Un régime équilibré permet de maintenir une meilleure santé du cerveau et de préserver ses capacités cognitives<!-- --> | Atlantico.fr
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Une salade avec de la laitue fraîche, des tomates, des noix grillées et une vinaigrette miso yaki au tofu est photographiée dans un restaurant à Johannesburg.
Une salade avec de la laitue fraîche, des tomates, des noix grillées et une vinaigrette miso yaki au tofu est photographiée dans un restaurant à Johannesburg.
©GUILLEM SARTORIO / AFP

Atouts de l'alimentation

Suivre un régime alimentaire équilibré permet d'avoir de meilleures fonctions cognitives, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Mental Heatlh.

André  Nieoullon

André Nieoullon

André Nieoullon est Professeur de Neurosciences à l'Université d'Aix-Marseille, membre de la Society for Neurosciences US et membre de la Société française des Neurosciences dont il a été le Président.

 

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Atlantico : Dans une étude récente publiée dans la revue Nature Mental Health, des chercheurs ont étudié la santé cérébrale d'individus identifiés avec quatre sous-types alimentaires distincts, à savoir sans amidon, végétarien, riche en protéines et pauvre en fibres et équilibré. Quelle était la méthode de cette étude et quelles sont les conclusions majeures ?

André Nieoullon : Il s’agit d’une étude basée sur l’analyse de données obtenues sur une large population de personnes du Royaume-Uni, âgées en moyenne de 70 ans et déclarant, sur la base d’un questionnaire, comme s’adonnant à l’un ou l’autre des régimes alimentaires que vous citez. L’analyse est comparative, la référence étant le régime considéré comme « équilibré », de type méditerranéen. Le postulat de base, déjà très ancien, est qu’il existe une relation entre la santé d’un individu, notamment sa santé mentale, et la façon dont il se nourrit. Cette étude analyse de façon corrélative les incidences potentielles des 3 régimes alimentaires (sans amidon, végétarien, riche en protéines-pauvre en fibres) sur la santé mentale notamment. Elle est complétée par des analyses en IRM (imagerie cérébrale), par la mesure de biomarqueurs, et jusqu’à une analyse large du génome des individus. 

Conformément à ce qui était attendu, l’étude montre qu’il existe une relation entre le fait d’avoir un régime alimentaire non équilibré et la prédisposition à un certain déclin cognitif, à l’incidence des maladies neurodégénératives, ainsi qu’à la survenue de dépressions ou d’états d’anxiété, par exemple, alors que la santé mentale des personnes dont le régime alimentaire est équilibré, en prenant pour référence le régime méditerranéen, présentent les meilleurs résultats. S’agissant des données de l’imagerie, l’auteure, Membre éminent de la communauté scientifique indienne, souligne une atteinte de l’épaisseur du cortex cérébral dans le cas du régime privilégiant la consommation de sucres et de graisses saturées ; et les études génétiques montrent, sans entrer dans les détails, des différences portant sur 16 gènes et sur 127 biomarqueurs entre ce régime très riche et les tenants du régime méditerranéen. Toutefois, au-delà de la description des effets constatés, peu de considérations en sont tirées. 

Au total, même si la catégorisation des régimes alimentaires basée sur des déclarations sans vérification peut être critiquée, notamment parce qu’il n’y a pas de données sur la consommation d’acides aminés essentiels, d’éventuelles carences en oligoéléments ou encore sur les omégas 3, par exemple, il n’en reste pas moins que cette étude vérifie comme attendu l’impact significatif du régime alimentaire sur la santé mentale. Par exemple, plusieurs études -bien que critiquées par certains auteurs-ont déjà montré la plus grande fréquence de syndromes dépressifs chez les adeptes du régime végétarien. Mais rien n'exclue à ce stade que la santé mentale de ce groupe soit d’abord liée à la personnalité des individus plutôt qu’à sa façon de se nourrir…

En quoi une alimentation équilibrée permet-elle de bénéficier d’une meilleure santé cérébrale et cognitive ?

