Sanctions répliques de Poutine : ce que coûterait l’interdiction de survol de l’espace aérien russe <!-- --> | Atlantico.fr
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Les récentes menaces de Poutine d'interdire le survol de l'espace sibérien seraient catastrophiques pour des compagnies comme Lufthansa.
Les récentes menaces de Poutine d'interdire le survol de l'espace sibérien seraient catastrophiques pour des compagnies comme  Lufthansa.
©Reuters

Couper les ailes

Les récentes menaces de Poutine d'interdire le survol de l'espace sibérien seraient, si mises en application, catastrophiques pour les compagnies aériennes européennes. Notamment trois : KLM, British Airways et Lufthansa. Et cela ne serait pas sans conséquences pour les passagers non plus.

Renan Choyer

Renan Choyer

Renan Choyer est chef de projet dans l'aéronautique. Il est spécialiste du transport aérien civil sur les marchés émergents.

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Atlantico : Suite à l'arrêt des activités de la compagnie russe low-cost Dobrolyot dû aux sanctions européennes, la Russie menace d'interdire le survol de la Sibérie par les compagnies aériennes occidentales. Quels sont les vols qui seraient concernés par cette interdiction ?

Renan Choyer : En cas d’interdiction du survol de la Sibérie, les vols concernés seraient tous ceux à destination de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. Les trois compagnies principalement touchées par cette décision, si elle venait à être mise en application, seraient alors KLM, Lufthansa et British Airways. La plupart des vols reliant l’Europe aux trois pays cités sont effectivement assurés par ces trois poids lourds de l’aviation européenne. Par ailleurs, d’autres compagnies nationales pourraient être également touchées, mais à moindre frais. Finalement, les grandes gagnantes de cette interdiction seraient les compagnies asiatiques qui seraient les seules permettant d’assurer les liaisons.

Quels seraient alors les autres trajets possibles ? Combien cela coûterait-il aux compagnies aériennes ?

Si l’itinéraire sibérien était interdit, une autre desserte pourrait être possible via le sous-continent indien. Cependant, le temps de vol serait beaucoup plus important et pourrait être rallongé de deux à trois heures, d’autant plus qu’une escale technique serait potentiellement imposée afin de ravitailler l’appareil en carburant. Concernant le coût, cela représenterait pour les compagnies aériennes un surcoût de trente mille euros par vol.  

Les passagers vont-ils être impactés par ces menaces ? Quelles seront les conséquences pour eux ?

Les passagers seront autant victimes que les compagnies aériennes de ces menaces. D’une part, la durée de vol sera bien évidemment allongée tout autant. Et d’autre part, afin de payer les trente mille euros que représente le détour par le sous-continent indien, les compagnies aériennes n’auront d’autre choix que de répercuter un minimum ce surcoût sur le prix des billets.

Etant donné que chaque survol d'un territoire est soumis à une taxe, la Russie n'y perdrait-elle pas tout autant ? Y a-t-il un risque de voir Vladimir Poutine mettre ses menaces à exécution ?

La Russie y perdrait en effet également, étant donné qu’elle touche des rendements de survol de son territoire qui sont colossaux. On estime à 200 millions d’euros la somme totale perçue par an par la Russie. Par conséquent, si ces menaces venaient à être mises à exécution, c’est une somme que la Russie perdra automatiquement, ou du moins en partie.

C’est pourquoi aujourd’hui, et comme souvent concernant les menaces, on reste prudent. Certes, les compagnies européennes seront impactées, mais le chef d’Etat russe devra malgré tout prendre le temps de la réflexion. Rares sont les menaces qui ont été mises à exécution mais on ne peut pas dire pour autant qu’il n’y a aucun risque de voir Poutine les exécuter.

Pourquoi la Russie n'interdit-elle dans un premier temps que le survol de la Sibérie ?

La Russie ne peut tout simplement pas interdire la totalité des vols internationaux au-dessus de son territoire, et encore moins des vols qui desservent des villes russes comme Moscou ou Saint Petersburg. Autrement elle serait coupée du monde et les conséquences seraient économiquement dramatiques. L’Union européenne est l’un des principaux acheteurs des hydrocarbures russes. La Russie a donc besoin de garder un contact avec l’extérieur, tout comme l’UE qui, elle, est dépendante des ressources énergétiques russes. Il y a donc de fortes chances que cette relation d’interdépendance empêche d’en arriver jusque là.

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