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Un demi-siècle après le premier homme, la Lune fait toujours rêver et attire plus de charlatans que de vrais entrepreneurs...
©BAY ISMOYO / AFP

Arnaques

La course à la conquête de la Lune est de retour, mais cette fois, ce sont les entrepreneurs qui prennent les devants. Entre charlatans et mégalos…

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La conquête de la Lune a pourtant commencé par une arnaque. Depuis les années 2000,  une société nommée Lunar Embassy, littéralement l’ambassade de la Lune en français, s’est autoproclamée propriétaire lunaire. Elle vend des parcelles de Lune à qui veut bien en acheter. 
Dennis Hope, le dirigeant de Lunar Embassy, justifie cela à coup d’article du "Traité de l’Espace", signé en 1967. Pour lui, aucune nation ne peut se revendiquer propriétaire de la Lune, ce qui en fait un bien collectif. Surtout, il existe un traité de la Lune du 5 décembre 1979 qui stipule qu’un « ressortissant d’un Etat d’un pays signataire ne peut pas revendiquer quoique ce soit sur le territoire de la Lune. » Mais les Etats-Unis ne l’ont jamais ratifié et ne sont donc pas tenus de s’y conformer.
L’homme fait de la pub et a même créé un site pour commercialiser son offre : https://www.moonestates.com
Le lopin de lune y est vendu à un modeste prix de 20 dollars la parcelle et la société a ainsi écoulé plus de 95 millions de mètres carrés. Il y aurait même eu des clients prestigieux comme George W. Bush, Ronald Reagan ou bien encore Jimmy Carter. Comme le dit un des investisseurs sur la page internet : « A ce prix-là, ça ne coûte rien de savoir si ce sera un bon investissement pour le futur ». C’est un certificat accroché à un mur, un cadeau pour faire plaisir. 
Mais la conquête de la Lune ne s’arrête pas aux charlatans de l’espace, elle attire aussi des entreprises privées parmi les plus sérieuses. Au cours de la dernière décennie, l’espace est apparu un domaine plus ouvert aux entrepreneurs et moins aux pays et à leurs agences gouvernementales, un vrai marché à conquérir.
Et les Etats-Unis, dans cette conquête, restent en première ligne en prenant des législations spéciales extra territoriales relatives à la Lune. Selon le Space Act de 2015, il est possible pour un agent privé d’« entreprendre l’exploration et l’exploitation commerciale de ressources spatiales ». Ainsi, quatre licences ont été accordées à des entreprises qui ont l’autorisation d’exploiter des minerais. 
Parmi les dirigeants d’entreprises les plus en vue pour aller sur la Lune, Elon Musk est évidemment en lice. Avec la fusée BFR de SpaceX, le prochain voyage lunaire est prévu pour 2023 et embarquera à son bord le milliardaire japonais et une demie-douzaine d’artistes qui sont invités à créer une œuvre à leur retour sur terre pour un succès commercial total. Mais l’initiative de l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, avec Blue Moon, est encore plus aboutie. Lui prévoit aux hommes d’alunir et de rester sur la Lune, du côté du pôle sud, là où se trouve de l'eau. L'eau devrait servir à produire de l'hydrogène, principal carburant pour explorer le système solaire. « Nous, les humains, nous devons aller dans l’espace si nous voulons continuer à avoir une civilisation florissante. Nous sommes devenus une grande population, une espèce et notre planète est relativement petite. Nous le voyons dans des domaines tels que le changement climatique, la pollution et l’industrie lourde » se justifie Jeff Bezos. Et d’ajouter :  « L’exploration de l’espace doit permettre à l’homme d’y travailler et de renvoyer les produits finis sur la terre. » Ce qui permettrait, selon lui, d’éliminer les gaz polluants émis par nos industries et transformera la terre en une zone résidentielle. Cela dit, il ne résout pas la question du transport spatial qui n’a pas de raison d’être moins polluant que le transport aérien.
Les entreprises privées qui veulent se lancer dans l’espace ont tout le soutien de Donald Trump, qui veut à tout prix que l’Homme retourne et s’installe sur la Lune avant la fin de son éventuel second mandat, "par tous les moyens nécessaires" a-t-il affirmé.
De son côté, la Chine – qui a depuis longtemps largement dépassé la Russie en la matière – a également fait part de ses conquêtes, avec le lancement réussi d’engins sur la face sombre de la Lune. 
Finalement, c’est encore à cause d’un affrontement entre deux puissances, cette fois chinoise et américaine, que la Lune entre de nouveau dans la scène 50 ans après. 

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