Sevran : "Le maire devrait faire confiance au bleu plutôt qu'au kaki"<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment enrayer les violences qui agitent certaines banlieues françaises ?
Comment enrayer les violences qui agitent certaines banlieues françaises ?
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Banlieues

Le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, impuissant face à la recrudescence de la violence dans sa ville en appelle, dans une interview donnée au Parisien ce jeudi de l'Ascension, à l'armée pour résoudre les problèmes de criminalité. Provocation ou réel appel à l'aide ?

Emmanuel Roux

Emmanuel Roux

Emmanuel Roux est commissaire divisionnaire. Parallèlement, il occupe le poste de secrétaire général adjoint des syndicats des commissaires de la Police Nationale.

 

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Atlantico : Trouvez-vous normal qu’un élu de la République puisse en appeler à l’armée pour le maintien de l’ordre, ce qui est de facto une critique envers la police et la gendarmerie qui ne sont pas capables, selon lui, d’assurer la sécurité des citoyens ?

Emmanuel Roux : Soit c’est de la provocation qui n’apporte absolument rien au débat. Soit c’est une méconnaissance complète de la culture militaire et policière. La culture militaire, c’est d’abord un ennemi qu’il faut mettre hors d’état de nuire. Or les délinquants ne sont pas des ennemis. La police n’est pas là pour les mettre hors d'état de nuire, mais pour les déférer à la justice. Cela implique donc de les connaître pour pouvoir les interpeller et enclencher une procédure judiciaire. En aucun cas une présence militaire dans les cités ne pourrait résoudre le problème de fond. La vraie solution, qui de plus est connue par tout le monde mais n’est pas évidente à mettre en œuvre, serait de faire du renseignement en profondeur dans les cités. Normalement la police s’arme pour le faire, c’est en train de se faire doucement. Mais il faut surtout des ressources humaines. La police est une entreprise de service, et ce n’est pas en diminuant les effectifs avec les RGPP (Révision générale des politique publiques), que la connaissance des cités sera meilleure.

Le non-droit maintenant n’existe plus, même la jungle à une loi. Il n’existe pas de zone de non-droit en France. C’est simplement à la police de faire revenir le droit républicain dans ces cités. Pour cela, il faut en extirper l’économie parallèle par une récolte d’informations et de renseignements. Certainement pas avec un quadrillage militaire ou policier.  La solution de fond est de connaître les circuits économiques de cette délinquance organisée avec le trafic de stupéfiants, le recel et autres délits.

Incorporer des militaires en renfort des forces de police ne serait-il pas une solution intermédiaire adéquate comme cela se fait dans le cadre du plan Vigipirate ?

Ce serait une très mauvaise solution. Vigipirate est une solution pour rassurer les gens, c’est du superficiel avec des policiers et des gendarmes qui accompagnent les militaires. Ce n’est que de la prévention ! Dans ces quartiers comme Sevran, il faut travailler en profondeur et le maire de cette ville ferait mieux de faire confiance au bleu plutôt qu’au kaki. 

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