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Une étude scientifique montre que la prédisposition au suicide serait liée à une composante génétique
©JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP

ADN

Une étude publiée dans la prestigieuse revue The Lancet tend à démontrer que certains marqueurs génétiques pourraient avoir un lien avec les comportements suicidaires.

Michel Debout

Michel Debout

Michel Debout est professeur émérite de Médecine légale et de droit de la santé, et psychiatre, au CHU de Saint Étienne. 

Il est membre associé du CESE et membre de l'Observatoire national du suicide, spécialiste de la prévention du suicide et des eisques psycho-sociaux au travail. Il est auteur de nombreux ouvrages dont "Le traumatisme du chômage"  (editions de l'Atelier, 2015) et "Le Renouveau démocratique : placer la santé au cœur du projet politique" (éditions de l'Atelier, août 2018).

 

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Atlantico : Une étude américaine affirme qu'une des explications possibles du suicide serait d'ordre génétique. Serait-on donc naturellement plus voué à devenir dépressif et en venir à se suicider ?

En fait c'est une interrogation ancienne, on a observé depuis longtemps que certaines familles y sont plus confrontées. Ce qui laisse à penser que le risque suicidaire serait dans les gènes, et se transmettrait d'une génération à une autre. Mais il y a une autre piste, un acte suicidaire initiale dans une génération va être déclencheur d'un traumatisme familial, qui provoquera une fragilisation chez les descendants. Observer qu'il y a des familles avec des risques suicidaires importants ne signifie pas forcément qu'ils sont d'origines génétiques. Au contraire de la dépression clinique, qui elle, peut se transmettre par les gênes.

Cela confirme-t-il l'idée répandue selon laquelle avoir des ascendants qui se sont suicidés augmente le risque de suicide ?

C'est une observation intéressante, mais ce n'est pas parce que vous avez un ancêtre qui s'est suicidé que vous ferez de même. A l'inverse certains suicidés n'avaient aucuns antécédents familiaux. Cependant s'il y a des facteurs héréditaires et comportementaux pouvant mener au suicide, comme la dépression, l'anxiété, ou des comportements autodestructeurs, il faut être plus vigilant.

Quelle importance à cette composante génétique dans l'ensemble des explications qui amène une personne à cet acte extrême ? 

Un humain vit en relation avec les autres, tous ces facteurs interagissent. Nous ne sommes pas qu'un tas de chromosomes ! Grâce à l'épigénétique on sait que les gènes dont on hérite peuvent varier en fonction des facteurs environnementaux. Cela complexifie encore la compréhension de l'hérédité des pathologies dans les gènes, toutefois peut être pourra-t-on repérer à l'avenir les personnes les plus "à risques", qui présentent des chances d'anxiété ou de dépression. Mais le grand défi n'est pas de comprendre les facteurs de risques suicidaires, dont on connait les éléments aggravants ou détendant (Famille, amis, environnement social…) mais le passage à l'acte en lui-même. Quesque qui va provoquer le passage à l'acte ? Quand on prend deux personnes avec les mêmes facteurs de risques et de protections, l'une va se suicider et l'autre pas. Peut être que l'on s'apercevra que c'est au niveau du passage à l'acte que les gènes sont importants.

Pourrait-on utiliser ces données pour cibler les profils suicidaires, ou éviter par d'autres moyens que les profils de type suicidaires passent à l'acte ?

Encore une fois le suicide est un révélateur de la complexité de l'humain, à travers sa psychologie, sa sociologie, jamais un humain ne se résumera à ses gènes. La prévention du suicide restera toujours au niveau de la personne humaine, et pas de la génétique.

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