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Ce terrorisme intellectuel qui voudrait interdire toute défense de l'homme occidental
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La semaine Goldnadel

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur la polémique autour des propos de Claude Guéant. Selon lui, depuis le choc médiatique de la Shoah de la fin des années 60, toute défense de la civilisation et de l’homme occidentaux est associée au nazisme.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Depuis la semaine dernière où j’évoquais déjà la sortie controversée de Claude Guéant concernant les « civilisations qui ne se valent pas », la polémique n’a toujours pas cessé. Le ministre de l’Intérieur, en tournée aux Antilles, en est réduit à évoquer une évolution civilisationnelle dans le temps (la France esclavagiste ne vaut pas la France d’aujourd’hui), plutôt que dans l’espace, pour ne pas fâcher l’Islam. Précautions qui ne semblent guère cadrer avec la nouvelle stratégie plus intrépide prêtée au futur candidat présumé.

S’agissant d’une phrase ne mettant pas même en cause directement une civilisation plutôt qu’une autre, dénuée de mépris ou d’invectives, on mesurera l’irrationalité de la démesure polémique à l’aune, précisément, de son intensité et de sa durée. C’est dans cette irrationalité disproportionnée que j’ai toujours cherché le sens dissimulé.

Mon explication, contenue dans mes précédents ouvrages (les Martyrocrates, Réflexions sur la Question Blanche) réside dans la détestation de l’homme occidental issue de la Shoah commise par des occidentaux. D’un excès l’autre, l’inconscient collectif européen en est venu, après avoir trop longtemps méprisé l’Autre, à une dilection pour l’altérité.

Nul doute que si Claude Guéant avait critiqué la civilisation occidentale néocolonialiste ou l’American Way of Life, qu’il se serait fait davantage d’amis chez les antiracistes en carton-pâte.

Vu par... Claude Lévi-Strauss

Parmi les scories reprochés, en vrac, à l’homme blanc d’Occident arrivent dans le tiercé gagnant, les Croisades… Claude Lévi-Strauss, mobilisé cette semaine par tous les cuistres, avait su pourtant dire, sans mépris, ses vérités à la civilisation islamique en rappelant que les concepts de Croisade et de guerre sainte, tant reprochés aujourd’hui à l’Occident, ne sont en réalité que des répliques au Djihad islamique. Dans Tristes Tropiques (1955), Lévi-Strauss explique ainsi sa théorie de l’imitation : « Que l’Occident remonte aux sources de son déchirement : en s’interposant entre le bouddhisme et le christianisme, l’islam nous a islamisés, quand l’Occident s’est laissé entraîner par les croisades à s’opposer à lui et donc à lui ressembler. »

Le même Lévi-Strauss avait un temps, aujourd’hui oublié, été taxé de xénophobe pour avoir prôné le droit à la différentiation et à la séparation des cultures : « L’explosion démographique est une catastrophe responsable de nos maux ; elle conduit à un appauvrissement de la diversité culturelle ; pour maintenir cette dernière, il est nécessaire que les peuples limitent leurs échanges et gardent leur distance les uns par rapport aux autres ». Raciste, Lévi-Strauss ?

Interdire la comparaison entre états de développements culturels et techniques dans le temps et dans l’espace reviendrait, selon la plaisante formule de Leo Strauss, à considérer le cannibalisme comme une simple affaire de goût culinaire.

Ainsi , je soutiens que c’est depuis le choc médiatique de la Shoah de la fin des années 60, que toute défense, même timide, de la civilisation et de l’homme occidentaux ou de ses Etats-nation, est, inconsciemment, associée au nazisme.

Un terrorisme intellectuel ?

C’est ce qui fonde le terrorisme intellectuel qui tétanise les organes de cette défense. Rien donc de très étonnant, qu’à chaque polémique récurrente sur le sujet, le refoulé affleurant ne finisse par surgir chez les militants les plus déterminés.

Cette semaine, aura été le tour d’un député socialiste Guadeloupéen pour suggérer lourdement que la pensée du ministre de l’intérieur finirait par conduire à un nouveau nazisme. Mélenchon a approuvé, il ne se sera trouvé aucun socialiste courageux ou lucide pour dénoncer l’ineptie du propos.

