Silence, on tue... Pourquoi ne veut-on pas nommer vraiment les assassins de Charlie Hebdo ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Hommage aux victimes de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo.
Hommage aux victimes de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo.
©Reuters

Le silence des agneaux

"Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde", disait Camus. Mais qui lit encore Camus ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Vous savez tout, ou presque, sur eux. Ils sont lâches. Odieux. Abjects. Barbares. Vous savez tout, ou presque, sur leurs motivations et leurs cibles. Ils ont, nous dit-on, voulu assassiner Charlie Hebdo, la liberté de la presse, la démocratie, nos valeurs, etc. De François Hollande au plus obsur journaliste en passant par la quasi-totalité de nos dirigeants politiques, le chœur est unanime et bien rodé.

Mais qui sont-ils ? Ah ben, ça, on ne le sait pas. Et en tout cas, on ne vous le dira pas. Ils ont certes crié : "Allahu akbar", mais va donc savoir ce que ça veut dire… Ils ont enchaîné sur : "Le Prophète est vengé", mais des prophètes il y en a tellement. Moïse, Jésus peut-être ? On vous montre le film en version muette, la bande-son ayant sans doute été effacée par un technicien maladroit. Vous voyez leurs photos, on vous donne leurs noms. Après, c’est "circulez il n’y a rien à voir".

Pourquoi ne dit-on pas qui ils sont ? La réponse, d’une banalité exquise, est connue. Parce qu’on ne veut pas stigmatiser une religion qui le serait si elle était nommée. Parce qu’on ne veut pas pointer du doigt de la vengeance une communauté réputée paisible et méritante. Nommer les assassins et le Dieu dont ils se réclament ferait de nous des racistes, des xénophobes et des islamophobes.

Alors pourquoi devrait-on les nommer puisque le risque serait grand de nous voir alors marqués du sceau de l’infamie ? Pour une raison simple. La France entière sait qui sont, d’où viennent les assassins et quelle est leur religion. L’habitude aidant, nul n’ignore plus le sens de "Allahu akbar" et le nom du prophète qui est invoqué. Et quand un gigantesque cache-islam est mis sur cette dérangeante réalité, un sentiment dévastateur de révolte et de ressentiment fait irruption dans les âmes. "Ils" n’osent pas… "Ils" ne nous disent pas… "Ils" ont peur… "Ils" ont hissé le drapeau blanc.

Les frères et les cousins des assassins d’hier ne font pas l’objet de tant de pudeur. Les talibans afghans et pakistanais, les psychopathes d’al-Qaïda, d’al-Nosra, de Daesh, les chebabs somaliens, les tueurs de Boko Haram sont communément qualifiés de fanatiques musulmans ou de fondamentalistes islamiques. Pour les nôtres on usera de circonlocutions besogneuses. Dans le seul souci de tourner autour d’un mot pour ne pas avoir à l’employer.

Pour s’inscrire dans cette paresseuse mécanique, nous dirons que les assassins d’hier n’étaient pas de confession chrétienne, juive, bouddhiste ou hindouiste. Faut-il rappeler que quand Breivik assassina des dizaines de personnes en Norvège par haine de l’islam, personne n’hésita à le désigner : un fondamentaliste chrétien d’extrême droite ? Veut-on en taisant le nom du Dieu crié par les assassins de Charlie Hebdo fabriquer d’autres Breivik ?

Revenons à Camus : "Mal nommer les choses..." Alain Finkielkraut a dit, et fut agoni d’injures pour cela, que "l’islam posait un problème de civilisation à la France". Lui, il a lu Camus. Il y a un très joli prénom arabe : Djamila. Ça veut dire "belle de corps et d’esprit". C’est cette grâce-là que nous souhaitons à l’islam. Mais pour le moment il a plutôt sale gueule.

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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