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Saviez-vous que l’alcool fait plus de morts qu’un attentat au Bataclan ?
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Des chiffes et des lettres

Sans doute mais vous n’y aviez pas pensé. Un expert y a pensé pour vous…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Pascal Boniface est un chercheur connu. Géopoliticien, il dirige l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), un organisme très proche - c’est de notoriété publique - du monde musulman et du Qatar en particulier. Il est aussi spécialiste du football. Et quand il n’intervient pas sur les grandes affaires du monde, il parle savamment du ballon rond. Un chercheur, ça cherche. Et un chercheur sachant chercher, c’est rare et précieux. Et voilà ce qu’il a trouvé. 

Dans La Croix, journal qui a eu la charité chrétienne d’accueillir son texte, il revient sur les attentats de Paris. Certes, il les déplore et les condamne. Mais il regrette aussi qu’on se focalise trop dessus, créant ainsi, des sentiments de panique "anxiogènes". Or, Pascal Boniface dispose de chiffres qui, selon lui, relativisent vraiment l’horreur des attentats à propos desquels, on en fait, toujours selon lui, beaucoup, beaucoup trop. Les voici. 

Il y a d’autres facteurs de mortalité qui ne suscitent pas la même mobilisation. Il y a 130 personnes par jour qui meurent à cause de l’alcool. L’an dernier, 1412 personnes sont mortes de froid dans la rue et 3500 autres ont été victimes de la route, certes par accident, mais en grande partie par la délinquance routière. Chaque année, 150 personnes meurent de violences conjugales. Deux enfants meurent chaque jour sous les coups de leurs parents. Ces morts ne suscitent pas la même mobilisation. » Il manque quand même à la liste de ces calamités, le tabac très mortifère, le cancer, les AVC, la grippe, le SIDA et la mort subite du nourrisson…

Reste que les précisions chiffrées de M.Boniface ne peuvent que susciter l’admiration. Et il faudrait être très, très mauvaise langue pour imaginer que ce qui le gêne dans l’évocation du Bataclan c’est que les assassins se revendiquent d’un prophète qu’il défend contre les méchants islamophobes. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? En suivant la logique imparrable de M.Boniface on pourrait également s’étonner qu’on fasse tout un plat pour 6 millions de Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est vrai quoi ! Pendant cette période, il y a eu des millions de morts de faim… Des millions de morts de maladie... Des dizaines de milliers de morts à cause de l’alcool, surtout en France … Et combien de femmes battues à mort ?… Et combien de millions de Chinois victimes d’inondations catastrophiques ? Combien d’Africains morts de la malaria, du typhus? Aucun de ces morts n’a suscité, pour reprendre les termes du géopoliticien, « une mobilisation générale » identique à celle provoquée par le génocide des Juifs. 

Mais il faut comprendre Pascal Boniface. Il n’est pas heureux. Il vit dans un pays où tous les jours de la semaine on le gave avec des Merah, des Nemmouche, des Kouachi, des Coulibaly…Il n’en peut plus. Car lui, et lui seul, se préoccupe des accidents de la route, de l’alcool, des enfants maltraités. En plus, on l’envahit avec des histoires de têtes coupées par Daech, de femmes yézidies violées par des combattants islamistes. Vivement le Mondial de foot au Qatar que Pascal Boniface puisse enfin parler de ce qu’il aime.

Droit de réponse de Pascal Boniface, directeur de l'IRIS

Monsieur Benoit Rayski s'en prend à mon article publié le 15 février 2016, dans la Croix : « terrorisme, une focalisation excessive ».

Il paraît que Monsieur Rayski est journaliste. Il a dû oublier de lire le code de déontologie qui ne demande de ne publier que les informations dont l'origine est connue et de s'interdire la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement. Lorsqu'il accuse l'IRIS d'être proche du monde musulman et du Qatar, sur quoi se base-t-il ? L'IRIS est un centre de recherche reconnu d'utilité publique dont le conseil d'administration et les chercheurs reflètent la diversité de penser. Et s'il s'agit de m'attaquer personnellement, sur quel fondement précis affirme-t-il cela ? Cela fait 15 ans que je suis accusé d'être « payé par les Arabes » pour avoir pris position contre l'occupation israélienne, comme je l'expliquais dans « les pompiers pyromanes » (édition Max Milo).

Alors que je préconise de ne pas trop se focaliser sur le terrorisme sauf à prendre le risque d'aider le recrutement et le financement des djihadistes, de porter atteinte à l'attractivité de Paris, de tomber dans le piège qu'ils nous tendent, il revient au point Godwin en écrivant que, si on suit ma logique, on pourrait s'étonner que l'on fasse tout un plat pour six millions de juifs assassinés pendant la Seconde guerre mondiale. Bravo, chapeau ! Si je compare avec d'autres facteurs de mortalité, ce n'est pas pour sous-estimer la violence terroriste mais pour en atténuer la portée et la peur et exprimer que je ne céderai pas à ce type de chantage. Je vis et travaille dans le 11e arrondissement de Paris. Je vais pour des raisons professionnelles dans des villes présentées comme « dangereuses » (Bamako, Istanbul en février) mais je ne cède pas à la peur.

Sans doute Monsieur Rayski estime que Raymond Aron, sur les traces duquel j'inscris l'analyse de ce phénomène, était un dangereux antisémite. Benoît Rayski a depuis longtemps fait le choix d'un communautarisme agressif est borné, bien loin des idéaux universalistes des FTP MOI (Francs tireurs et partisans- Main d'œuvre immigrée). C'est son droit. Cela ne l'autorise pas à manquer aux règles élémentaires du débat démocratique.

NDLR :

Même si nous publions volontiers le droit de réponse demandé par M. Pascal Boniface, Atlantico assume les propos tenus par Benoit Rayski qui ne s'inscrivent pas -ni ne prétendent le faire- dans le registre de l'enquête mais relèvent d'un coup de gueule éditorial contre le positionnement par M. Boniface dans la tribune signée de son nom et publiée dans La Croix.

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