Le cerveau, tant pendant le développement que chez l’adulte, est très sensible pour son fonctionnement à l’apport indispensable non seulement de glucose dont les neurones sont grands consommateurs comme source d’énergie, mais aussi d’acides aminés essentiels, d’oligoéléments, de vitamines (notamment A, C, E, B6, B9 et B12), ou encore d’anti-oxydants d’origine exogène permettant possiblement de lutter par exemple contre les processus dégénératifs. Par contre, le cerveau est très sensible à l’apport délétère d’alcool, bien entendu, mais aussi d’acides gras saturés qui altèrent la structure et le fonctionnement des membranes des cellules nerveuses. A cet égard nous savons par exemple qu’il existe une relation entre la consommation excessive de glucose, d’acides gras saturés et, plus généralement, le diabète et l’obésité, et l’incidence des maladies neurodégénératives. Dans ce cas, ce type de régime alimentaire impacte significativement les fonctions cognitives. Il est également notable que ces régimes trop riches se traduisent par des atteintes de la microcirculation cérébrale qui limitent à la fois l’apport des nutriments et celui de l’oxygène dont le cerveau est le plus grand consommateur de l’organisme, et impactent par-là le fonctionnement neuronal.  

Quels sont les bons conseils pour suivre un régime équilibré afin de maintenir son cerveau en bonne santé et pour préserver ses capacités cognitives ? Une éducation alimentaire précoce permet-elle d’améliorer la santé du cerveau ? La diététique peut-elle agir sur la santé mentale ? Le régime méditerranéen permet-il d’avoir une meilleure santé cérébrale et un risque réduit de maladies neurodégénératives ?

Comme vous l’indiquez, en termes de prévention des atteintes des fonctions cognitives et, plus généralement, de la santé mentale, il est nécessaire de se référer à une éducation mettant en exergue à la fois les ingrédients indispensables au bon fonctionnement du cerveau et surtout ceux présentant à coup sûr un danger à termes, représenté par un déclin cognitif accéléré avec le grand âge, y compris en considérant l’incidence des pathologies neurodégénératives dont en particulier les démences de type Alzheimer. Ainsi, le « vieillir en bonne santé » se réfère-t-il, depuis notamment aux études sur les super-centenaires, adeptes du régime méditerranéen, considérant que la plupart des « zones bleues », sauf au Japon, sont principalement localisées autour de l’arc méditerranéen. Cette éducation « à bien se nourrir » pour préserver l’avenir a même été formalisée par certains qui y voient une nouvelle dimension thérapeutique en santé mentale qu’ils nomment « psychiatrie nutritionnelle » ou encore « psycho-nutrition ». Pour ma part, je préfère m’en tenir à la notion d’éducation thérapeutique tellement essentielle dans notre société, ne serait-ce que pour dénoncer les conséquences désastreuses de certaines carences préconisées par quelques gourous auto-proclamés, sur le fonctionnement cérébral.

Les goûts pour la nourriture, un des facteurs clés des habitudes alimentaires, ont-ils des conséquences directes sur le cerveau, notamment sur les maladies chroniques et la santé mentale ? Des liens ont-ils été observés entre une consommation élevée de sucre et de graisses saturées et le déclin cognitif et les troubles psychiatriques ? Les régimes alimentaires malsains sont-ils associés à des risques plus élevés de dépression et d’autres troubles psychiatriques par rapport aux régimes équilibrés riches en aliments d’origine végétale ?

C’est un point que j’ai déjà abordé. Oui, il existe de nombreuses études, au-delà de l’étude citée dans cet article, considérant qu’il existe une relation entre la façon de se nourrir et l’incidence des états dépressifs, des capacités cognitives, ou encore la survenue des maladies neurodégénératives, le diabète ou encore l’obésité étant considérés dans ce dernier cas comme des « facteurs de risque » de ces maladies. S’agissant de la dépression, le lien avec le régime alimentaire a été exploré par plusieurs équipes considérant que la dépression représente un problème de santé publique majeur, avec une incidence de l’ordre de 8% de la population. Bien que des résultats contradictoires aient pu être rapportés, il reste que la plupart des travaux montrent que les régimes trop riches en protéines et en sucres, possiblement au travers d’un effet sur la circulation cérébrale, ou encore les régimes carencés en fer, impactent l’humeur. Mais les données les plus intéressantes en ce domaine portent sur les effets positifs d’un apport en zinc, magnésium, vitamines du groupe B, huile d’olive et consommation de poissons gras pour diminuer le risque de dépression.

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