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Sauvetage de Palmyre et des minorités religieuses en Syrie malgré l’incohérente diplomatie française : merci qui ? Merci Poutine !
©Reuters

Bonnes feuilles

Voici, rassemblées en un volume, toutes les chroniques du bloc-notes hebdomadaire de Rioufol dans Le Figaro, de 2016 à 2017. Tenant d’une droite politique assumée, il analyse jour après jour les faits et méfaits politiques, de la fin du quinquennat Hollande jusqu’aux premières mesures votées par la nouvelle assemblée de juin 2017 et mises en œuvre à l’automne. Extrait de "Macron, la grande mascarade" d'Yvan Rioufol aux éditions du Toucan / L'Artilleur.

Ivan Rioufol

Ivan Rioufol

Ivan Rioufol est essayiste et éditorialiste au Figaro. Il tient quotidiennement le blog Liberté d'expression. Il vient de publier un nouvel ouvrage, La guerre civile qui vient (Editions Pierre-Guillaume De Roux).

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Merci qui ? Merci Poutine. Les préventions qu’inspire l’ancien officier du KGB ne peuvent occulter ce résultat : c’est grâce aux frappes préalables de l’aviation russe contre l’État islamique que l’armée syrienne de Bachar el-Assad a pu libérer Palmyre, dimanche.

La cité antique, berceau de la reine Zénobie, était occupée par les djihadistes depuis mai 2015. Ils l’ont dévastée en partie, dans cette rage à tuer l’histoire dont héritent depuis Allah ces éradicateurs des civilisations passées. Des archéologues assurent néanmoins que le site pourra être partiellement restauré. Les Russes, qui se sont retirés du champ de bataille avant de rendre possible la reprise de la cité antique, sortent vainqueurs de cette reconquête symbolique. Celle-ci dévoile, par leur absence parmi les libérateurs, la faiblesse des États-Unis et de leur allié français. La leçon à tirer de la stratégie poutinienne est simple : seule la force fera reculer l’idéologie islamiste, qui ne respecte que ce langage.

Bien sûr, la brutalité de Poutine est incommodante pour les sophistes. Ils sont toujours prêts à broder sur la méconnaissance coranique, sur l’islamisme modéré ou le « salafisme quiétiste », l’enfumage du moment. À la veille de la chute de Constantinople, au xve siècle, de beaux esprits étaient pareillement disposés à se soumettre à l’envahisseur, tel le grand-duc Lucas Notaras, qui assurait « qu’il aimait mieux cent fois voir le turban des Turcs que la tiare du pape ».

Le Russe, lui, ne se paye pas de mots pour désigner l’ennemi antichrétien et pour l’abattre. Quand François Hollande parle d’« anéantir Daech », il est si peu convaincant qu’il récolte les foudres de l’État islamique, qui lui promet l’apocalypse et tient parole. Or ce ne sont pas par des minutes de silence ou des bougies rassemblées place de la République, à Paris, que les soldats du Coran, qui sont aussi bien en Syrie qu’en France, seront liquidés. Contre eux, la répression doit être féroce.

L’accoutumance occidentale à la haine antichrétienne, qui n’a pas suscité l’indignation française après le massacre de 29 enfants (sur 72 tués) en ce dimanche de Pâques à Lahore (Pakistan) par des islamistes, est le signal de l’engourdissement des démocraties libérales : elles ne voient de victimes que parmi les minorités musulmanes sur leur sol, sans s’effrayer du malheur des chrétiens en terres d’islam, qui préfigure leur sort. Les alarmes des juifs ou des chrétiens d’Orient ne manquent pourtant pas.

L’évêque de Kirkouk, Mgr Yousif Thomas Mirkis,­ parle d’un « nouveau nazisme qui est en train de s’installer chez nous ». Pour l’évêque de Mossoul, Mgr Amel Shimoun Nona, « notre souffrance, ici en Irak, n’est qu’un prélude à ce que vous-mêmes, chrétiens européens et occidentaux, devrez subir dans un futur proche (…)». Mais la France a, depuis 2014, délivré 72 % de visas en moins aux réfugiés chrétiens d’Irak…

Dans ce sauve-qui-peut des lâches, reste donc Poutine. S’il est indéfendable dans son pouvoir autocratique, au moins a-t‑il des idées claires sur ses ennemis et la manière de les combattre. S’il n’avait pas soutenu le détestable Assad, les minorités religieuses, chrétiennes et yazidies, auraient été massacrées ou chassées de Syrie. S’il n’avait pas fait cavalier seul dans ses coups portés aux islamistes épargnés par Barack H. Obama et l’incohérente diplomatie française menée par Laurent Fabius, aujourd’hui remplacé par Jean-Marc Ayrault, Palmyre n’aurait pas été délivrée. La résistance des Russes au totalitarisme salafiste hausse ce pays, attaché à ses origines, au-dessus des démocraties amnésiques et soumises. Les leçons de morale qu’elles distribuent ne sont que prétextes à baisser les bras. Mais les perdants ne font pas l’histoire.

Extrait de "Macron, la grande mascarade" d'Yvan Rioufol aux éditions du Toucan / L'Artilleur

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