Tensions au Moyen-Orient : les forces américaines franchissent un nouveau cap avec des tirs de ripostes en Syrie et en Irak<!-- --> | Atlantico.fr
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Joe Biden après avoir assisté à une cérémonie d'hommage dans le Delaware aux trois militaires américains tués dans l'attaque de drone contre l'avant-poste militaire américain en Jordanie, le 2 février 2024.
Joe Biden après avoir assisté à une cérémonie d'hommage dans le Delaware aux trois militaires américains tués dans l'attaque de drone contre l'avant-poste militaire américain en Jordanie, le 2 février 2024.
©ROBERTO SCHMIDT / AFP

Attaque en Jordanie

Les Etats-Unis ont ciblé des forces d'élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie. Ces frappes interviennent après l'attaque de drone en Jordanie qui avait tué trois militaires américains.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Les États-Unis ont lancé une opération de bombardement en représailles à l'attaque par un drone qui a tué les sergents William J. Rivières, Kennedy L. Saunders et Breonna A. Moffett le 28 janvier sur l’installation militaire « Tower 22 » en Jordanie. Plus de 40 autres soldats avaient été blessés à cette occasion.

Les frappes ont été menées en partie depuis les États-Unis et la Grande-Bretagne par des bombardiers B-1B de l'US Air Force. Il a bien été précisé que ni l’US Navy et l’US Marines Corps n’avaient pas été engagés directement dans cette opération. 

Les États-Unis avaient prévenu qu'ils riposteraient à l’agression qui a eu lieu en Jordanie mais aussi aux 160 autres dirigées contre les forces américaines déployées en Irak et en Syrie depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.

Ont été particulièrement ciblées la force Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique ainsi que des milices chiites soutenus par l'Iran comme le Khataib Hezbollah et la Résistance islamique en Irak (conglomérat de milices chiites irakiennes qui avait revendiqué l’attaque en Jordanie.)

Des unités de la force de mobilisation populaire (PMF) théoriquement contrôlées par Bagdad ont également été frappées. Pour mémoire, ces unités avaient été créées en 2014 par l’Ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite en Irak, pour faire barrage à l’avancée de Daech. Ces milices ont ensuite été incorporées aux forces de défenses irakiennes mais ont en réalité gardé une grande partie de leur autonomie. 

Les forces américaines avaient déjà conduit par le passé des tirs de ripostes en Syrie et en Irak mais aucune d’une telle ampleur. 

Les dirigeants iraniens ont insisté sur le fait qu'ils n'avaient eu aucun rôle dans l'attaque en Jordanie et ont menacé de riposter s'ils étaient attaqués. Jeudi, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a déclaré à propos des liens entre l’Iran et les mouvements incriminés : « ce sont des groupes de fantoches iraniens […] Et à quel niveau l'Iran était au courant, nous ne le savons pas, mais peu importe parce que l'Iran parraine ces groupes, il finance ces groupes, et dans certains cas, il forme ces groupes […] Sans cette aide, ce genre de choses ne se produit pas. » 

En prévision de cette riposte, Téhéran avait placé toutes les forces armées - et particulièrement sa défense sol-air le long de la frontière irakienne - en état d’alerte renforcée.

D’autre part, depuis quelques jours, les unités au sol parrainées par Téhéran en Irak et en Syrie avaient commencé à se desserrer pour ne pas constituer des objectifs trop importants et limiter au maximum les pertes. 

Le CENTCOM a publié la déclaration :

« À 16 heures le 02 février, les forces du Commandement central (CENTCOM) ont mené des frappes aériennes en Irak et en Syrie contre la Force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et des milices affiliées. Les forces militaires américaines ont frappé plus de 85 cibles, avec de nombreux avions qui comprenaient des bombardiers à long rayon d’action en provenance des États-Unis. Les frappes aériennes ont utilisé plus de 125 munitions de précision. Les installations qui ont été touchées comprenaient des centres d'opérations de commandement et de contrôle, des centres de renseignement, des roquettes et des missiles, et des entrepôts de drones ainsi que des installations de logistique et de munitions des milices et de leurs sponsors du CGRI qui ont facilité les attaques contre les forces américaines et de la coalition. » 

La Maison Blanche a également publié une déclaration du président Joe Biden :

Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a ensuite précisé : « à la suite de l'attaque contre les forces américaines et les forces de la coalition dans le nord-est de la Jordanie, dimanche dernier, qui a tué trois membres du service américain, sous la direction du Président Biden, les forces militaires américaines ont aujourd'hui mené des frappes sur sept installations, dont plus de 85 cibles en Irak et en Syrie, que le Corps des gardiens de la révolution islamique de l'Iran (CGRI) et les milices affiliées utilisent pour attaquer les forces américaines. C'est le début de notre réponse. Le Président a pris des mesures supplémentaires pour que le CGRI et les milices affiliées rendent des comptes pour leurs attaques contre les forces américaines et de la coalition. Celles-ci se dérouleront à des moments et à des endroits de notre choix. Nous ne cherchons pas à entrer en conflit au Moyen-Orient ou ailleurs, mais le président et moi-même ne tolèrerons pas les attaques contre les forces américaines. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour défendre les États-Unis, nos forces et nos intérêts.» 

Les forces jordaniennes devraient participer à la suite de la campagne aérienne ce constitue une manifestation importante de solidarité avec les États-Unis de la part d'un allié régional. 

Les 85 cibles qui ont été visées en Irak et en Syrie sont réparties sur trois zones en Irak et quatre en Syrie. Les bombardements ont duré 30 minutes. Tous les appareils sont rentrés à leur base. 

Les opérations devraient se poursuivre dans les jours à venir mais les responsables américains ont souligné qu'il n'était pas prévu de frapper des cibles en Iran.

Le porte-parole du commandant en chef des forces armées iraquiennes, le général Yahia Rasoul, a publié une déclaration qualifiant les frappes américaines en Irak de violation de sa souveraineté. La déclaration dit également que les actions de l'armée américaine sapent le gouvernement irakien et risquent de le traîner dans un conflit plus vaste. 

Et c’est là que le risque se trouve.

Le président Biden n’avait pas d’autre choix à cette opération car le peuple américain est très sensible aux pertes infligées à ses militaires. Il exige des réponses fortes surtout en cette période électorale.

Mais les responsables militaires américains ont bien pris garde de ne pas provoquer directement l’Iran qui, en dehors des déclarations habituelles fracassantes, ne devrait pas entrer directement dans la danse.

Il reste le mystère des Houthis au Yémen et surtout du Hezbollah libanais actuellement en première ligne en Syrie et au Liban.

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