évidemment réveillé les peurs d’être après la France et la Belgique la cible des attaques islamistes et vont relancer dans l’opinion le débat sur la justification de la politique d’accueil des réfugiés du gouvernement Merkel. Pourtant, même le gouvernement bavarois, dont la formation, la CSU, bien que faisant partie de la coalition de la chancelière, s’était violemment opposée à elle sur ce sujet, a évité de jeter de l’huile sur le feu. La presse insiste sur le fait que les auteurs semblent avoir agi seuls sans qu’il soit, à ce stade des enquêtes, possible d’y voir la trace d’opérations soigneusement organisées, comme en France ou en Belgique.

Leurs motivations seraient diverses. L’auteur de l’attaque de Münich contre un centre commercial était un germano-iranien fanatique de jeux Internet comme ces dernières années les tueurs fous d’Anvers et du campus de l’île d’Utoya en Norvège. Les auteurs des deux autres attentats ont revendiqué leur allégeance à Daesh, mais aucun ne disposait de moyens sophistiqués. L’un, jeune réfugié d’Afghanistan, s’en est pris aux passagers d’un train avec une hache, l’autre, un Syrien qui s’était fait refuser le statut d’asile et avait fait deux tentatives de suicide, s’est fait sauter dans la foule avec un explosif artisanal dans un sac à dos.

Le rassemblement d’extrême-droite AFD a naturellement aussitôt essayé de capitaliser sur la peur et l’arrêt de l’accueil des réfugiés, mais les sondages actuels le montrent plafonnant entre 9 et 12% au niveau fédéral, en dépit de bons scores de ces derniers mois lors d’élections régionales et locales.

Les prochaines fédérales allemandes se dérouleront dans un an, entre août et octobre 2017. Un rival d'Angela Merkel peut-il émerger au sein de l'alliance CDU/CSU ? Qui pourrait être pressenti ? La CSU, qui a vivement critiqué les positions de Merkel sur l'immigration, pourrait-elle quitter l'alliance ?

Les critiques de la chancelière au sein des deux grands partis de la droite allemande, la CDU, présidée par Angela Merkel, et la CSU bavaroise, vont rebondir sur la situation pour tenter d’obtenir avant les élections législatives de l’année prochaine une inflexion de sa politique. On lui reproche notamment d’avoir ouvert trop largement les frontières et de ne pas avoir suffisamment pris en compte le risque de faire entrer avec le flot de réfugiés des personnes dangereuses. Mais son principal adversaire, Horst Seehofer, président de la CSU et chef du gouvernement bavarois, n’est pas sorti du bois. "Chez nous vivent beaucoup de réfugiés qui ont un destin difficile et qu’il nous faut aider", a-t- il dit en prônant à ce stade un renforcement des moyens policiers pour repérer les cas à risque. L’histoire de la République fédérale est émaillée des conflits entre les deux partis issus de la Démocratie chrétienne, la CSU s’étant souvent réservée le rôle de jouer les durs pour capitaliser sur les situations difficiles.

En cas de victoire d'un candidat ouvertement anti-immigration, quelles pourraient être les conséquences en matière de politique internationale et de politique européenne ? Quelles sont les positions sur ces sujets qui pourraient accompagner ce changement ?

La victoire d’un candidat ouvertement anti-immigration paraît peu probable. Mais il est clair que la pression des terroristes islamistes et de tous ceux qui pour une raison ou une autre s’y réfèrent pour régler leurs propres problèmes va forcer le gouvernement allemand à se rapprocher encore de ses alliés européens, à commencer par la France, pour élaborer des réponses. La chancelière se trouve dans une position d’autant plus délicate que sa tentative de régler l’arrivée massive des réfugiés en imposant à ses partenaires un accord avec la Turquie d’Erdogan se heurte aujourd’hui à la dérive du régime turc qui, depuis le faux ou vrai coup d’Etat avorté, contraint l’ensemble de la classe politique allemande à revoir ses positions sur l’avenir des relations entre les deux pays et entre la Turquie et l’Europe.

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