Sécurité alimentaire : quelques recettes pour éviter la malbouffe quand on a un pouvoir d'achat limité<!-- --> | Atlantico.fr
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Un rapport de la Cour des Comptes sur la sécurité alimentaire dévoilé jeudi 29 mai par le journal "Le Télégramme" met en garde le consommateur sur la qualité des produits premiers prix.
Un rapport de la Cour des Comptes sur la sécurité alimentaire dévoilé jeudi 29 mai par le journal "Le Télégramme" met en garde le consommateur sur la qualité des produits premiers prix.
©Reuters

Fallait y penser

Un rapport de la Cour des comptes sur la sécurité alimentaire dévoilé jeudi 29 mai par le journal "Le Télégramme" met en garde le consommateur sur la qualité des produits premiers prix. Pour les petits budgets, pas facile de se nourrir sainement sans y dépenser une bonne partie de ses économies. Il existe pourtant des astuces.

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Bruno Parmentier

Bruno Parmentier

Bruno Parmentier est ingénieur de l’école de Mines et économiste. Il a dirigé pendant dix ans l’Ecole supérieure d’agronomie d’Angers (ESA). Il est également l’auteur de livres sur les enjeux alimentaires :  Faim zéroManger tous et bien et Nourrir l’humanité. Aujourd’hui, il est conférencier et tient un blog nourrir-manger.fr.

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Atlantico : Le dernier rapport de la Cour des comptes concernant la qualité des produits dits "premier prix" est préoccupant. Selon ce rapport, la consommation régulière de ce genre de produits pourrait "avoir à terme des répercutions sur la santé publique". Existe-t-il des solutions qui permettraient aux petits budgets de se nourrir correctement, tout en évitant de piocher dans les "prix spéciaux" des supermarchés ? Lesquelles ? 

Béatrice de Reynal : Le problème, c’est qu’on a pas mal habitué les Français à acheter les denrées alimentaires de moins en moins chères, c’est le fait des distributeurs qui ont mis la pression sur les fournisseurs. Les industriels ont été obligés de trouver des solutions économiques. `

Les produits préparés coûtent chers. En fait, la meilleure solution pour ne pas se faire avoir c’est de prendre des produits basiques et de faire plus de cuisine. Il faut rester au plus près des aliments bruts et faire une cuisine équilibrée en achetant des fruits, des légumes, de la viande, des œufs ou du poisson. On ne doit pas forcement passer du temps pour préparer certains plats, par exemple faire du pot au feu avec un fait-tout, c’est simple. Cuisiner plus ne veut pas dire passer plus de temps en cuisine mais anticiper sur le repas.

Autre solution possible, les bons de réduction  mais je ne suis pas favorable : cela fait acheter plus et on ne mange pas mieux. On a parfois pas du tout intérêt à les acheter. Les produits en promotion sont en fin de date donc il faut les manger tout de suite et ce n’est pas une bonne solution. Les circuits-courts ne sont pas forcément intéressants au niveau financier mais l’intérêt c’est d’avoir des produits de saison. Cela incite plus à cuisiner avec des produits bruts et régionaux, c’est une bonne solution. 

Bruno Parmentier : Rien n’empêche, à un coût raisonnable, de reprendre la main sur son alimentation. Par exemple manger moins de viande (quatre à cinq fois 100 grammes par semaine suffit amplement), mais… de la bonne ! N’acheter que les produits dont on a réellement besoin en se méfiant des promotions sur les quantités (vous en achetez trois je vous offre le quatrième), qui en fait ne servent qu’à remplir nos poubelles. Reprendre l’habitude d’accommoder les restes. Ne pas se laisser impressionner par les dates limite de consommation et les dates limites d’utilisation optimale, pour éviter de jeter inconsidérément…

Quels types de produits doivent privilégier les petits budgets ?

Béatrice de Reynal : Dans tous les rayons, il est possible de trouver des produits pas chers. Par exemple le poisson comme le maquereau en portion, sain, nourrissant et pas cher, le merlan ou même la truite en portion individuelle qui se cuit très rapidement. En ce moment il y a pas mal de produits pas chers comme les pommes de terre, les oignons, le chou-fleur et les carottes. Le poulet est par ailleurs beaucoup moins cher que la viande et les cordons bleus, qui sont des cochonneries.

Bruno Parmentier : Il faut manger davantage de légumineuses qui apportent à peu de frais d’excellentes protéines végétales (lentilles, haricots, etc.). Manger des légumes et des fruits de saison. Faire une grande soupe de légumes le dimanche soir pour toute la famille jusqu’au mercredi.

