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La stratégie européenne de Hollande précipite-t-elle la France vers un destin à la PIGS ?
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Chroniques du pot aux roses

Au-delà du risque de voir notre pays connaître un destin semblable à celui des mauvais élèves européens (Portugal, Italie, Grèce et Espagne), Serge Federbusch revient notamment sur la polémique liée à la "ligne Buisson" et à l'hypocrisie fiscale de Yannick Noah.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Bienvenue chez les FPIGS (France, Portugal, Italy, Greece, Spain) !

Comme prévu, la montagne de la relance «hollandaise» aura accouché d’une souris allemande : 1% du PIB européen, dont une bonne moitié n’est qu’un habillage nouveau pour des mesures existantes. «Peanuts», dirait l’insolent Cameron en déployant son tapis rouge pour exilés fiscaux.

Pendant ce temps, ce dernier s’emploie à limiter au strict minimum le coût de ses promesses. Il est vrai que peu de gens, même parmi ses électeurs, les prenaient au sérieux. C’est la chance de notre nouveau président : tant que ses partisans penseront que, même s’ils souffrent ou sont déçus, leur situation eût été pire avec Sarkozy, il ne dévissera pas dans l’opinion.

Hélas pour François Hollande, son art du louvoiement ne suffira pas à faire passer bien longtemps ses atermoiements pour de l’habileté. Prenons l’exemple des effectifs dans la fonction publique. L’idée péremptoire et électoraliste que les problèmes de l’éducation nationale seront réglés par le recrutement de 60 000 agents va contraindre, on le sait, à des coupes sombres dans la plupart des autres ministères. Evidemment, comme ce fut déjà le cas sous Sarkozy, ces derniers résisteront, il y aura recours à des prestataires de services extérieurs et à des sous-traitants et le déficit public n’en sera pas réduit. D’autant que, contrairement à la politique affichée par le précédent gouvernement, le nouveau n’envisage pas de faire baisser globalement le nombre d’emplois publics. Bref, à vouloir finasser, les socialistes vont décevoir tout le monde, aussi bien les marchés que les fonctionnaires.

La tactique «hollandaise», qui consiste à gagner du temps en espérant que la crise en Europe conduise les Allemands et la Banque centrale européenne à monétiser les dettes des pays du Sud, risque d’être balayée par la rapidité avec laquelle les investisseurs auront décidé de placer la France parmi les PIGS.

2 - L’Ostpolitik contre les FPIGS ?

L’autre danger pour le pouvoir socialiste français, et pour la survie pure et simple de l’euro, est que les Allemands en concluent qu’avec la grande exportation, la Russie, les pays d’Europe de l’Est et du Nord, ils ont de quoi alimenter leur croissance sans plus avoir besoin des FPIGS. Les optimistes objectent que la France et l’Europe du Sud sont des marchés essentiels pour les entreprises allemandes. Outre que la situation peut évoluer très vite, à raison précisément du marasme dans ces pays, ce pari passe sous silence une question simple : pourquoi les Allemands prendraient-ils des risques majeurs pour leur épargne à seule fin de solvabiliser des consommateurs qui, in fine, ne peuvent les payer qu’avec des emprunts qu’ils ne leur rembourseront pas ?

3 - Buisson ardent

Les médias dominants ont vite saisi l’intérêt qu’il y avait à souffler sur l’incendie des divisions de la droite. Cela fait autant d’attention en moins à accorder aux reniements d’un nouveau pouvoir que beaucoup appelaient de leurs voeux. Le sujet porteur est la dénonciation du rôle réel ou supposé de Patrick Buisson dans la « droitisation » de la campagne de Nicolas Sarkozy. A-t-elle contribué à limiter la casse électorale ? A-t-elle au contraire scellé l’échec du président sortant en lui aliénant des voix centristes ? A notre humble avis, ni l’un ni l’autre. Si Nicolas Sarkozy, nonobstant la crise qu’il a affrontée et ses erreurs de communication, a malgré tout réussi à s’attirer 48, 37 % des suffrages, c’est parce que le programme économique de François Hollande n’était pas crédible pour qui voulait prendre la peine de s’intéresser au sujet. Que l’opposition oublie donc sa prétendue «droitisation» et concentre son feu sur ce qui était, est et restera le gros point faible du camp d’en face.

4 - Fleur d’énarchie

Alors que la plupart des gouvernements européens ont nommé, dans les fonctions de «Digital Champion» auprès des instances communautaires, des chefs d’entreprise ayant fait leurs preuves dans ce secteur ou des universitaires spécialistes de la question, la France avait dans un premier temps décidé d’y déléguer Fleur Pellerin, ministre du numérique. Son expérience tient principalement à l’animation du pôle en charge de ce sujet, lors de la campagne présidentielle de François Hollande. Membre du gouvernement, elle n’avait d’évidence que cela à faire ... Face à l’incompréhension suscitée par ce projet de désignation, c’est finalement Gilles Babinet, ancien président du Conseil national du numérique, qui s’y collera.

Décidément, le retour aux affaires des socialistes s’analyse de plus en plus comme une sorte de contre-réforme énarchique, après que Sarkozy a (trop) timidement ouvert la classe dirigeante à d’autres profils. Pur politique, le nouveau président de la République n’aurait-il de considération que pour les milieux dont il est issu ? La quasi-absence d’universitaires ou de cadres du privé dans son cabinet et celui des principaux ministres en est un signe évident. Une crise qui s’approfondit et une caste dirigeante qui se replie sur elle-même : tout cela à un vague parfum pré-révolutionnaire.

5 – Coup de pouce d’honneur

Dans ses efforts pour limiter la mise en œuvre de ses promesses électorales, le gouvernement vient d’inventer le coup de pouce d’honneur. 0,6 % déduction faite de l’inflation, soit une vingtaine d’euros par mois ! Sachant que le régime avantageux des heures supplémentaires va être modifié alors qu’une partie de ses bénéficiaires étaient rémunérés au Smic et que les cotisations sociales vont être augmentées pour financer la réformette des retraites, la gauche revenant au pouvoir n’aura jamais été aussi pingre pour les bas salaires. Après le bras, voilà donc inventé le coup de pouce d’honneur.

6 - Bientôt des listes noires sur Médiapart ?

Bien décidé à traquer les infâmes sarkozystes qui se cacheraient dans l’administration, Médiapart, coup sur coup, nous a informé en exclusivité que Boris Boillon, «totalement carbonisé», allait devoir plier les bagages de son poste d’ambassadeur à Tunis ( http://www.mediapart.fr/journal/international/130612/boris-boillon-totalement-carbonise-va-quitter-tunis) et que des méchants recteurs de droite s’opposeraient à la juste politique éducative de Vincent Peillon, honte à eux. Heureusement : «des têtes vont tomber rue de Grenelle» (http://www.mediapart.fr/journal/france/210612/vincent-peillon-face-aux-recalcitrants-de-leducation-nationale) ! Qu’entre de bonnes mains nos libertés sont mises ...

7 - L’arche fiscale de Noah

Même s’il se déclare prêt à s’acquitter d’un taux marginal d’imposition de 75 %, Yannick Noah ne conseillerait pas à son fils de revenir en France car il gagne fort bien sa vie aux Etats-Unis, pays qui a, en outre, la bonne idée d’être moins fiscalement sévère pour les «sport-stars». Qu’il est rassurant de constater que l’instinct paternel l’emporte sur les mirages de l’idéologie !

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