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Le grand vide... La Syrie face à l'absence de candidat crédible pour remplacer Bachar el Assad
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Le drame de Damas

Le bilan des morts s'alourdit chaque jour un peu plus en Syrie. Bachar el Assad, soutenu par la Russie et la Chine, résiste jusqu'à présent aux multiples tentatives de déstabilisation occidentales. Et même si L'Europe et les Etats-Unis réussissaient à en finir avec le régime, l'ombre du Raïs pourrait toujours planer sur le pays.

Jean-Marie Quéméner

Jean-Marie Quéméner

Jean-Marie Quéméner est Rédacteur en chef pour Canal +

Il est l'auteur de « Dr Bachar, Mr Assad » (Encre d’Orient, 2011)

 

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Le régime syrien se noie dans le sang. Celui de son peuple. Les comptes, un peu vains, affichent 6 000 morts. Une « estimation » impossible à vérifier. Un « à peu près » faisant fi d’autres veuves, d’autres orphelins, forcément oubliés dans un « bilan » qu’il faut bien donner mais qui ne représente quune échelle de valeur fragile appliquée à l’horreur d’un lent massacre.

Bachar el Assad dort bien. On l’imagine. Sans doute un peu perdu, un brin déstabilisé, aveuglé dans le somptueux isolement de l’égo marbré et soyeux d’un dictateur. Bien sûr on s’agite autour de lui, les cartes d’état-major, les déploiements de troupes, les zones clé et les points stratégiques balaient les chiffres morbides. La Syrie est isolée et ses Raïs l’aiment ainsi. Elle demeure pour eux le centre du monde, comme pouvait l’être la gare de Perpignan pour Dali. Surréaliste.

Les gesticulations françaises ? Une pitoyable tentative pour retrouver le lustre du mandat que le pays a exercé sur la Grande Syrie. Les bruits de bottes turques ? L’Ottoman pense à ses Kurdes et, lui aussi, garde le souvenir doux amer de son empire. La Ligue arabe ? Une invention syrienne dissoute dans le même acide qui a rongé le panarabisme. Les Nations Unies ? Un entrelacs douteux de combinazzione internationales…

Bachar dort bien. Son peuple meurt. Et après ? Jusqu’où peut-on tenir l’intenable ? Qui (ou quoi) pour arrêter le maître de Damas ?

L’opposition interne, politique et militaire, tente de coordonner ses efforts. Le dialogue reste difficile entre militaires et intellectuels et ceux-là ne sont pas entendus d’une jeunesse, la moitié de la population syrienne, qui refuse désormais le simple vocabulaire d’apparatchiks d’un régime qu’elle voudrait ancien.

Les puissances occidentales appliquent la jurisprudence Al Capone. Elles frappent au porte-monnaie. L’Iran, la Russie et le Liban voisin compensent et servent de caisses noires.

Français et Américains cherchent désespérément un jeune capitaine capable d’emporter le régime dans un putsch. Quitte à recréer une nouvelle dynastie de Raïs.

Une intervention militaire mettrait le feu au baril de poudre proche-oriental. Et la « rue arabe » du Quai d’Orsay  mesure le risque de voir les Syriens se réunir autour de leur bourreau pour lutter contre « l’étranger ».

La solution ? Elle est connue de tous : Bachar doit partir. La réalité ? Bachar ne partira pas. Sa famille tient le pouvoir depuis 1963. Les Assad s’imaginent en ciment de la Syrie. L’Etat, c’est eux. La révolution, c’est l’anarchie. Il n’existe de dictature qu’aveugle… Le doute ne peut être une option puisqu’il induit une part de renonciation. 

Et quand bien même Bachar el Assad, sa famille, ses amis, le parti Baath, les cercles d’obligés et d’affairistes qui gangrènent le pays disparaitraient-ils d’un coup de baguette magique… Quid du « Régime » syrien ?

C’est la victoire ultime de Bachar el Assad : il ne survivra peut-être pas aux tueries qu’il ordonne mais son régime peut lui survivre. Il s’accroche à cette certitude parce qu’elle lui offre son meilleur alibi : il incarnerait la Syrie. Il en est la chair. Il en boit le sang. Il faudra une autre incarnation, plus démocratique, pour que le régime meure enfin. Certainement pas demain.

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