Quel budget doit-on prévoir pour se nourrir sainement si on a un pouvoir d’achat limité ? 

Béatrice de Reynal : Les chariots des gens dans un supermarché sont plein d’aliments facultatifs comme les boissons sucrées, les bonbons, les confiseries, les poissons panés, les carottes râpées, les frites… des choses toutes prêtes. Si on achète ce genre de choses il est difficile pour une personne de se nourrir à moins de 5 euros par jour tandis que si on fait sa cuisine tout seul on aura des produits moins chers. En fait, en respectant et en suivant les recommandations du PNNS (Programme national nutrition santé) on peut se nourrir sainement et de façon pas onéreuse.

Bruno Parmentier : Est-ce vraiment déraisonnable d’aller à contre-courant et de dire que les Français ne dépensent pas assez pour se nourrir correctement, et n’y consacrent pas assez de temps ? Délaissons un peu notre téléphone portable et réinvestissons un peu notre cuisine. Depuis des millénaires, c’est en partageant le pain qu’on se fait des "co-pains", pas en regardant la télé en mangeant n’importe quoi ! Que ceux qui ont de l’argent en consacrent un peu plus à cette activité (ce qui leur fera économiser des frais médicaux), et que les autres y consacrent déjà davantage de temps.

Le rapport de la Cour des comptes s’alarme, entre autres, sur la sécurité alimentaire, et pointe des manquements concernant les procédures de conservation, et de transformation des matières animales. En effet, les contrôleurs financiers ont constaté la présence de moisissure, de viandes "grises-verdâtres dans des charcuteries, souris vivantes ou mortes, excréments de souris dans des étuves à chorizo". Est-il possible aujourd'hui d'avoir accès à des aliments frais parfaitement propres à la consommation ? 

Béatrice de Reynal : C’est forcément possible mais il y a un compromis à faire entre la sécurité alimentaire et l’économie. Quand on a des restes il faut savoir à quel moment les jeter. Les carottes fraîches peuvent se garder plus longtemps comme les œufs, mais en revanche les poissons frais et les fruits de mer comme les moules c’est plus compliqué. Il faut bien faire la différence entre la qualité nutritionnelle d’un produit et la qualité toxicologique. 

Bruno Parmentier : D’une manière générale, les produits vendus en supermarchés sont davantage contrôlés que ceux vendus dans les marchés. La belle salade verte du marché a peut-être été cultivée au bord de l’autoroute ou sous les pistes d’un aéroport, et pourrait bien contenir quelques métaux lourds… De la même manière, l’éleveuse bio de nos montagnes avait peut-être la grippe au moment où elle faisait le bon fromage de chèvres.

Que peut-on acheter en toute sérénité dans la grande distribution? Et d'une manière générale, quels produits faut-il éviter d'acheter dans les supermarchés et où peut-on les trouver ? 

Béatrice de Reynal : Au niveau nutritionnel certains ingrédients sont difficilement identifiables comme la saucisse Knacki, le Hachis Parmentier ou alors des quenelles ou la crêpe salée et fourrée. D’un point de vue toxicologique il faut se méfier des produits déjà préparés comme les carottes râpés, les steaks, les choses avec de la mayonnaise, les crèmes glacées. Les produits congelés et décongelés sont sensibles comme les pâtisseries fraîches, les crèmes au chocolat liégois. Les fruits de mer qui viennent de loin peuvent aussi présenter des risques notamment pour des gens fragiles comme les enfants ou les seniors. 

En supermarché si ce n’est pas cher c’est qu’il y a un doute. Un poissonnier ou un boucher de quartier peut vendre très cher des produits de bonne qualité mais aussi de mauvaise qualité. Le risque de Lysteria est aussi présent notamment dans la charcuterie comme le jambon persillé.

Bruno Parmentier : Chaque fois que c’est possible, privilégier les produits les plus simples : les fruits et les légumes (de saison), les laitages de base comme les yaourts, la viande à la coupe, etc. Et les produits les plus complets possibles, qui nourrissent mieux : le pain de campagne plutôt que la baguette, le sucre roux plutôt que le blanc, etc. Et le bio…

Il faut si possible ne pas trop se laisser avoir par les campagnes tapageuses pour les produits élaborés, lorsqu’elles sont axées sur le prix ou les remises quantitatives. Prendre du recul et savoir se dire "c’est louche" ! Ceci n’a rien à voir avec les promotions sur les fruits et légumes ; sur ce terrain, on peut profiter des aubaines, et réapprendre à faire des compotes et confitures, ou plats surgelés.

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