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Université d’été communiste : Mélenchon parviendra-t-il à finaliser sa fusion acquisition sur l’extrême gauche ?
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OPA sur les rouges !

L'université d'été du Parti communiste s'est ouverte ce vendredi, en présence du secrétaire national du parti, Pierre Laurent, mais sans la présence de Jean-Luc Mélenchon. Le PCF reprendrait-il son autonomie sur le Front de gauche ?

Vincent Tiberj

Vincent Tiberj

Vincent Tiberj est chargé de recherche à Sciences Po. Diplômé et docteur en science politique de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, il est spécialisé dans les comportements électoraux et politiques en France, en Europe et aux Etats-Unis et la psychologie politique,

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Atlantico : L'université d'été du Parti communiste s'est ouverte vendredi à Saint Jean de Maurienne. Jean-Luc Mélenchon n'y est pas attendu. Après l'union de la présidentielle, est-ce le divorce entre le PC et le Parti de gauche ?

Vincent Tiberj : Au sein du Front de gauche, le Parti communiste a toujours voulu garder une certaine autonomie. C'était toute l’ambigüité du Front de gauche, dès sa naissance. Le PCF cherchait un moyen d'exister et de reprendre une certaine place au sein de la gauche de la gauche. Le Front de gauche a été "la création" qui lui a permis de dépasser ses vieilles divisions internes. Mais cette création lui a un peu échappé avec l'émergence de la figure charismatique de Jean-Luc Mélenchon.

Au départ, le Parti de gauche, que Jean-Luc Mélenchon a apporté en corbeille de mariage, était extrêmement faible en termes de militants par rapport à l'énorme organisation que représente encore le Parti communiste français. Pour le PCF, le Front de gauche était une manière de se présenter différemment, de se dé-ringardiser.

Mais au-delà de cette opération "peau neuve", il y a encore une volonté du PC de conserver son organisation. Pierre Laurent l'a bien dit la semaine dernière : "Il n'y a pas de président du Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon n'est pas président du Front de gauche." Le message est clair : les communistes veulent continuer à exister par eux-mêmes.

Après son score décevant à l'élection présidentielle et son échec aux législatives face à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon n'a-t-il pas définitivement raté l'occasion de finaliser son OPA sur le Parti communiste ?

Gardons à l'esprit que Jean-Luc Mélenchon a, malgré tout, gagné sur deux points. D'abord, il réalise le meilleur score du Parti communiste depuis 1981. Depuis Georges Marchais, aucun candidat du PC n'avait fait un résultat à deux chiffres. En termes de potentiel électoral, c'est très important.

Deuxièmement, Jean-Luc Mélenchon a peut-être supplanté le parti dans l'électorat. Pour beaucoup d'électeurs, le Front de gauche c'est Jean-Luc Mélenchon. De même, lorsque la droite parle du Front de gauche, elle vise Mélenchon.

Son OPA est donc en partie réussi, même s'il n'est pas parvenu à annexer l'organisation communiste. C'est un peu normal. Historiquement, le Parti communiste est tout de même le seul parti de masse en France. C'est l'un des plus vieux parti français, fondé dès le début les années 20. C'est aussi l'un des partis les mieux organisés. On ne peut pas s'emparer du PC comme cela !

C'est d'ailleurs tout le problème du Parti communiste. Son organisation est tellement lourde qu'elle est impossible à réformer. Alors même que Mélenchon s'imposait comme un bon candidat potentiel avant l'élection présidentielle, une grande partie de l'appareil défendait la logique de présenter un candidat communiste. Contre toute logique politique. Il suffit de se souvenir du score étriqué de Marie-George Buffet en 2007 (moins de 2%). Les communistes ont également perdu beaucoup d'élus car ils n'arrivaient pas à se renouveler.

Pour se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, le PC pourrait-il envoyer certains élus au gouvernement ? 

L'entrée des communistes au gouvernement était envisageable après la présidentielle. Il y avait une possible fenêtre de tire. Aujourd'hui, cela paraît peu probable pour plusieurs raison. L'électorat de gauche soutient déjà moins la politique du gouvernement. On n'est pas encore dans une logique de défiance, mais déjà dans une logique de recul. La politique du gouvernement va être axée sur la rigueur et ne sera pas forcément compatible avec le programme et les aspirations de la gauche de la gauche.

Il y a des coups à prendre. D'autant plus que Jean-Luc Mélenchon a déjà commencé à créer le clivage. Il a notamment parlé de "cent jours pour rien" tandis que Philippe Poutou comparait la politique de François Hollande à celle de Nicolas Sarkozy.  A terme, la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est de créer un Die Linke à la française, non pas pour intégrer le gouvernement, mais pour le supplanter. 

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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