Rupture avec Trierweiler : François Hollande pris au piège de la répudiation <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
François Hollande a annoncé samedi à l'AFP "la fin de sa vie commune" avec Valérie Trierweiler
François Hollande a annoncé samedi à l'AFP "la fin de sa vie commune" avec Valérie Trierweiler
©Reuters

Voilà, c'est fini...

François Hollande a annoncé samedi à l'AFP "la fin de sa vie commune" avec Valérie Trierweiler. Le chef de l'État s'était engagé à clarifier sa situation avant la visite officielle qu'il doit effectuer le 11 février aux États-Unis.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Hollande versus Trierweiler, un vrai roman. Ils se sont beaucoup aimés (huit années de vie commune après quelques années de liaison cachée, mais c’était avant «Closer » et surtout avant leur installation à l’Elysée). Dorénavant ils vont beaucoup se détester. Comme des milliers et des milliers de couples qui se séparent. De toute évidence le président de la République et son ex- compagne n’ont pas trouvé en quinze jours, le modus vivendi pour leur séparation. Cela aurait bien arrangé Monsieur que Madame claque la porte en apprenant que la liaison que Monsieur entretenait avec une autre dame, mais Madame refusait de s’effacer, de disparaitre comme si elle n’avait jamais existé. Car au fait quelle était la nature de son statut, à l’ex-compagne du chef de l’Etat ? Il n’y en avait pas. La situation était ambiguë. Compagne officielle, mais pas épouse . François Hollande n’aime pas le mariage : il n’a épousé ni Ségolène Royal ni Valérie Trierweiler. A l’Elysée , celle-ci n’avait donc aucun statut légal. En partant, elle perd tout. Pas facile à avaler .

Valérie Trierweiler a donc voulu s’accrocher. Après avoir soigné son coup de fatigue, elle a tenté d’effectuer un retour dans la sphère officielle avec un voyage humanitaire en Inde, et à se réinstaller ainsi dans ce rôle de première dame , où elle commençait tout juste à se sentir à l’aise. L’attentisme peut perdurer dans la vie courante, pas à l’Elysée.

François Hollande devait clarifier la situation car il était pressé par les exigences du calendrier .Il est attendu à Washington le 11 février, mais les préparatifs c’est maintenant ; les équipes de l’Elysée sont sur place et on ne plaisante pas avec les services américains qui exigent de savoir si le Président viendra seul ou accompagné.

Politiquement , il était aussi embarrassé par cette situation mi-tragique mi-vaudevillesque qui vient perturber le message du grand tournant politique du quinquennat. Il a donc montré à ceux qui en doutaient qu’il est tout à fait capable de trancher quand il le faut. La sentence a claqué comme un coup de trique : « j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler ». Un simple coup de fil à l’AFP, et pfuitt…on raye d’un trait huit années de vie commune officielle avec celle pour qui il avait quitté Ségolène Royal, qu’il n’avait pas non plus épousée. (A des millions d’années lumière du communiqué commun soigneusement soupesé publié en son temps par Nicolas Sarkozy et Cécilia Attias au moment de leur divorce longuement négocié.)

« Tant mieux ! » ont décrété les pères la morale, car Première Dame, ça faisait un peu Ancien Régime ; et puis, Valérie Trierweiler coûtait de l’argent au contribuable. Certes, mais mettre fin unilatéralement à la vie commune, est ce que cela n’a pas aussi un aspect impérial, un coté « mon bon vouloir » ? Autrement dit le Républicain François Hollande, en virant celle dont il ne veut plus, n’est-il pas tout simplement en train de répudier la Reine, à l’instar des monarques d’antan ? On n’a encore entendu aucune voix féministe venir au secours de Valérie Trierweiler ; c’est vrai qu’elle n’est pas populaire et qu’elle avait commis un geste effrayant en apportant son soutient à l’adversaire de Ségolène Royal, en 2012. A l’époque François Hollande n’avait rien dit. Aujourd’hui, c’est elle la victime et elle apparaît beaucoup plus comme une faible femme que Ségolène Royal, qui était déjà élue , et même candidate à l’élection présidentielle, avant sa séparation officielle avec François Hollande. Et si dans un premier réflexe c’est bien la clarification qui a été saluée, cette rupture risque de revenir comme un boomerang dans la figure de François Hollande. Car l’électorat féminin s’identifierait volontiers à celle qui donne l’impression d’avoir tout perdu (sacrifié ?), pour un homme. Fine mouche, Valérie Trierweiler a déjà twitté en remerciant le personnel de l’Elysée qui avait manifesté son émotion. Histoire de montrer que les « vraies gens » faisaient preuve de compassion. Et maintenant ? Va-t-elle se taire ? Parler ? Ecrire ? Qui va gagner dans l’opinion ? Quelles seront les conséquences politiques à long terme de cette « affaire » ? Cette histoire est un vrai roman ! « So French ! », comme diraient les Américains .

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !