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Oubliez le triple A, 
c’est le "spread" qui compte !
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Zone franche

Le triple A, absolument essentiel jusqu’à la semaine dernière, se laisse voler la vedette par le "spread" comme symbole de notre virilité économique. Les CDS font la gueule…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est un peu la dernière notion financière à la mode, le nouveau critère nous définissant en tant que nation, l’ultime étalon de notre légitimité à ne pas simplement mettre la clé sous la porte comme nos cousins hellènes…

A peine découvrons-nous que le triple A des agences de notation, plus que la Marseillaise ou le jambon-beurre, est le symbole de notre rang dans le monde, qu’il nous faut accepter qu’il n’est lui-même qu’un sous-produit du "spread" ― soit l’écart de taux d'emprunt sur les marchés entre nous et les Allemands.

Tant que cet écart est faible, tout va bien : les investisseurs considèrent que nous sommes des gens de confiance, presque aussi respectables que des porteurs de culotte de peau bavarois et que, si nous dépensons plus que nous gagnons depuis trente-cinq ans, nous remboursons généralement nos dettes rubis sur l'ongle.

Lorsqu’il est élevé, en revanche, c’est une autre paire de manches. Non seulement il nous faut payer plus cher l’argent que nous empruntons mais, en plus, il nous faut supporter l’arrogance d’Angela Merkel et de son ministre des Finances Wolfgang Schäuble ― un type pourtant capable d’égarer cinquante-cinq milliards d’euros sans que personne ne songe à modifier son "spread" personnel avec celui de François "Effraction" Baroin !

Un écart calculé en points de base 

Le pire, pour les ignorantus qui ne savaient pas que leur existence même dépendait de ce bidule jusqu’à la semaine dernière, c’est que l'écart de taux ne se calcule pas en pourcentages, un concept à peu près maîtrisé par tout un chacun depuis la sixième, mais en pompeux "points de base". Ainsi, le "spread" franco-allemand est désormais d'à peu près 170 de ces points de base, ce qui est un record depuis la création de l’euro et rend les investisseurs nerveux. Tiens, si vous en rencontrez un ces jours-ci, d'investisseur, vous ne pourrez que constater à quel point il est tendu et se met en boule pour un rien…

Et encore, ce n’est rien en regard du "spread" avec l’Italie, dont les points de base sont tellement nombreux qu’ils ressemblent au score d’un match entre l’OM et l’Inter de Milan.

Mais la preuve que le "spread" a définitivement renvoyé le triple A au rayon des critères économiques marginaux, c’est que le différentiel de taux entre les États-Unis, récemment dégradés en fanfare, et l’Allemagne est à l’avantage des premiers.

Hum, si ça se trouve, perdre notre bonne note est la meilleure nouvelle qui puisse être apportée aux types qui mettent de l’huile dans le moteur franco-allemand...

Le CDS au placard

Un qui doit faire la gueule dans son coin, c’est le CDS. Pas le Centre des Démocrates Chrétiens, qui n’est plus que l’ombre de lui même depuis bien longtemps, mais le "Credit Default Swap", c’est à dire le "coût de la couverture contre le risque de défaut sur la dette des États". Souvenez-vous, il y a encore quelques semaines, lorsque David Pujadas et Claire Chazal en étaient encore à se familiariser avec le "s" du possessif dans Standard & Poor’s, on a bien cru qu’il allait s'imposer (incidemment, il se mesure également en points de base, cet animal).

Tu parles ! Plus personne n’en cause, du CDS…

D’un autre côté, le "spread" ferait mieux de se méfier. Si le remplacement de Berlusconi par Monti rassure suffisamment les marchés pour qu’il se resserre, un autre bidule prendra vraisemblablement sa place pour nous redonner un bon coup de pression. J’ai bien quelques idées, mais ce serait spéculer et la spéculation, c’est vraiment pas le moment…

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