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Taxis et VTC, frères ennemis, arrêtons le massacre !
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Toutes les villes de la terre, qui ont vu fleurir les VTC, sont la preuve vivante que le marché est assez grand pour tous et que le marché s’est étendu, sans faire de victimes de la faillite.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La France aime s’inventer des frontières fictives. Elles séparent en général des activités qui sont les mêmes, mais à qui elle a accordé, par faveur ou par opportunité, un privilège exorbitant du droit commun. Un statut destiné à l’enfermer dans une cage dorée, dont elle ne pourra sortir que selon le bon vouloir de l’Etat. Mais à force de préserver la rente, ceux qui s’entassent à la porte finissent par être si nombreux qu’ils piétinent cette frontière artificielle et que les protégés d’hier et leurs successeurs potentiels, se retrouvent face à face, happés par une spirale de violence et obligés de prendre l’Etat comme arbitre.

Et nous voilà tous Porte Maillot, bercés par cette grisante odeur de merguez et la vue de ces belles bannières aux titres évocateurs, comme « en faillite », « uber m’a tué », « les VTC dehors » et autres fines poésies à la gloire de la langue française. Les Français qui ont encore un emploi mettent 4 heures pour faire un trajet qui leur prend habituellement 1 heure, les positions se durcissent, gage d’une ouverture intellectuelle indéniable et chacun campe sur ses positions, comme un campeur en situation illégale qui s’incruste dans une zone de non droit.

Toutes les villes de la terre, qui ont vu fleurir les VTC, sont la preuve vivante que le marché est assez grand pour tous et que le marché s’est étendu, sans faire de victimes de la faillite. La vérité est que ce débat, est faussé dès le départ. On a donné l’impression à certaines professions que leur univers était fini et que l’enclos était gardé pour le rester. Alors, en un bon chien de garde, ils le défendent. Il ne faut pas leur en vouloir. On les a conditionné pour cela.

Les nouveaux, eux, voient le marché à créer et ne comprennent pas. Il ne faut pas leur en vouloir. On les a conditionné pour la croissance et le monde infini. La solution est donc simple, emmenons les sur ce monde infini, ensemble. Elargissons le marché pour qu’ils y prospèrent, les premiers enivrés par un air neuf qu’ils ne soupçonnaient pas, les seconds prêts à se battre pour y trouver une place.

Il faut donc, pour régler ce problème, envisager l’avenir sous cette forme et gérer le court terme ainsi :

Il n’y a pas d’ennemi. Jeter l’huile sur le médiateur est simplement stupide et aveugle, déplacé et injuste. Ces messages sur Laurent Grandguillaume, lancés notamment par les VTC n’ont pas lieu d’être et n’apportent rien. Laurent est un homme qui aime l’entreprise, la transparence, la réussite. Il est libéral et ouvert et l’accuser d’impartialité est idiot car c’est faux et n’apporte rien au débat.

La réponse à la crispation n’est pas la crispation. Grève contre grève, merguez contre saucisse, n’a aucun sens. En cette matière, moins par moins ne fait jamais plus. Jeter ses forces dans la rue, c’est perdre la bataille de l’image et du public. Si les VTC veulent s’attirer la sympathie des Français, la rue n’est pas la solution car la rue les entraînera dans les catacombes des sondages. Les martyrs sont sympathiques. Pas les grévistes.  Donc laissez vos troupes au volant, on aime la France qui travaille ces derniers temps, pas celle qui bloque le pays.

La réponse consiste à déchirer la loi actuelle, même si elle a fait l’objet d’un compromis en 2014. Un compromis était un pis aller, un accord par dépit, mais en aucun cas une trame pour fabriquer l’avenir. Et ce pour une raison simple. La loi a prévu un marché fini et l’encadre strictement. Le marché lui prouve chaque jour qu’elle avait tort. L’arrivée du digital bouleverse la donne et exige que l’on repense la loi en fonction d’une technologie qui n’existait pas alors et de données de marché totalement bouleversées. En clair, on souhaite faire rentrer dans une loi ancienne, une économie toute neuve. Mais Cendrillon ne fait plus du 36 en 2016. Elle a pris 4 tailles et la loi n’est plus adaptée à cette prise de taille. Il faut donc écrire une nouvelle loi, plutôt qu’un Yalta basé sur l’ancienne.

Il faut donc abolir les frontières faites entre les VTC, le covoiturage et les taxis. Pour nous, pauvres usagers primaires, nous avons bien la sensation dans tous les cas, de monter dans une voiture, qui ne nous appartient pas, conduite par un chauffeur que nous ne connaissons pas, qui nous amène vers une destination que nous connaissons. La seule différence que nous percevons, c’est la qualité de service et le prix. Rien d’autre. Laissons donc la réalité prendre le pas sur l’artifice juridique et économique. Pourquoi maintenir des frontières qui n’obéissent à aucune réalité pratique ?

Il faudra bien entendu régler le problème de la licence, car les taxis l’ont payée et il faut bien régler ce problème. Demain chacun devra pouvoir, en respectant une norme allégée et simplifiée, pouvoir se lever le matin et pouvoir emmener nos concitoyens où ils souhaitent et ainsi se créer ou augmenter leur source de revenu. Sans avoir à payer sa dime à qui que ce soit. Ensuite, nous avons tous envie de voir de nouveaux services de qualité, à des prix abordables qui permettent ainsi à des milliers de Français, environ 14000 personnes en France, 80 000 à Londres, 20 000 à New York, d’accéder enfin à l’emploi. A une activité plus précisément.

Une fois ce marché ouvert, à tous, au bénéfice de chacun, alors nous aurons un marché actif, dynamique, qui enrichira leurs bénéficiaires, et contribuera à cette économie digitale qu’on accuse de tous les maux, alors qu’elle créé de l’activité, donc du pouvoir d’achat, de la consommation. De la croissance. Le taxi était et est encore, aux USA, le premier pas vers l’intégration. Tous les immigrés démarraient par cela. Et au bout de 3 générations, les petits enfants, étaient à Harvard et totalement intégrés au modèle américain. Si l’on regarde bien les conducteurs des VTC, nous pouvons en voir toutes les similitudes et y voir une source d’espoir colossal pour des dizaines de milliers de chômeurs.

Il faut donc montrer à chacun la voie de la croissance et les moyens d’y accéder. Les taxis doivent sentir qu’ils seront gagnants et non victimes, les VTC comprendront qu’ils ont plus à gagner à coopérer qu’à jeter de l’huile sur le feu de la médiation et ignorer la rue comme moyen de dialogue. Un peu de hauteur messieurs, mesdames, montrez nous l’avenir et abandonnez les méthodes du passé.

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