Stratégie gouvernementale face au Covid-19 : le coup d’Etat sanitaire permanent <!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'une visite d'un établissement hospitalier lors de la crise du Covid-19.
Emmanuel Macron et le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'une visite d'un établissement hospitalier lors de la crise du Covid-19.
©Ludovic Marin / AFP / POOL

Bonnes feuilles

Serge Federbusch publie « Covid story : Une étrange défaite » chez VA éditions. La crise que nous vivons du fait du Covid-19 ne pourra être surmontée que si nous parvenons à prendre de la hauteur et à comprendre ce qu'il nous arrive. Une analyse synthétique des dysfonctionnements de l'État et du système de santé publique nous montre à quel point le mélange d'autoritarisme et d'inertie qui caractérise la bureaucratie française a failli. Extrait 2/2.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Alors que montait de plus en plus le flot des critiques contre l’inexplicable diminution du nombre de lits de réanimation entre mars et décembre 2020 ou le scepticisme sur les statistiques des décès, dont le quotidien « Nice Matin » démontra par exemple, à partir du cas des Alpes maritimes, qu’ils étaient très souvent et trop hâtivement attribués au Covid, le gouvernement se mit en tête de durcir son arsenal répressif. À défaut d’être efficaces ayons au moins l’air méchants, se disaient les macronistes en désarroi.

Pour cela une formule magique : proroger sans cesse l’état d’urgence dit sanitaire. En théorie, il s’agit d’une mesure exceptionnelle décidée en conseil des ministres en cas de catastrophe, notamment d’épidémie, mettant en péril la santé de la population. Déclaré par décret en conseil des ministres pour une durée maximum d’un mois, il précise la ou les circonscriptions territoriales dans lesquelles il s’applique. Les données sanitaires sur lesquelles s’appuie le décret sont rendues publiques.

On se plaçait donc, normalement, dans un cadre contrôlé, de brève durée, argumenté et exceptionnel. Au-delà d’un mois, sa prorogation devait d’ailleurs être autorisée par une loi. Or, nous avons assisté à une sorte de dérive dangereuse, d’effet d’accoutumance face à la suspension de libertés essentielles.

Qu’a-t-on constaté ? L’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national a d’abord été déclaré par décret à compter du 17 octobre 2020 à 0 heure. La loi du 14 novembre 2020 l’a pro[1]longé jusqu’au 16 février 2021. Un nouveau projet de loi présenté le 13 janvier 2021 prévoyait un report du régime organisant sa sortie. Le provisoire commençait à avoir des allures pérennes. Les sénateurs d’opposition ont traîné les pieds face à ce dispositif qui prive les Français du simple droit de sortir de chez eux quand ils l’entendent, de fréquenter un restaurant ou de voyager. Le projet de loi a malgré tout été voté le 20 janvier par l’Assemblée nationale et finalement la coercition publique sera de rigueur jusqu’en juin 2021.

Si le gouvernement parvient à ses fins à cette date la population française aura été privée d’une part très importante de ses droits fondamentaux durant quinze mois d’affilée sachant qu’à ce régime d’exception s’ajoute l’état d’urgence antiterroriste entré dans le droit commun fin 2017. Les principes essentiels qui fondent notre république dont les bâtiments sont marqués du mot de « liberté » sont foulés au pied par un État incapable, malgré un niveau record de dépenses publiques, de faire face à une situation dont la gravité n’était pas en réalité extrême. Les Français ont payé un lourd impôt civique à l’inaptocratie.

Puisqu’il est question de situation exceptionnelle, revenons à d’autres épisodes similaires. Faut-il rappeler qu’en 1914 la France a réussi à mettre en place des milliers d’hôpitaux de campagne en quelques mois ? Nous étions en 2020 à nouveau « en état de guerre », mais nous réduisions le nombre de lits de réanimation. Cent six ans plus tard, l’État n’arrivait pas à la cheville de ce qu’il était autrefois.

Un directeur d’Agence régionale de santé, dans l’Est de la France, avait du reste été la première et presque la seule victime administrative du Covid-19 pour avoir vendu la mèche et déclaré que la politique de réduction du nombre de lits d’hôpital allait se poursuivre dans sa juridiction. La lutte contre l’épidémie ne souffre pas la sincérité surtout si elle est naïve.

Une fois encore, en Chine, pour freiner le début de la pandémie et délester les services d’urgence, le gouvernement a fait construire en quelques semaines seize hôpitaux de fortune dits « Fangcang » qui ont fonctionné durant trente-cinq jours avec quatre-vingt-quatorze équipes médicales et ont guéri douze mille patients atteints du Covid.

C’est à peu près le temps qu’il fallut à la majorité macroniste pour enterrer vivante la Commission chargée d’enquêter sur les dysfonctionnements au sommet de l’État en France…

Enfin, à nouveau pouvions-nous un peu nous consoler en constatant que nous n’étions pas les seules victimes de l’arbitraire renforcé par la Covid-19. En échange des dizaines de milliards d’euros imprimés par la Banque centrale européenne, les citoyens étaient partout conviés à accepter une sorte de mise sous tutelle politique.

On vit ainsi ressortir de la naphtaline italienne l’honorable Mario Draghi, maître ès monnaie de singe, comme président du conseil de ministres. L’électeur transalpin était fermement prié de s’en remettre à cette sorte de coup d’État technocratique s’il entendait pouvoir continuer à acheter ses pâtes et son vin. 200 milliards d’euros : c’était la récompense versée aux Italiens pour supporter le visage triste de Droopy-Draghi à la télévision.

A lire aussi : Comment la pandémie de Covid-19 a révélé les failles du système français

Extrait du livre de Serge Federbusch, « Covid story : Une étrange défaite », publié chez VA éditions

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