Skinjay : la folie des capsules s'empare de la douche

Le créateur de Skinjay, Nicolas Pasquier, est parti d’un constat : "on est urbain, on n’a plus le temps, on court toute la journée, et même aux toilettes, on consulte nos mails. Le seul moment où on ne fait rien, c’est sous la douche, mais on n’y prend pas de plaisir". De là, il a "l’idée de sa vie" et fonde en janvier 2012 Challengine pour commercialiser des produits innovants destinés à la grande consommation. Pour s’équiper, il faut compter entre 45 et 200 euros pour le Mixer Skinjay et environ 2 euros par capsule.

Vif, direct, Nicolas Pasquier travaille "80 à 100 heures par semaine", dormant trois heures par nuit, quand il ne passe pas deux nuits par semaine au bureau. Alors pour lui, difficile de rester patient face à "la paperasse". Notamment lorsqu’il doit faire face à certaines "discriminations" : l’Etat lui a refusé le statut de Jeune entreprise innovante parce qu’il n’avait pas son Bac. "En France si vous n’avez pas le diplôme, vous ne faites rien". Côté fiscalité, il doit payer "le RSI d’un coté, l’URSAFF de l’autre, l’UNEDIC … c’est du délire". Et un peu de "rationalisation" de l’Administration ne ferait pas de mal non plus : "C’est simple, les Français sont les champions de la norme ! Notre boulot c’est de faire de la gestion. Mais on ne peut pas faire de gestion sur des sables mouvants".

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Nicolas Pasquier a su s’entourer des réseaux d’entrepreneurs qui le "suivent et l’accompagnent". Proche de Denis Jacquet de "Parrainer la Croissance", Nicolas Pasquier concilie proximité et isolement pour le développement de sa boite. Par exemple, il a récolté 16.000 euros grâce au crowdfunding sur la plateforme mondiale Indiegogo, fédérant des "ambassadeurs attachés à la marque" grâce au financement participatif. "Comme en France on a du mal à financer les toutes petites boites qui se lancent, c’est une bonne façon de démarrer sans dilapider son capital auprès d’un business angel qui va vous prendre 30% sur 10 000 euros de financement. On est obligé de bloquer le capital et de refuser des investissements pour l’indépendance financière de la start-up".

Pour le créateur de Skinjay, "il y a un vrai besoin de gens comme moi qui n’ont pas peur de défricher les nouvelles technologies" au contraire des grandes entreprises qui "n’osent pas prendre le risque".  "Être autodidacte, malléable, adaptable et curieux, ça aide beaucoup dans un monde où un jeune va faire 7 ou 8 boites dans sa vie" constate-t-il, lucide sur son environnement. Chef d’entreprises et informaticien depuis 20 ans, il veut mettre sa double compétence technico-marketing au service de la santé et du bien-être. Les capsules Skinjay sont ainsi 100 % Made in France et 100% naturelles, fabriquées à 80 % par des personnes handicapées, et bénéficient d’une promo web bien ficelée.

Car de l’expérience, Nicolas Pasquier en a à revendre. Expatrié au Canada juste après le lycée, il atterri en 1996 chez ATI, leader mondial des cartes vidéos, pour normaliser le travail high-tech du DVD-Rom à peine lancé. En 1998, il retourne en France et fonde sa première boite, 7thZone, qui deviendra le premier site mondial d’information DVD. Puis il crée sa société de sauvegarde et protection des données Intradot Labs en 2002, cédée en 2008. Et en 2011, le groupe immobilier Mercure l’engage comme directeur marketing. Tout ça sans avoir jamais passé son Bac.

Youness Rhounna