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Trump président impulsif, incendiaire... mais souvent efficace ?
©JIM WATSON / AFP

Nuances

Malgré les critiques qui lui sont régulièrement adressées, le président américain Donald Trump conserve un socle de soutiens important aux Etats-Unis et l'élection présidentielle est loin d'être jouée d'avance.

André Kaspi

André Kaspi

André Kaspi, est agrégé d'histoire, spécialiste de l'histoire des États-Unis. Il a été professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur du Centre de recherches d'histoire nord-américaine (CRHNA). Il a présidé notamment le comité pour l'histoire du CNRS.

 

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Atlantico : À l’approche de l'élection présidentielle américaine, le bilan de Donald Trump est-il aussi catastrophique que ses opposants démocrates et ses détracteurs européens le décrivent ?

André Kaspi : Je pense qu’il faut apporter de la nuance aux portraits caricaturaux dressés de Donald Trump, en particulier en Europe. Sur le plan international, le président américain s’inscrit dans suite directe du mouvement de pivot initié par Obama vers le Pacifique, en intensifiant le désengagement américain au Moyen-Orient mais aussi en Europe, symbolisé par le retrait de troupes et le désintérêt profond pour les causes de ses alliés européens. 

L’accord de paix sur le point d’être signé entre les Emirats Arabes Unis et Israël va dans le sens du désengagement des États-Unis au Moyen-Orient en laissant leurs alliés régionaux historiques livrer la guerre initiée contre l’Iran à leur place. 

Au niveau économique, Donald Trump tient un bilan plutôt positif. Malgré des relations tendues avec la Chine, nombre de grandes entreprises américaines, comme Tesla ou Apple, continuent d’y étendre leur influence. Donald Trump a simplement décidé que face à un adversaire aux intentions aussi impérialiste que la Chine, il ne pouvait qu’être extrêmement ferme dans les négociations pour défendre les intérêts américains. 

Sur le plan intérieur, malgré la pandémie, le taux de chômage américain (11%) pourrait redescendre rapidement grâce à une économie qui ne s’est jamais réellement arrêtée. C’est un point dont il pourra tirer avantage aux prochaines élections. 

Il a souvent été reproché à Donald Trump, par ses frasques médiatiques et ses interventions brutales, de jeter de l’huile sur le feu, en particulier lors du mouvement Black Lives Matter. Partagez-vous ce sentiment ?

Jeter de l’huile sur le feu, c’est le style de Donald Trump. C’est un négociateur brutal et farouche. Pour autant, il n’est que le reflet des fractures profondes de la société américaine. Dès son arrivée au pouvoir, les grands journaux américains tendance démocrate n’ont eu de cesse de le démolir : j’en prends pour exemple la lettre de démission de Bari Weiss du New York Times, extrêmement révélatrice de l’idéologie d’une certaine presse américaine. Aux États-Unis, vous êtes pour ou contre Donald Trump. Et ce depuis le début. Son bilan n’y changera rien. 

Le mouvement Black Lives Matter pourrait même jouer en sa faveur. Les débordements extrêmement violents qui ont eu lieu dans certaines villes des États-Unis comme Portland ont donné envie aux Américains d’un retour à la paix sociale. Et Trump en est paradoxalement le seul représentant et l’unique défenseur aux yeux de nombreux Américains.

La nomination de Kamala Harris en tant que candidate à la vice-présidence pour les Démocrates va-t-elle faire pencher la balance électorale en leur faveur au détriment de Donald Trump ?

Je ne le pense pas. Kamala Harris n’est pas une représentante de la classe travailleuse noire américaine. Elle est fille d’universitaires immigrés aux États-Unis, qui ont tiré avantage du système de discrimination positive des facultés américaines pour gravir les échelons sociaux. De plus, la population noire américaine a déjà une tendance forte à voter pour les Démocrates. Sa nomination en tant que colistière de Joe Biden ne changera donc pas grand chose au résultat final. 

En revanche, le vote par correspondance, possible jusqu’à 26 jours avant le jour J dans certains États, pourrait fortement désavantager les Républicains qui n’ont pas réussi jusqu’à présent à marquer l’opinion. Une fois de plus, les indécis seront les faiseurs de roi, la plupart des Américains ayant déjà choisi leur camp.

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