Ségolène Royal, pour tenter de le justifier, a cru devoir rappeler que son auteur était descendant d’esclaves. Puisqu’on en est à mobiliser son arbre généalogique, je rappellerai donc, qu’à une date plus récente, la Shoah me concerne au moins autant que M. Letchimy, et qu’il ne me plait guère qu’on la mette à toutes les sauces, même créole.

Le Figaro vote une motion pour contester le parti pris éditorial de la direction

Cette semaine, la Société des Journalistes du Figaro a voté une motion pour contester le parti pris éditorial de la direction. Pour quelle raison, les sociétés des journalistes de Libération, ou, dans une moindre mesure, du Monde, n’ont-elles pas adopté des motions symétriques, compte tenu de leur engagement délibérément à gauche, si un journal d’opinion se devrait de les modérer ?

J’oserai trois explications complémentaires :

- d’abord par ce que la sociologie des journalistes est ainsi faite que la profession est idéologiquement ancrée à gauche et à l’extrême gauche (80% selon un sondage de Marianne) donc, y compris au Figaro.

- ensuite, et peut-être surtout, en raison d’une intimidation permanente et unilatérale.

C’est ainsi, que dans ces mêmes colonnes, j’ai raconté comment la Mère Courage de France Inter, j’ai nommé Sophia Aram, a moqué à longueur d’antenne Etienne Mougeotte et son journal, et eux seuls.

Enfin, il existe une tradition non écrite de la presse de droite ou généraliste d’encaisser les coups sans jamais les rendre. C’est ainsi que le placide Jean-Pierre Pernaut de TF1 fait figure de tête de Turc permanente. Dans un ordre d’idées assez voisin, le certainement pas à droite David Pujadas, mais esprit indépendant, a été traité de larbin par Mélenchon sans bénéficier de la moindre protection d’une profession habituellement sourcilleuse.

Et c’est ainsi que la gauche extrême gagne tous les combats, sans combattre.

A propose de la Cour des Comptes et France télé

Jeudi soir, le journal télévisé de France 2 a traité du rapport de la Cour des Comptes concernant la gabegie dans les services publics : ont été évoqués, les services hospitaliers ainsi que le désamiantage de l’Université de Jussieu.

Curieusement, les gaspillages récurrents à France télévision, dénoncés par les Sages de la Cour, n’ont pas été abordés. Excès de délicatesse ?

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PS : petit courrier personnel.

Ayant osé, concernant la question syrienne, suggérer que l’on était désormais en présence d’une alternative politique entre le mauvais et le très mauvais, un lecteur a cru devoir me reprocher un parti pris pro Assad, que seules expliqueraient mes sympathies sionistes.

Étrangement, c’était le même grief dont je faisais l’objet, lorsqu’il y a deux décennies, dans le silence assourdissant de la presse et des intellectuels de ce pays, je dénonçais le massacre de 20 000 opposants islamistes par le même régime à Hama. Allez comprendre.

Rue 89 a bien voulu faire la recension de mon récent « Vieil homme m’indigne » consacré à Stéphane Hessel et au succès de son petit livre jaune.

Ayant expressément désigné cette publication comme l’un des vecteurs du triomphe hesselien, c’est avec une belle cohérence idéologique, que celle-ci a décidé de ne pas faire le mien, mais sans jamais excéder les limites de la libre critique.

L’unique reproche qui m’est fait est d’avoir accusé injustement le nonagénaire encensé de mensonge pour s’être paré indument du titre de « co-rédacteur » de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948, qui lui aura servi de carte de visite o combien prestigieuse.

En substance, Rue 89 reconnaît que l’intéressé n’a jamais été corédacteur, mais que ce seraient ses zélateurs, et non lui (sauf une fois, imprudemment, en 2008) qui auraient utilisé cette « hyperbole flatteuse ». Il y aurait donc une manière d’imposture de ma part à dénoncer cette imposture imaginaire.

Las, si le préposé à la critique avait poussé la curiosité intellectuelle jusqu’à prendre connaissance de la quatrième de couverture d’ «Indignez-vous ! » (qui ne comporte pourtant que 27 pages) il aurait pu lire : « … Corédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, élevé à la dignité d’ambassadeur de France et de commandeur de la Légion d’honneur ! ».

Pour la Légion d’honneur, je confirme.

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