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“Si le FN renonce à la sortie de l’euro, je quitte le FN” : coup de pression ou coup de poker de la part de Florian Philippot ?
©Reuters

Roulette russe

Sachant que certains dirigeants frontistes vont lui faire porter le poids de la responsabilité de la défaite de Marine Le Pen au 2d tour de la présidentielle, Florian Philippot est en train de mettre en oeuvre une stratégie où la meilleure défense est l'attaque.

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau est professeur des Universités à Sciences Po. Il est l'auteur de Cette France de gauche qui vote FN (Paris, Le Seuil, 2017), à paraître le 1er juin. 

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Atlantico : “Si le FN renonce à la sortie de l'euro, je quitte le FN”. Avec cette déclaration, Florian Philippot est-il en train d'abattre ses dernières cartes au sein du Front national afin de maintenir la ligne que lui et Marine Le Pen s'étaient fixés durant la campagne ? S'agit-il d'un simple coup de pression de sa part ou d'un véritable coup de poker ? Quel peut être encore son avenir au sein du parti ?

Pascal Perrineau : L'affrontement, à fleurets mouchetés ou plus brutal, entre deux lignes social-nationale et libérale-ultra conservatrice n'est pas nouveau au Front national. Il s'est accentué depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011 et l'inflexion sociale qui l'a accompagnée. Florian Philippot a incarné, plus que d'autres dirigeants, cette inflexion. Tant que celle-ci a permis de développer une dynamique importante du FN dans les élections intermédiaires des années 2013-2015, la critique s'est faite sur le mode mineur. Mais elle restait présente et s'est exprimée lors des manifestations contre la loi Taubira et au cours de la campagne des élections régionales. Marion Maréchal Le Pen a fait sentir ses désaccords en participant à la mobilisation anti-Mariage pour tous et en promouvant des éléments programmatiques plus libéraux au plan économique lors de la campagne qu'elle a menée en région PACA. Les appréciations sur l'ampleur de la critique à mener contre les institutions européennes et l'euro ont également opposé les dirigeants du FN: certains élus, particulièrement au Sud, ont tempéré le discours anti-euro alors que les élus du Nord avançaient un discours anti-européen et ultra-souverainiste.

Florian Philippot sait que certains dirigeants, faute de pouvoir attaquer directement Marine Le Pen à la suite de son échec électoral au second tour de l'élection présidentielle, vont s'en prendre directement à lui. L'ancrage populaire du parti, la force de ses performances dans des terres comme le Pas-de-Calais et l'Aisne (les deux seuls départements où Marine Le Pen passe la barre des 50% de suffrages exprimés) devraient appeler les éléments les plus critiques de la ligne sociale et anti-européenne à une certaine prudence. Florian Philippot met en oeuvre, quant à lui, une stratégie où la meilleure défense est l'attaque.

Quelles pourraient être les intentions de Florian Philippot, dans un moment où Marine Le Pen paraît affaiblie et où Marion Maréchal le Pen "se retire du jeu" ?

Le départ provisoire de Marion Maréchal-Le Pen laisse le camp opposé à Florian Philippot sans incarnation forte et capable de mener l'assaut. Florian Philippot utilise cette relative faiblesse pour tenter d'asseoir son pouvoir à l'intérieur de l'appareil. Le Front national, du fait de son mode de leadership très personnalisé et concentré autour de la marque "Le Pen", souffre d'un déficit de leaders populaires. Florian Philippot dispose, en revanche, d'une réelle notoriété et d'une forte visibilité médiatique. Il s'agit, pour lui, de transformer ce "capital externe" en "capital interne" susceptible de peser dans les combats intra-partisans à venir et de convaincre la présidente du FN de son poids politique dans l'appareil

A l'inverse, que risque Florian Philippot au sein d'un FN marqué par la défaite ?

Florian Philippot est une cible plus facile à atteindre que la présidente du FN pour toutes celles et ceux qui s'impatientent de constater que le Front national reste une puissance solitaire, frappée d'inefficacité quand il s'agit de franchir la dernière étape: celle du pouvoir. Pour être vraiment menaçé, il faudrait que ses challengers mettent en avant une stratégie alternative crédible, susceptible de convaincre les militants et les cadres que le "plafond de verre" pourrait à terme céder. Pour l'instant, tel n'est pas le cas. Et, comme toujours dans ce type de parti, beaucoup dépend des choix et des revirements que le leader -en l'occurrence Marine Le Pen- décidera d'initier.

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