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Une tempête de conneries médiatico-politiques s’est-elle abattue sur la France en même temps que l’avion de Florence Cassez y atterrissait ?
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Délires français

La jeune française a été libérée après 7 ans passés dans une prison mexicaine. Beaucoup de bonheur ? Surtout beaucoup d’hystérie.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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"Elle arrive !" "Je la vois !" "Elle porte une queue de cheval !" "Elle est dans un minibus à côté de Laurent Fabius !" "Son père est près d’elle !"
Hier, pendant quelques heures, toutes les radios, micros brandis, toutes les télévisions, caméras braquées, ont fait vivre à la France, et en direct, le retour de la détenue.

Un président, Nicolas Sarkozy, s’est battu sans relâche pour qu’elle soit libérée. Un autre, François Hollande, la reçoit à l’Élysée. Il est vrai que le cas de Florence Cassez, à travers ses comités de soutien, et grâce aux conférences de presse qu’elle accordait depuis sa cellule, était devenu une affaire nationale.

La Française avait été condamnée à 60 ans de prison pour complicité d’enlèvement et de séquestration. 60 ans ! C’est énorme. Rien de tel n’existe dans le code pénal français. Mais au Mexique, telle est la loi. Florence Cassez partageait sa vie et le domicile d’un criminel présenté comme le chef du gang du Zodiaque. Responsable d’enlèvements et d’assassinats. Dans la cave de son ranch, on retrouva trois otages ligotés. Mais manifestement, Florence Cassez n’allait jamais à la cave…et ignorait tout des activités de son compagnon.

Au Mexique, il  y a environ 6 000 enlèvements contre rançons par an. Le pays est jonché de cadavres : les narco-trafiquants tuent encore plus qu’ils enlèvent. La police mexicaine est notoirement corrompue et aussi, tristement, expéditive.  Et c’est ainsi qu’elle a procédé avec Florence Cassez. Une mise en scène destinée à montrer aux télévisions mexicaines une arrestation en direct alors que la Française avait été arrêtée la veille. Une enquête bâclée. Entachée d’irrégularités. Suffisamment d’entorses au droit pour que la Cour suprême du Mexique décide, in fine, de la libérer.

Florence Cassez a passé 7 ans en prison : si elle n’a rien fait, rien vu, rien entendu, c’est trop. Si elle est, au contraire, coupable, c’est suffisant. Et de ce point de vue-là - mais de ce point de vue-là seulement - bien qu’elle soit rentrée en France, Florence Cassez restera donc à jamais présumée innocente.

La seule question qui vaille ne concerne pas mademoiselle Cassez, dont il est à souhaiter qu’elle vive désormais en paix (encore que des éditeurs vont la harceler pour obtenir d’elle un livre). Il s’agit de la France. Dans quel étrange pays vivons-nous ? Ingrid Betancourt, détenue par les FARC dans la jungle colombienne, n’a pas, et de loin, suscité de passions comparables. Elle n’était, il est vrai, pas tout à fait française puisque seulement Franco-Colombienne…

Dans quel étrange pays vivons-nous ? Dans un pays où les radios qui parlent "sons" et les télévisions qui parlent "images" ont réussi à faire croire que nous étions tous des "Florence Cassez". Dans quel étrange pays vivons-nous ? Dans un pays où la peopolisation, que ce soit pour des causes bonnes, mauvaises ou futiles, a pris de telles proportions que deux présidents se sont laissés entraîner dans ce tourbillon irrésistible.

Hier, devant la prison où tous les envoyés spéciaux venus de France attendaient la libération de notre prisonnière tant aimée, une femme hurlait sa colère. Son mari avait été mutilé et assassiné par le gang du Zodiaque. Vous l’avez entendu ?

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