Le strauss-kahnisme n'existe pas sans DSK<!-- --> | Atlantico.fr
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Quid du strauss-khanisme sans DSK ?
Quid du strauss-khanisme sans DSK ?
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Orphelins

Privés de leur chef, les strauss-kahniens ne sont pas liés par une idéologie assez forte pour les maintenir ensemble. Mais ils n'attendent que le retour de Dominique Strauss-Kahn pour se regrouper à nouveau...

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès est président de Cap, enseignant à Sciences-Po Paris et auteur de "Chaos, essai sur les imaginaires des peuples", entretiens avec Arnaud Benedetti.

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Atlantico : Le strauss-kahnisme repose-t-il sur une idéologie assez forte pour exister sans DSK ?

Stéphane Rozès : S'agit-il d'une sensibilité idéologique ? Il s'agit plutôt d'une sensibilité à l'intérieur de la social-démocratie qui se veut moderne, réformiste, européenne. Il serait exagéré de parler d'un courant idéologique car cela impliquerait un corps doctrinal. Même si DSK a développé l'idée d'un socialisme de la production, c'est un courant qui tient essentiellement par son leader. Le seul fait que ce courant se soit dispersé entre Martine Aubry et François Hollande est la preuve que c'est un courant insuffisamment structuré par l'idéologie pour que ne prédominent pas des question de personnes, d'influences ou d'appareils. L'éclatement actuel du courant strauss-kahnien montre à quel point il était structuré autour d'un homme. C'est son image, son action et sa personne qui ont opéré ce regroupement des réformistes de gauche autour de lui.

Un courant qui a besoin d'un chef pour exister... Ne serait-ce pas une valeur de droite ?

Je ne dirais pas les choses comme cela. Dominique Strauss-Kahn, par ses fonctions antérieures, son action au sein du FMI, incarne un socialisme du réel. On ne peut pas dire que les strauss-kahniens soient émus par l'image d'un homme providentiel, qui serait plutôt une valeur de droite. Par contre, on peut dire que Dominique Strauss-Kahn incarne une conception moderne - sans que cela soit un jugement de valeur - de la social-démocratie, et qu'il n'a pas construit un corpus théorique tel que cela permette à ses troupes de rester unies dans ce qu'elles devraient faire sans lui. A priori, on aurait pu penser que les strauss-kahniens pencheraient plutôt du côte de François Hollande, mais ils se sont répartis fifty-fifty avec Martine Aubry.

Que vont faire ces strauss-kahniens qui ont déjà pris le parti d'un candidat si DSK décide d'en soutenir un autre ?

Je pense qu'il ne faut pas exclure en théorie le souhait de Dominique Strauss-Kahn de revenir dans la primaire elle-même, comme pour laver l'affront qu'il estime avoir subi, même si les conditions seraient difficiles pour le Parti socialiste. Si c'était le cas, évidemment, spontanément, les différents strauss-kahniens se retrouveraient autour de lui. Mais je ne pense pas que ce soit ce que souhaite la majorité d'entre eux aujourd'hui. S'ils souhaitent qu'il revienne, ils ne veulent pas forcément qu'il se présente à la primaire. Maintenant qu'ils ont choisi les uns Martine Aubry, les autres Ségolène Royal ou François Hollande, il serait très désagréable pour eux de rejoindre un présidentiable avant de le quitter pour en rejoindre un autre. Cela ne donne pas une image de cohérence politique. Mais ils le suivront s'il revient dans la primaire.

Et si DSK respectait sa part du pacte de Marrakech et se rangeait derrière Martine Aubry ?

Le premier problème, c'est que cela mettrait en difficulté les strauss-kahniens qui ont soutenu François Hollande. Le second, c'est que le retour de Dominique Strauss-Kahn en soutien à Martine Aubry rappellerait finalement, alors qu'elle a tenté de le faire oublier dans sa déclaration de candidature la semaine dernière, ce pacte passé entre les deux. Dans la perspective d'une élection présidentielle, les Français souhaitent que le présidentiable qui se présente devant eux soit vierge de tout pré-accord. Le pays ne veut pas de cran entre lui et le futur candidat. Il faudrait donc que cela soit fait dans des formes très particulières et très réfléchies.

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