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Une leçon pour l’après-crise : renforcer les services essentiels qui ont permis la résilience !
©FREDERICK FLORIN / AFP

Monde d'après

Dans le cadre de la reconstruction pour le monde d'après et face aux conséquences de la crise sanitaire et économique liée au coronavirus, il sera nécessaire d'insister et de renforcer les services essentiels, publics et privés.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Le « monde d’après » est à la mode. Analystes, politiques, observateurs de toutes tendances rivalisent pour imaginer, faute d’avoir vu souvent arriver le désastre humain, social économique, et bientôt peut-être politique, qu’a été et continue d’être l’épidémie de Covid 19, le monde tel qu’il sera. Si l’effort de prospective est méritoire, il est toujours utile de garder à l’esprit qu’en fait d’avenir, les incertitudes dominent, et que l’Histoire ne connaît pas de ruptures mais plutôt des continuités, des inflexions, des accélérations. Dans un tel contexte, il est sans doute plus raisonnable de s’interroger pour savoir ce que nous a appris l’épidémie, quelles ont été nos erreurs, et, au moins autant, sur quelles « masses de granit », pour reprendre l’expression de Bonaparte, nous avons pu compter pour tenir.

Disons-le tout net : il ne s’agit pas de distribuer ici les bons et les mauvais points. L’on serait tenté, alors que les français ont craint un moment des pénuries de nourriture, de railler les grands mots tels que la « start-up Nation ». Ce serait oublier que le secteur numérique, dans une certaine mesure, a aussi joué un rôle positif durant les pires moments de la crise.

S’il est donc nécessaire de trier le bon grain de l’ivraie, c’est-à-dire de savoir discerner l’important de l’accessoire sans céder à la facilité du « il faut être absolument moderne » de Rimbaud, il faut insister ici sur le rôle spécifique des services essentiels, publics et privés, face à la crise.

En ce qui concerne les services publics, rien de nouveau dirait-on dans un pays qui a inventé la notion de même de service public, qui consacre une part sans équivalent de son PIB et de ses impôts à leur financement, dont le taux d’emploi public par habitant est si élevé etc. La France n’est pas les États-Unis, lesquels ont du mal - hormis les forces militaires au rôle reconnu - à valoriser, à tous les sens du terme, l’action publique. La crise des « gilets jaunes », donnant un visage aux analyse de Christophe Guilluy, a rappelé l’importance des services publics pour les territoires. Le Président de la République a souligné le rôle essentiel joué par les forces de sécurité (gendarmerie, armée de terre) dans la gestion de la crise. Tout ceci est fort bien…sauf que chacun comprend qu’en fait de services publics, la gestion à la petite semaine du « toujours plus d’argent » a conduit à trop longtemps différer des modernisations et des choix de périmètre de l’action publique désormais cruciaux. L’exemple de l’hôpital, tant abîmé par les 35 heures et l’absence de recherche de performance, l’illustre. Et que dire de l’armée, conduite à intervenir très au-delà de ce que son contrat opérationnel – et donc ses moyens – prévoit ? Si les services publics ont globalement tenu, il est urgent d’enfin se donner les moyens de les moderniser sauf à faire face à des ruptures majeures lors de la prochaine crise.

A côté des services publics, il faut également souligner le rôle majeur joué par les services essentiels à caractère privé. Durant toute cette crise, les français n’ont ainsi pas été confrontés à des coupures d’électricité ou des rationnements d’eau courante. Or ceci n’était ni évident, ni, c’est le plus important, forcément pérenne. Il n’était nullement acquis que les entreprises concernées dans l’électricité (EDF) ou dans l’eau (Véolia, Suez) assurent telles qu’elles l’ont fait, la satisfaction continue des besoins des français : elles se sont puissamment mobilisées, ont dû se réorganiser dans l’urgence, et, pour beaucoup de leurs salariés, à l’image du personnel hospitalier, faire preuve d’un fort engagement personnel. Si ces entreprises ont tenu, au service des français, il serait là encore illusoire, alors que des moyens considérables de relance économique sont en discussion, que la qualité des services qu’elles assurent puissent être maintenue et les ambitieux objectifs environnementaux atteints, sans qu’un effort puissant d’investissement au service de leur modernisation soit consenti. Les dirigeants des deux principales entreprises de service à l’environnement évaluaient d’ailleurs récemment à 27 milliards d’euros les investissement supplémentaires nécessaires d’ici à 2025. Si un tel chiffre mérite sans doute d’être analysé et discuté, il atteste de l’ampleur des efforts à fournir. Il doit d’ailleurs être mis en perspective avec d’autres données parlantes parmi lesquelles l’état de la gestion de l’eau : le France réutilise seulement 0,8% de ses eaux usées, contre 8% en Italie et 14% en Espagne !

En définitive, se féliciter de la résilience des services essentiels, publics et privés, ne doit être l’arbre qui cache la forêt. Cette résilience a été conquise souvent de haute lutte. Surtout, elle n’a été possible et ne le restaura qu’au prix d’un investissement soutenu.

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