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Messieurs les sondeurs, bonsoir !
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EDITORIAL

A quoi bon commenter des sondages qui n'ont pas la moindre chance de s'avérer exacts en mai prochain.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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A six mois du premier tour de l’élection présidentielle, les sondages tombent comme à Gravelotte. Deux parmi les plus récents m’ont particulièrement horripilé. Celui de BVA d’abord, qui donne le Président sortant littéralement écrabouillé par son challenger putatif, François Hollande. 28 points d’écart entre les deux hommes au second tour ! Bien entendu, il n’y a pas la moindre chance que le score du 6 mai soit celui-là. Pas grave. Les médias le citent, le font commenter à l’envi par les professionnels du métier. Les experts n’éprouvent d’ailleurs pas la moindre gêne à expliquer que ce genre de résultat ne signifie pas grand chose, si loin de l’échéance.

Mais si la question n’est pas pertinente, pourquoi la poser ? Il en existe certainement d’autres qui pourraient nous renseigner sur l’état du pays, le rapport de forces droite/gauche. Mais non. Le système médiatique appelle le show, le spectacle politique que seuls des intentions de vote, même si elles n’ont pas lieu d’être testées, peut nous offrir.

Ces enquêtes à répétition depuis trois mois où l’on voit un Nicolas Sarkozy balayé par la gauche ont quand même une conséquence, elles en suscitent d’autres, basées sur une hypothèse ridicule : et si l’on organisait des primaires à l’UMP ? Et que je teste Nicolas Sarkozy face à Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé et même Nathalie Kosciusko-Morizet. Là, qu’apprenons-nous ? Que le Président de la République n’aurait pas de rival consistant. En même temps, tous ces « challengers » inventés de Nicolas Sarkozy soutiennent officiellement Nicolas Sarkozy. Difficile, dans ces conditions, pour les sondés de les imaginer en recours. Pour aller au bout de la bêtise, on devrait sonder les Français sur un second tour Hollande/Kosciusko, histoire d’extraire un sensationnel 80/20…

Depuis 1974 et six élections présidentielles, on sait que les intentions de vote deviennent intéressantes à partir du mois de février, lorsque s’effectue la prise de conscience chez une majorité de Français que se jouera dans quelques semaines l’avenir de leur pays. Les sondeurs ont un mot pour qualifier ce phénomène, la cristallisation. Pour ma part, je prends donc l’engagement de ne plus triturer les sondages jusqu’en février 2012. D’ici là, Messieurs les sondeurs, bonsoir !

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