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Université d’été du Nouveau Centre : le parti peut-il sortir de son état de mort clinique ?
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Phase terminale

Le Nouveau Centre tient ce samedi sa cinquième université d'été dans le Gard. Une occasion de réfléchir à l'avenir de ce parti et de se demander si son existence sur l’échiquier politique a toujours du sens.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Prévue sur quelques heures ce week-end, avec une poignée de militants, l’université d’été du Nouveau Centre pourrait très bien être le chant du cygne pour la formation politique d’Hervé Morin. Né au début d’une séquence politique caractérisée par l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée et la volonté émancipatrice de François Bayrou de son attachement au centre droit, ce parti politique estaujourd’hui en phase terminale alors que cette même séquence se clôture par la défaite du président sortant et la marginalisation du patron du Modem.

L’ambition de départ du Nouveau Centre était pourtant assez simple et conforme à l’histoire politique française : faire vivre à coté d’une droite traditionnelle dominante une formation politique de centre droit, capable de servir d’appoint à une majorité conservatrice tout en faisant valoir un positionnement modéré, empreint d’humanisme et de solidarité. L’UDF, à sa grande époque, avait même su parfois créer un véritable équilibre face au RPR. La droitisation progressive de l’UMP, son refus de laisser vivre des tendances plus centristes et l’apogée du discours sarkozyste pour l’élection présidentielle de mai dernier creusaient pourtant le sillon d’une nouvelle voie centriste.

Aujourd’hui, le Nouveau Centre est dans l’incapacité à incarner cette voie. Le passage somme toute assez discret d’Hervé Morin au ministère de la Défense et, davantage encore, son échec absolu dans sa tentative présidentielle ont clairement été un handicap majeur dans le développement de ce parti au moment même, l’élection présidentielle, où les équilibres politiques se structurent pour les cinq années à venir. Un parti dont le leader, statutaire et/ou naturel, plafonne en moyenne à 1% des intentions de vote n’est, ni plus ni moins, qu’un parti qui ne compte pas dans le système politique qui est le notre. Cette marginalisation partisane vient conforter les divisions internes qui ont sonné la fin de la partie pour le Nouveau Centre. Contrairement à la tradition politique de la gauche, basée initialement sur un fort militantisme, la droite et le centre droit sont, en France, plutôt des partis d’élus. Dès lors, les élus qui composaient l’essentiel des forces du Nouveau Centre, et qui ont par définition les yeux rivés sur la préparation des élections futures, ont de manière assez prévisible engagé une distanciation avec Hervé Morin. Le lancement, cet été, de « Force Européenne Démocrate » par Jean-Christophe Lagarde, André Santini, François Sauvadet et Maurice Leroy vient  clarifier un mouvement d’éloignement engagé depuis plusieurs mois. En créant le Nouveau Centre Hervé Morin avait emmené avec lui l’essentiel des élus qui avaient soutenu François Bayrou en 2007. Aujourd’hui, la majeure partie de ces élus quittent Hervé Morin.

Pourtant, l’échiquier politique français actuel a bel et bien besoin d’un nouveau centre. L’histoire politique française de la Vème République  s’est assez vite structurée autour de l’existence de 2 droites républicaines, la famille gaulliste et la famille libérale, centriste et radicale. Le dualisme RPR / UDF a longtemps été l’illustration parfaite de cette configuration. La création de l’UMP, dans la foulée du choc du 21 avril 2002, avait vocation à réunir tout ce petit monde dans une seule et même grande formation politique telles qu’elles existent dans les principales démocraties européennes.  Force est de constater que cet objectif s’est soldé par un échec. Le combat des chefs actuel montre bien que les gaullistes ont pris le dessus au sein de l’UMP car les différents candidats déclarés  à la présidence de l’UMP, ainsi que ceux qui caressent encore l’espoir de pouvoir l’être, sont tous originaires de l’ex RPR. Or l’UDF n’était pas qu’une simple confédération politique. C’était avant tout l’incarnation de traditions politiques plus centristes toujours présentes dans la population française. C’est tout l’enjeu de la représentation politique de cette part de l’électorat qui est aujourd’hui en jeu. Hervé Morin souhaitait incarner ce peuple centriste en se positionnant en concurrent-allié de l’UMP. La probabilité la plus forte de voir renaitre une nouvelle forme d’UDF, qui incarnerait un centre droit français ne se situe pas aujourd’hui de son côté. C’est bel et bien la stratégie de Jean-Louis Borloo qui semble pour le moment la plus prometteuse. C’est d’ores et déjà ce qu’ont acté les dissidents du Nouveau Centre et annonçant très clairement, comme l’a fait Jean-Christophe Lagarde, qu’ils souhaitaient se rallier à une future confédération centriste dirigée par l’ancien Ministre de l’Ecologie.

La constitution d’un nouveau centre est donc bien l’enjeu politique des mois qui viennent. Avec la création d’un groupe parlementaire, l’Union des Démocrates et Indépendants, Jean-Louis Borloo a confirmé son leadership sur cette partie de l’échiquier politique. En intégrant ce nouveau groupe, Hervé Morin a déjà quelque part acté que le nouveau centre auquel il aspire ne sera finalement pas celui qu’il dirige. C’est davantage dans la création d’une nouvelle UDF, autour de Borloo, que résident aujourd’hui les véritables espoirs de cette famille politique.

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