Royal à Trierweiler : "N’approche pas François ou tu vas le regretter !"<!-- --> | Atlantico.fr
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Ségolène Royal aurait convoqué Valérie Trierweiler à l’Assemblée nationale, un lundi matin, à 9 heures et lui aurait dit : « N’approche pas François ou tu vas le regretter ! »
Ségolène Royal aurait convoqué Valérie Trierweiler à l’Assemblée nationale, un lundi matin, à 9 heures et lui aurait dit : « N’approche pas François ou tu vas le regretter ! »
©Reuters

Des roses pleines d'épines

Anna Cabana et Anne Rosencher racontent comment Ségolène Royal a tout fait pour éloigner sa rivale de François Hollande, notamment en écartant la journaliste du service politique de Paris Match. Extraits de "Entre deux feux" (1/2).

Anna Cabana et Anne Rosencher

Anna Cabana et Anne Rosencher

Anna Cabana est grand reporter au Point. Elle est notamment l'auteur de "Cécilia" (2008), "Villepin, la verticale du fou" (2010) et "Juppé, l'orgueil et la vengeance" (2011).

Anne Rosencher est rédactrice en chef à Marianne.

Voir la bio »

Dans cette « histoire de meufs », selon l’expression de Malek Boutih, député PS de l’Essonne, il n’y a pas une gentille et une méchante. Il y a deux femmes capables du pire. « Ce qui s’est passé entre eux trois crée chez Valérie une haine irrationnelle de Ségolène. Ségolène a été affreuse avec elle », assure un intime de la journaliste de Paris Match. [...]

L’équilibre se rompt en 2002. François Hollande courtise Valérie Trierweiler et cela se voit  : quand elle arrive salle des Quatre Colonnes, haut lieu des rencontres informelles entre les députés et la presse à l’Assemblée nationale, il écourte ses échanges avec les autres journalistes pour se précipiter vers elle. Toutes les occasions sont bonnes pour lui proposer de l’accompagner en Corrèze, dans sa circonscription. Elle s’en est du reste plainte, plusieurs fois, auprès de journalistes amies  : « J’en ai marre, il est lourd, il veut encore que j’aille à Tulle… » Elle est, il s’en cache à peine, sa « journaliste
préférée ». Un jour qu’une de ses consœurs la taquinait sur cette « préférence », elle a rougi. Hollande sait la faire rire. La journaliste a beau garder ses distances, Ségolène Royal, qui a du flair, sent le danger. Elle convoque Valérie Trierweiler à l’Assemblée nationale, un lundi matin, à 9 heures. Elle la reçoit dans son bureau. « N’approche pas François ou tu vas le regretter ! » la menace-t-elle. Valérie Trierweiler nie. Fin de l’épisode. [...]

En 2004, ça repart  : Ségolène Royal se plaint auprès des chefs de Valérie Trierweiler à Paris Match. La dame du Poitou le fait avec d’autant plus d’insistance que, politiquement et médiatiquement, « 2004 est l’année de son surgissement », comme nous le confiait naguère Hollande. « Avant, elle n’était pas du tout dans le jeu. A partir de 2004, on ne voit plus qu’elle. » La « Zapatera » – c’est ainsi qu’elle est surnommée, à l’époque – a bien l’intention de se servir de sa popularité et de sa médiatisation
pour chasser sa rivale de ses terres. Alain Genestar, alors directeur de la rédaction de l’hebdomadaire, jure que Ségolène Royal ne l’a « jamais appelé », dit-il. « Elle a sans doute appelé d’autres personnes à Match. Elle avait de très bonnes relations avec la chef du service politique de l’époque. » Ce qui s’appelle se défausser. En effet, Ségolène Royal a appelé Laurence Masurel –  pour ne pas la nommer  –, dès 2002. Et pas qu’une fois. [...]

Ségolène Royal ne désarma pas. Valérie Trierweiler raconte aujourd’hui encore avec émotion et fureur comment elle l’a écartée du service politique.« Elle voulait que je sois virée, elle voulait ma peau. » Ce n’est pas faux. Laurence Masurel, qu’elle harcèle, se charge d’avertir Alain Genestar.

C’est le 15  mars 2005  que plus un salarié de l’hebdomadaire n’a pu continuer d’ignorer que Valérie Trierweiler vivait une « histoire » avec François Hollande. C’était jour de bouclage à Paris Match, la journaliste se trouvait dans le grand open space du septième étage quand elle a appris qu’au même moment, François Hollande était dans le sous-sol de l’immeuble, dans le studio photo du magazine, en train de poser aux côtés de Nicolas Sarkozy – pour une couverture qu’ils regretteront tous deux par la suite. Valérie Trierweiler s’offusque : personne ne l’avait prévenue. Un journaliste présent relate qu’elle est partie « folle de rage », bien décidée à élever assez la voix pour que tout le monde ait vent de sa colère.

Peu après, Alain Genestar demande à voir Valérie Trierweiler. « Il y avait une forte tension humaine, raconte-t-il aujourd’hui. Au début, elle était très fermée, puis elle m’a paru désarmée. Il n’y a pas eu de cris, contrairement à ce que j’ai pu lire çà et là. Au contraire, elle était émue, très émue. » Il veut dire qu’elle a pleuré.

Elle ne s’en est toujours pas remise. Il n’est que de voir comment elle parlait de tout cela il y a seulement quelques mois : « En 2005, on m’a dit “à vous de voir”. Ça a été très brutal. On ne m’a pas laissé de temps. J’ai convenu que je ne pouvais plus suivre le PS. C’était devenu compliqué. On m’a donné Villepin, pendant six mois, puis l’Europe. Puis, tout à coup, plus rien. Pendant deux ans. »

Deux ans pendant lesquels Ségolène Royal, elle, connaissait son heure de gloire. La journaliste fut au supplice, redoutant, primo, que sa rivale parvienne à « récupérer » François Hollande – on le verra plus
loin – et, secundo, qu’elle se fasse élire présidente de la République. « Si elle gagne, elle me laminera, rien ne l’arrêtera », s’alarmait Valérie Trierweiler devant ses confidentes.  Elle a vécu l’enfer. Au moins en pensées. Jamais elle ne pardonnera à Ségolène Royal de lui avoir fait si peur.

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Extrait de "Entre deux feux", Grasset (août 2012)

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